Chapitre 11

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J'avais passé une nuit atroce.

Je m'étais endormie en fin d'après-midi, et réveillée vers deux heures, le ventre vide. J'avais patiemment attendu l'heure du petit déjeuner en zappant sur les émissions nocturnes, entourée d'un océan de mouchoirs. Heureusement, mon mal de tête m'avait quitté.

Me regardant dans le miroir, je m'aperçus que de larges cernes bleutés se dessinaient sous mes yeux. Je pris une douche rapide et descendis prendre mon repas. Sur la chaise que j'occupais habituellement était posée une veste de ski rouge. Jacinthe me salua.

— Alexia, asseyez-vous, je vous apporte votre café. Cette veste est pour vous, elle appartenait à ma fille, mais elle a quitté Aston il y a longtemps, elle n'en a plus besoin. Elle sera bien plus chaude que la vôtre.

Je la remerciai sincèrement et lui promis de lui rentre à mon départ. Moi qui n'aimais pas particulièrement être remarquée, la couleur me faisait frémir. Néanmoins, je serais au chaud, et c'était tout ce qui m'importait dans ma situation.

Jacinthe avait également réussi à me procurer un plan plus ou moins détaillé des cascades. L'échelle n'est absolument pas respectée, et la carte très imprécise. Je savais déjà que j'allais avoir des difficultés à trouver mon chemin.

Mais il fallait vraiment que je me remette au travail si je voulais quitter cette vallée. Et le plus vite serait le mieux.

Malgré mon état, je décidai de me rendre sur un site assez proche de la route. Je ne me sentais pas la force de crapahuter dans la nature. Elle semblait loin d'Aston, perdue dans les montagnes, mais assez accessible.

Effectivement, je mis au moins une heure à arriver à destination. Une fois là-bas, je fus déçue, la cascade était minuscule. Je réussis à prendre en photo quelques oiseaux peu farouches qui se penchaient sur le mince filet d'eau pour boire sous un ciel couvert. J'étais cependant bien en hauteur, et la vue sur la vallée était prodigieuse. Je m'assis quelques instants pour la contempler. Tout au fond se distinguaient les quelques maisons que représentait Aston, et parsemées un peu partout entre les montagnes, quelques habitations isolées. Au milieu, la large rivière s'écoulait paisiblement.

Je ne pouvais que reconnaitre le courage des gens qui vivaient dans cette région. L'isolement, l'encaissement, la solitude, tout le monde n'était pas fait pour supporter ça. Mais je crois que d'un certain côté, cette région m'apaisait. C'était comme si rien ne pouvait franchir ces montagnes et m'atteindre. Être coupé de la société bourdonnante n'avait pas que des inconvénients. Ça donnait l'illusion d'oublier le reste, et de faire une croix sur le quotidien. Et respirer à plein poumon un air sain, quoique vif, avait quelque chose d'électrisant.

Brisant le silence, des branches craquèrent derrière moi : le vent commençait à se lever. Je ramassai rapidement mon matériel et retournai dans ma voiture. Le ciel s'était alourdi, un orage se préparait. Effectivement, après quelques kilomètres, la pluie s'abattit violemment sur mon pare-brise. Des gerbes d'eau dévalèrent la pente en même temps que mon 4X4. L'averse me forçait à rouler très lentement, ma visibilité était quasi nulle. La météo de la région était très changeante, et souvent inhospitalière apparemment. Je ne parvenais pas à retrouver la route que j'avais prise pour venir, les paysages paraissaient différents sous ce déluge.

Je décidai de m'arrêter sur le bas-côté pour trouver mon chemin sur la carte, ou à défaut, d'attendre la fin de l'orage.

Le tonnerre grondait au-dessus de ma tête, et le ciel, encombré de lourds nuages gris, semblait sur le point d'exploser.

Je n'arrivais pas déterminer ma position. Avec toute cette pluie, je ne reconnaissais pas l'intersection sur laquelle je m'étais trompée. Je relevais les yeux afin d'essayer d'apercevoir quelque chose dans le décor qui pourrait me donner un indice sur ma localisation. Il me sembla voir du gibier filer au fond des bois, difficile à dire vu ce temps. Visiblement, j'étais encore loin de toute civilisation. Je décidai de prendre mon mal en patience et d'attendre une accalmie.

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