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Chapitre 7

La première chose qui me frappa chez Jenny, c'était sa beauté. Grande, élancée, les pommettes hautes, elle aurait pu faire la couverture d'un magazine. Les lumières de la fête se reflétaient sur ses longs cheveux noirs qui lui arrivaient jusqu'en bas du dos. Sa ressemblance avec Robin était marquante.

Elle se redressa pour me regarder, et ses yeux pétillèrent.

— Salut, Alex, comment vas-tu ? Ça fait longtemps que tu es dans le coin ? Je ne t'avais encore jamais vue.

Elle était déjà assise près de moi. Elle paraissait aussi spontanée que son frère était réfléchi. Il était d'ailleurs mal à l'aise. Il s'agitait sur le banc, la présence de sa sœur le rendait nerveux.

— Quelques jours seulement, je viens d'arriver dans la vallée, je suis là pour faire des photos.

— Et tu as déjà eu la chance de faire la connaissance de mon merveilleux frère ! ajouta-t-elle en lui tapotant le bras. Tu penses rester longtemps ?

— Deux ou trois semaines, tout au plus.

Jenny était à l'inverse de ma personnalité. Aussi extravertie et sociable que j'étais réservée et solitaire. Elle faisait partie de ces gens qui savent vous entraîner dans leur euphorie, et sa jovialité me mit tout de suite à l'aise.

— Comment vous êtes-vous connus tous les deux ? reprit-elle avec entrain.

— Jenny, s'il te plaît, la supplia son frère.

— Robin, je ne fais qu'apprendre à connaître ton amie, lui dit-elle, la voix pleine de sous-entendus. Ça ne te dérange pas Alex ?

— Non, bien sûr que non, balbutiai-je. Je suis tombée en panne dans la vallée, Robin m'a aidé.

— Ça ne m'étonne pas de lui, il est tellement gentil !

Je commençais à voir où elle voulait en venir. Elle essayait de mettre son frère en avant. Il la fixait en lui jetant des regards noirs. La situation était hilarante, Jenny ne semblait pas s'apercevoir du malaise qu'elle provoquait. De temps en temps, il tournait la tête vers moi, guettant mes réponses, ou peut-être le moment où je m'enfuirais en courant. Je n'en fis rien, et elle en profita pour me poser tout en tas de questions sur moi. Elle s'émerveillait d'un rien, je ne souviens pas avoir rencontré un jour quelqu'un d'aussi pétillant. Je surpris le regard de Robin sur ma bouche, mais il se détourna rapidement alors que je replaçai nerveusement mes cheveux derrière mon oreille.

— Tu ne devrais pas être sur ton stand à essayer de récolter des fonds ? maugréa-t-il après un moment.

— Si. D'ailleurs, mon frère-adoré-que-j'aime-plus-que-tout, accepterais-tu de m'acheter des boîtes de chocolat ? Ils sont très bons, papa en a pris deux en début de semaine, et il n'y en a déjà plus ! C'est pour financer notre voyage à la mer. Dis oui s'il te plaît, si on a assez d'argent ils nous ont promis qu'on pourrait faire du surf !

— Oui, si ça peut te faire taire.

Elle ignora sa remarque et l'embrassa sur la joue.

— Génial, allons-y ! Alex, tu aimes le chocolat ?

Je ris de bon cœur et nous la suivîmes jusqu'à son stand.

Elle m'apprit qu'il n'y avait qu'une seule école dans la vallée, qui regroupait les élèves de tous les niveaux, de la maternelle au lycée. Elle avait hâte d'être à l'année prochaine, elle devait entrer en école d'art à Lacvil, la grande ville la plus proche d'Aston, à seulement deux heures de route d'ici.

Elle regrettait d'être aussi isolée. Elle adorait la mode, et à Aston, les possibilités d'assouvir sa passion étaient assez limitées. Robin et elle avaient une tante à Lacvil, la sœur de leur père. Elle allait parfois chez elle les week-ends pour profiter des atouts de la civilisation.