Chapitre 2: La garde à vue

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- Je vous le redemande gamin...Racontez moi ce qui s'est passé. Et pour votre bien, Cessez de prendre ce ton hautain.

Anis lance soupire.

- Vous n'avez pas idée de ce que ça fait.
- Pardon? Fit l'officier Akanga.

- Vous n'avez aucune idée de ce que ça fait! De voir sa mère se faire passer à tabat; jours après jours. Années après années. J'ai été témoins de ces abus depuis que j'ai sept ans. Cette fois, c'était la fois de trop! Si je ne faisais rien, c'était ma mère qui allait mourir. Il allait l'achever. Vous comprenez ? Il allait tuer la seule chose la plus précieuse de ma vie.

L'officier le regarde légèrement attendrit par son discours.

- Alors? Vous l'avez tué pour sauver votre mère?

- Je n'ai pas eu le choix.

Un silence s'imposa entre les deux hommes.

- Bien. On reprendra plus tard. Je vais essayer d'avoir des nouvelles de votre mère.
Anis est aussitôt transféré dans une cellule. Celle où le gosse de riche se trouve. Ce dernier fixe anis d'un air curieux.
- C'est vrai ce qu'ils disent ? T'as tué ton beau-père ? Demande t-il ne passant pas par Quatre Chemins.

Anis ne répond pas.

- Je ne te juge pas. J'veux juste connaître ta version. Moi c'est Édouard. Mais tu peux m'appeler Edy ou Ed.
- Écoute, toi dans dix minutes tu sortiras. Et moi, je vais certainement aller en tôle. J'me fiche de ton prénom. Clairement.

Edy le regarde encore. Il n'est même pas un tout petit peu vexé. Il sourit.

- Quand je te regarde. J'ai dû mal à croire que tu aies tué quelqu'un. Tu devais avoir des raisons valables. Ajoute t-il.
- Il n'y a pas de raison valable pour tuer quelqu'un. J'ai juste défendu ma mère. Sans me soucier des conséquences.
- J'ai déjà saisi. T'es vachement courageux pour avoir fait ça. Ça te parait contradictoire mais...il faut avoir du courage pour défendre ceux qu'on aime.
Soudain, une dame habillée en noir apparaît. Son tailleur lui va à ravir. Elle a quelques cheveux blancs. Pourtant, elle a l'air encore jeune. La trentaine pour tout dire.

- Bonsoir messieurs. Je viens chercher mon fils. Édouard Agostino.

Édouard se lève.

- Et toi? Pourquoi t'étais là ? Demande Anis.
- Conduite en état d'ivresse et excès de vitesse.
La dame est entrain de régler la caution.
- Tu ne donnes pas l'impression d'être ivre.
- Ça fait deux heures que je suis là. J'ai eu le temps de dessoûler un peu. Fit il avec sourire.
Un subordonné s'approche pour le libérer.
Edy enlève sa jacket blanche et le donne à Anis.
- Je ne peux pas faire grand chose pour toi. Mais je t'offre ça. En souvenir d'un ami de cellule d'un soir.
Anis prend la jacket. Le regardant se faire sermonner par sa mère.
Un ami de cellule d'un soir.

- Rihoum! S'exclame l'officier Akanga.
Il avance vers la cellule.

- Vous avez des nouvelles de ma mère? Demande le gosse.

Édouard se stoppe. Curieux lui aussi de savoir comment va trina.

- Oui. Je suis navré...mais...elle n'a pas survécu. Votre mère vient de décédée. Il y a de cela quelques minutes.
Anis est dévasté. Ses yeux se remplissent de larmes. Maintenant, plus rien n'a d'importance. Il s'effondre de désespoir.

- On y va. Ordonne Mme Agostino à son fils.
Elle même semble avoir pitié d'Anis.

- On y va. Répète t-elle à Édouard.

Ils quittent le commissariat.
Un silence lourd règne dans la voiture.

- Tu es bien silencieux depuis qu'on a quitté le commissariat. Débute Mme Agostino au volant.
Tu sais pourquoi il était là bas? Le gamin...Ajoute t-elle.

Un son de Gabriel Fauré passe à la radio. <<Classic radio>>.
- Il a tué son beau-père pour sauver sa mère. Il la tabassait.
- Ah! Fit elle ne sachant pas comment réagir.
Édouard soupire.

- Il a défendu sa mère peu importe ce qui lui en coûtait. Et maintenant...il est tout seul. Après avoir fait tout ça, il se retrouve tout seul. La vie est vraiment injuste. Dit il compatissant.
Mme Agostino regarde son fils un peu surprise.
- Je ne t'ai jamais entendu parler comme ça. On dirait que son histoire t'a touché.
- Oui. Je crois qu'il m'a fait réaliser que la vie est dure. La vie est dure.
Elle écoute son fils parler.

- Ce soir, je pense que je suis reconnaissant que tu sois encore là. Même si c'est pour me sermonner. Dit il à sa mère.
Deux semaines plus tard.
Les funérailles sont terminées. Anis sera jugé dans quelques jours. L'affaire n'a pas traîné.
Le procès arrive enfin. Tribunal pour mineurs. La salle n'est pas très grande. Mais elle n'est pas petite non plus. La première juge entre dans sa toge noir. Puis arrive la deuxième ainsi; que le troisième.
L'avocat par défaut d'anis n'est pas très compétent. Il a déjà perdu deux affaires avant celle là. Il espère pouvoir réussir celle ci afin de sauver sa réputation. Difficile lorsque tout accuse anis. Y compris lui même rongé par l'amertume. Il n'attend même pas grand chose de la plaidoirie de son avocat. Anis s'est résigné à purger sa peine de prison. Le verdict sera donné dans quelques quelques minutes.
Les juges se prononcent. Anis est reconnu coupable d'homicide involontaire. La sentence est de trois ans de prison avec sursis. Le gamin ne laisse apparaître aucune expression sur son visage. Il est aussitôt transféré à la prison centrale de Libreville.Les couloirs de ce lieu sont si funestes et délabrés. Une odeur d'égouts flotte dans les airs. Les détenus acclament déjà le nouveau venu. Cellule 602. Quatre compagnons de chambre. Un retraité cleptomane, un toxico et deux violeurs.
- Hey! Moris! Voilà un petit nouveau. On le case ici. Crache le gardien.
Ses nouveaux compagnons le regardent tous.
- On a un mineur là. Franchement il n'a pas la tête d'un bandit. Sort le retraité.
- Alors? Tu as fait quoi ? Pose l'un des violeurs.
Anis pose le peu d'affaire qu'il a en ignorant la question.
- Hey! Il t'a posé une question non? Fait le toxico.
- J'aime pas ses airs. Il fait l'arrogant. Tu te crois où ? Réplique le deuxième violeur.
- Vous en dite quoi ? On le montre comment ça marche? Rajoute le toxico.
Il commence par froisser Anis. Puis lui donne un coup de poing dans le ventre. Et les autres le suivent.
- Alors? Ça fait toujours le gros dur? Dit nous ce que t'as fait!!!
Ils continuent de le frapper.
- Parle!!!
-J'ai tué mon beau-père!
Ils arrêtent enfin de le torturer.
- Tu es plus dangereux que ce l'on pensait. Affirme le toxico en rigolant. Mais ici...Ceux sont les grands qui font la loi. Tu vas devoir suivre. Sinon...on te corrige. Considère cette petite baston comme un cadeau de bienvenue. Ils continuent de lui donner des coups. Anis les laisse faire comme si la douleur était devenue la normalité.

Tu n'es pas condamné. Tome 1: Obscurité Où les histoires vivent. Découvrez maintenant