Chapitre 31

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Je m'éveillai tard dans la soirée, le soleil était déjà couché.

Mon mal de tête s'était dissipé, et je me sentais plutôt bien, malgré les douleurs qui irradiaient dans chaque parcelle de mon corps.

À peine me redressai-je dans le lit que Robin entra dans la pièce avec un plateau dans les mains. Il s'était changé, toute trace de sang avait disparu, et il avait presque retrouvé son charisme habituel malgré son épuisement. Ses cheveux aussi noirs que l'ébène étaient encore humides. Les courbes de son torse que je devinai sous son t-shirt me firent légèrement perdre pied.

— J'ai été à l'Utopie prendre une douche, et je t'ai ramené de quoi manger. Tu dois être affamée.

Il déposa le plateau sur la chaise et s'assit sur le lit. Il attrapa ma main qu'il caressa nerveusement. La chaleur qui s'en dégageait me fit du bien, la pièce était fraîche. Le radiateur ne suffisait sans doute pas à compenser les températures négatives de l'extérieur.

— Alors, comment tu te sens ?

— Courbaturée et mon bras me lance un peu. Mais ça va, répondis-je d'une voix pâteuse.

— Bien. Mange, m'ordonna-t-il en déposant le plateau sur mes genoux.

J'obéis et attrapai un bout de pain que je croquai distraitement du bout des lèvres. Je n'avais pas vraiment de l'appétit en sachant que mon agresseur était toujours dans la nature.

— Ça fait combien de temps que tu n'as pas dormi ? le questionnai-je avec un regard accusateur.

Malgré son physique digne d'une égérie de parfums, ses traits étaient tirés. Et je n'avais pas besoin du lien de Reconnaissance pour sentir qu'il était exténué.

— Un moment. Mais j'ai des ressources, ne t'inquiète pas. Est-ce que tu te sens capable de rentrer à la maison ? Les aller-retour de la meute autour du cabinet commencent à attirer l'attention.

— Bien sûr ! jubilai-je.

Je détestais le monde médical qui me rappelait trop de mauvais souvenirs. Après l'accident, j'avais passé deux jours dans la salle d'attente du service de réanimation dans lequel ils avaient emmené Guillaume. Jusqu'au moment où un médecin était venu nous annoncer son décès.

— Hélène est d'accord si tu arrives à tenir debout. Mange, et on essayera. Autant mettre toutes les chances de notre côté.

J'avalai mon repas avec bien plus d'entrain en pensant déjà à la douche brûlante que j'allai prendre. Pendant ce temps, l'alpha me partagea les dernières nouvelles.

— Il y a en permanence deux loups près du centre-ville, et je vais en poster deux près de la maison si je ne suis pas là, pour te protéger. On ne peut plus se permettre de faire des rondes dans les montagnes. Il y a des milliers d'hectares à couvrir, et on n'est pas assez nombreux pour le chercher et protéger les habitants de la vallée.

Robin appliquait une tactique de défense. Il favorisait la protection des siens plutôt que de se disperser dans des recherches vaines.

— Tu penses qu'il est toujours dans les environs ?

— Non, la meute de Wyatt — celle la plus proche de la nôtre a repéré son odeur plus tôt dans la journée. Il leur a filé entre les doigts, mais il doit encore être dans leur secteur.

Au moins, nous aurions un peu de répit. Je me détendis légèrement. Elias allait-il venir vérifier qu'il avait bien réussi à me tuer ? J'espérai qu'il y ait une petite chance que non.

Alors que je terminai mon repas, Robin ôta le plateau de mes genoux et me tendit sa main.

— Prête ? me demanda-t-il en se levant.

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