Tu n'es pas condamné. Tome 1: Obscurité

Chapitre 5: Les Agostino

Maître Meyer dit au revoir à son client.

- Surtout si tu as un quelconque problème, appelle-moi. Sort il depuis la vitre.

Anis hoche la tête de façon positive. Mme Agostino branche la clé et démarre. Cette femme est toujours à l'aise au volant. Aucun stress, aucune inquiétude. Ses amis disent qu'elle conduit comme un homme.

- Comment tu te sens? Demande t-elle détendue. Ça dû être vraiment difficile. Ajoute t- elle très aimable.

- Très. Se contente de dire anis.

Il n'a jamais été un grand bavard.

- Il y a environ un mois, shui tombé sur un article de la loupe (petit journal local). Il disait que ton avocat prévoyait de faire appel pour une réduction de peine. L'affaire Rihoum sera de nouveau réexaminer. Raconte Édouard.

Anis l'écoute attentivement.

- Il me l'a montré en me demandant si je me rappelais de toi. Et de ce fameux soir où tu as été placé en garde à vue; dans la même cellule que lui.
J'ai puisé deux secondes dans ma mémoire avant de m'en souvenir. Poursuit Mme Agostino. Et on a décidé de t'accueillir chez nous. Enfin pour quelques temps. Mon mari n'est pas très emballé à l'idée de recevoir un ancien détenu à la maison. Mais on veut que tu retrouves un peu de paix.

- Je vous suis reconnaissant. J'étais heureux de sortir mais je ne savais même pas où j'allais dormir.

Elle lui jette un coup d'œil en rajoutant :
- T'en fais pas. Tout ira bien.

Elle a cette voix si rassurante.

Mme Agostino monte ensuite le son à la radio. Elle mime quelques paroles de la chanson.
Plus que dix minutes avant d'arriver chez les Agostino.
Ils vivent dans le célèbre quartier recalé de la ville :Owendo
Les maisons y sont espacées et d'un haut standing.
On y aperçoit de beaux jardins et des belles terrasses. De quoi impressionner certains.
Mme Agostino klaxonne. Le gardien ouvre le portail. Il porte une culotte militaire et un tee-shirt gris.
Mme Agostino se gare près de la maisonnette du gardien. Elle arrête le moteur et attrape son sac noir.

Tout le monde descend.
Melissa la voisine d'à côté ;sirote un thé à la menthe sur sa terrasse. Elle les observe arriver.
- Déjà de retour la patronne ? Demande t-elle à Seychelle.
- Oui oui. Je passerai au boulot plus tard.
- Je ne l'ai jamais vu le gosse. C'est qui?

- Mon neveux. Il s'appelle Anis.

- Bonjour. Dit poliment anis.

- Bonjour. Répond t-elle en le détaillant méticuleusement.

Seychelle ouvre la porte et laisse entrer les garçons en premier.
- Toujours entrain de vouloir connaître la vie des gens cette melissa. Se plaint Seychelle en fermant la porte. Okay! Donc on est bien d'accord. Si on te demande, tu es mon neveux compris?

- Je ne veux pas que vous ayez à mentir pour moi madame.
- Ne soit pas si formel. Appelle moi Seychelle. Et ne t'en fais surtout pas. Ce n'est qu'un petit mensonge pour ne pas te faire rouer de questions.

- Vient. Je vais te montrer ta chambre. C'est celle des invités mais Rama l'a aménagé pour toi. Dit Édouard.
Anis suit ses pas.
- Qui est rama ?

- La femme de ménages et aussi la cuisinière.
La nouvelle chambre d'anis sent l'orange. Elle fait trois fois la taille l'ancienne.
Celle de son vieux quartier.

- Elle est belle cette chambre non? Regarde juste là. Je lui ai demandé de te mettre des rideaux à œillets.

- Je ne sais même ce que ça veut dire <<à œillets>> avoue anis.
Édouard rigole.
- Et je t'ai prêté mon iPad. Fait il en pointant son doigt droit sur la table. Comme j'ai fais réparer mon ordi il y'a deux semaines, je n'en aurais plus besoin.
Bon. J'imagine que tu dois avoir envie de te retrouver avec toi même et de ranger tes affaires. On se voit après pour le repas.

