Ici

Chapitre 22

Nous avions rejoint la cuisine Hélène et moi, et papotions autour de l'ilot central.

Robin entra après avoir terminé ses tâches, prit un café sur la table et s'appuya négligemment sur un des meubles.

— Merci pour le petit-déj', dit-il à la médecin en désignant son gobelet.

— Tu diras merci à Jacinthe et à Ted, répondit-elle avec un haussement d'épaules, comme si ce n'était rien.

Robin ouvrit son bras gauche, et instinctivement, je fis un pas en arrière pour me caler à l'intérieur. Il posa sa main sur ma hanche, puis Hélène but une dernière gorgée de café et prit la parole.

— Je vais y aller, je dois passer au cabinet. On se retrouve ce soir chez Matt ?

— Oui ! répondis-je avec entrain.

Hélène regarda l'alpha avec un sourire alors qu'il grommelait dans son gobelet. Pour lui, ça n'était apparemment pas tout à fait acté, pensais-je avec amusement.

Elle se rhabilla et nous salua avant de retourner dans la neige.

J'ouvris le deuxième sac en papier et en sortis deux parts de gâteau aux noix. J'en tendis une à Robin, avant de m'attaquer à la mienne. Je gémis de plaisir à la première bouchée.

— Qu'a dit Hélène ? me demanda-t-il.

— Tu n'as pas entendu « super loup » ? le taquinai-je.

— Pas tout, la hache fait du bruit.

— Rien de particulier, elle m'a donné quelque chose à mettre sur mes bleus. Ils vont finir par disparaître.

— Bien, je n'aime pas te voir comme ça.

Il attrapa mon sweat pour me tirer vers lui. Une fois ma main posée sur son torse, je puis réunir mon courage pour ouvrir les hostilités.

— J'ai essayé de la questionner sur sa place dans la meute, mais elle m'a fait comprendre que tu ne m'avais pas encore tout dit.

— Non, tu apprendras au fur et à mesure. Il nous faudrait des jours pour que je te dise tout ce qu'il y a à savoir.

— Ça tombe bien, on a du temps devant nous, non ? essayai-je de le séduire avec un sourire.

— Hélène est beaucoup trop bavarde, soupira-t-il avec regrets. Que veux-tu savoir ?

— Quelle place a-t-elle dans la meute ? J'ai besoin de comprendre si je dois occuper la même.

— Avant d'aborder ça, il faut que je te parle du lien de meute.

Il prit ma main pour m'emmener vers le salon. Nous nous installâmes sur le canapé resté devant la cheminée depuis la veille, et je m'assis en tailleur sur le côté pour le regarder.

— C'est un lien qui n'existe qu'entre les gars et moi. Ça nous permet de « communiquer ». Lorsqu'on est sous forme humaine, on perçoit la présence des autres membres de la meute à travers ce lien, et certaines émotions. Par exemple, quand Samuel va entrer dans la vallée, je vais sentir qu'il est là, et je sais qu'il va laisser volontairement passer sa joie à travers le lien de meute, pour nous faire savoir qu'il est arrivé, et qu'il est heureux d'être rentré. On ne ressent pas tout, seulement ce qu'on autorise à diffuser dans le lien en général. En ce moment, c'est un peu plus compliqué, car les jeunes loups n'ont pas encore le contrôle, et je ne compte plus le nombre de fois où l'on se prend en pleine tête les émotions de James. Il a un nouveau jeu vidéo, et dès qu'il gagne, ça passe à travers le lien. Il nous épuise, avoua-t-il en souriant. Chaque loup maîtrise ce qu'il inclut dedans plus ou moins bien, lorsque les émotions sont trop fortes, il arrive que certains d'entre nous perdent un peu le contrôle. Par exemple, il est déjà arrivé que Jared nous transmette des sentiments par inadvertance. Matt quant à lui, n'a jamais laissé passer quelque chose involontairement. C'est vraiment propre à chacun de nous.