Édouard ferme la porte derrière lui.
Anis s'assoit un moment sur son grand lit. Il défait ensuite son sac et range ses quelques affaires.Tout au fond du sac se trouve une photo de Trina. Il ne savait même pas qu'il l'avait. Elle devait être dans le sac depuis longtemps. Dès son arrivée à la prison plus précisément.
Une fois ses affaires rangées, il s'assoupit sur son lit. Laissant par la suite place à un doux et lourd sommeil. Il n'avait pas aussi bien dormi depuis deux ans et six mois.
Deux heures plus tard. Le repas est prêt. Anis dort toujours. Édouard refuse d'interrompre son bon somme.

Anis la marmotte finit par se réveiller à 18heures. Il a pratiquement dormit toute la journée. Il sort de son terrier le visage encore endormie. Il voit une femme qui porte un plat de gratin dans la salle à manger. <<Ce doit être la fameuse rama>>.Pense t- il. Celle qui s'est donnée du mal pour apprêter ma chambre. Il la suit et découvre toute la famille. Seychelle,Édouard, Malaga, Heva et Bertrand Agostino.

- Ah! Anis tu t'es réveillé ! Enfin! S'exclame Seychelle ravis. J'avais hâte de te présenter à toute la famille. Approche. Ordonne t-elle.
Anis obéit.
- Je vous ai tous prévenu qu'on allait héberger quelqu'un quelques temps. Et bien c'est lui. Anis. Anis voici Malaga ma fille benjamine. Heva la soeur de mon mari et Bertrand mon époux.
- Enchanté. Réplique Heva en tendant sa main.
Anis lui répond aussitôt.
- Moi c'est Malaga. J'ai un prénom original tu trouves pas ? Demande la gamine de quinze ans.
- Si si. Acquiesce anis.
Seychelle l'invite à s'asseoir près d'Edouard.
Anis se racle la gorge avant de dire:
- Mr Agostino...Je suis ravis de vous rencontrer en personne. J'ai lu l'article qui vous a été dédié il y a un an dans le journal. Je suis admiratif de votre travail et de tout ce que vous faites pour l'amélioration du domaine pharmaceutique au Gabon. Vous...vous êtes un homme influent.

Bertrand le fixe avant de prendre une bouchée de son riz de légumes. C'est un homme assez dur et peu laxiste.

- Est- Ce que tu essaies de me caresser dans le sens du poil? Pour quémander un peu de ma compassion?
- Chéri...Fait Seychelle embarrassée.

- Non Mr. Je vous témoignais simplement mon admiration. J'ai toujours été inspiré par les personnes qui apportent leur pierre à l'édifice.

Tout les autres les suivent du regard.

- Avec ton passé de détenu c'est dur à croire. Crache méchamment Bertrand.

- Il était en prison? Questionne Malaga surprise. Tu étais en prison ? Pose t-elle encore au concerné.

- Tait toi Malaga. Ordonne Heva.

- Ne vous inquiétez pas. Ma vie n'est pas fichue. Je vais repartir de zéro et réaliser mon objectif.

- Lequel? Interroge Bertrand curieux.

- Avoir ma propre maison d'édition.

Ils sont tous surpris.

- Une maison d'édition? Tu pourrais faire mieux non? Pense Édouard. Le monde de la littérature et du livre ne rapportent pas beaucoup.

- Tu te trompes. Rétorque Seychelle. Ça permet d'avoir un bon niveau de vie tout au moins. Surtout si tu écris des best-sellers. Je trouve ça très bien Anis.

- Tu oses dire que son rêve n'est pas assez grand ? Demande Bertrand à son fils. Lui au moins il en a un. Et toi? Tu as repris ton année et tu ne sais même pas ce que tu veux faire.
Chéri...Dînons sans nous disputer. Cela rendra le repas moins agréable. Dit Seychelle toujours pacifique.