TAYLOR ADDISON - L'éveil du papillon [Tome 1]

CHAPITRE 7

— Je ne suis pas certaine de comprendre.

Installée sur le vieux fauteuil en cuir marron, je m'efforce de comprendre ce que m'explique Benny. Il semble le plus soucieux du trio ce qui n'est pas pour me déplaire. Rachel est bien trop autoritaire tandis que Chris ne parle pas suffisamment pour que je parvienne à le déchiffrer. Je tremble en croisant le regard sombre de la meneuse. Pourquoi est-elle aussi agressive envers moi ? Aurais-je fait quelque chose de mal ?

— Ce n'est pourtant pas difficile à comprendre, siffle-t-elle.

Benny pousse un soupir, exaspéré par le comportement de son amie. Il me lance un regard soucieux puis croise les jambes afin d'avoir une meilleure position. Je tente de me faire la plus petite possible malheureusement ma simple présence agace Rachel.

— La situation est bien plus complexe que tu ne le penses, Taylor.

— Pourquoi tourner autour du pot ? ajoute Chris.

Rachel saute dans le canapé puis observe son acolyte avec amusement. N'est-elle pas supposée être à la tête de ce groupe ? Ne devrait-elle pas elle-même m'expliquer ce qui est en train d'arriver ? Je devrais probablement prendre la fuite pour m'éloigner au plus vite de ces cinglés, mais mon instinct me souffle de rester et d'écouter. La théorie de la mauvaise blague serait la chose la plus logique, mais comment puis-je effacer ce qui est arrivée ?

— C'est quoi un Gardien ? demandé-je finalement.

Benny décroise une seconde fois les jambes.

— C'est ce que nous sommes. Les Gardiens peuplent cette planète depuis des siècles afin de veiller sur les humains et apporter du bonheur sur la Terre. C'était notre principale mission avant que toutes ces catastrophes apparaissent.

Je fronce les sourcils.

— Nous étions bien plus nombreux à une époque malheureusement depuis quelques années maintenant, nous sommes traqués comme des animaux dans le but de créer des créatures abominables.

— Les Abominations ?

Rachel est certaine que j'appartiens à cette catégorie.

Il hoche la tête.

— Nous ne savons pas vraiment d'où ils viennent, mais ils représentent un danger pour notre communauté ainsi que celle des humains. Beaucoup ont perdu la vie en les combattant et malheureusement ils deviennent de plus en plus fort.

— Est-ce que ce garçon était une Abomination ?

— Il avait peut-être l'apparence d'un collégien tout à fait ordinaire, mais la seule chose à laquelle il pensait était de traquer nous traquer. Notre magie est un repas délicieux pour eux et les aide à devenir plus puissant.

J'ouvre la bouche au mot magie.

— Comment ça magie ?

— Chaque Gardien possède un pouvoir accordé par un Veilleur possédant la forme d'un animal. Ce sont des créatures mystiques peuplant la terre depuis toujours. Le don est différent selon la personne bien évidemment.

Benny marque une pause lançant un regard à Rachel.

— Généralement le don du Veilleur se transmet de génération en génération, ajoute-t-elle.

— Il est tout à fait possible que plusieurs Gardiens possèdent le même animal, mais celui-ci aura toujours une couleur différente. Cela reste cependant des couleurs terrestres afin que les Veilleurs puissent apparaître en toute sécurité aux yeux des Humains.

Je passe une main tremblante sur mon visage essayant de mieux comprendre l'histoire. Les Gardiens posséderaient donc des pouvoirs magiques uniquement pour veiller sur les Humains accordé par un animal. J'ai beaucoup de mal à croire à une histoire aussi absurde malgré mes efforts pour y parvenir. La magie n'existe pas, ce n'est qu'une chose à laquelle nous croyons lors de notre enfance.

— Le papillon violet appartient à la famille Addison.

— Appartenait tu veux dire ? ajoute Chris.

Benny fronce les sourcils.

— Arrête un peu de m'interrompre !

— Grouille-toi dans ce cas, tu es vraiment trop lent.

Je me tortille dans le fauteuil mal à l'aise.

— Les Addison possédait le pouvoir du papillon violet malheureusement celui-ci n'existe plus depuis une centaine d'années. Tu es la première que nous rencontrons et c'est la raison pour laquelle nous sommes aussi suspect à ton sujet.

— Je ne suis pas comme vous.

— La vérité est difficile je le comprends bien, mais c'est la vérité. Nous sommes en mesure de t'apprendre à utiliser tes dons et partir en quête des Abominations. Je comprendrais que tu aies besoin de temps, mais chaque nouveau Gardien est une bénédiction.

Je ne lui laisse pas le temps d'ajouter un mot de plus et me lève rapidement. J'attrape mon portable ainsi que mon sac puis débute une course folle. Mon coeur bat la chamade et la peur gèle mes entrailles. J'ignore comment je suis parvenue à retrouver mon chemin avec toutes ces pensées tourbillonnant dans mon esprit. Ces lycéens ont un grave problème mentale et il serait sage pour eux d'aller consulter un spécialiste.

Lorsque je retrouve les bonnes vieilles rues habituelles, je me sens de nouveau moi-même. Ce n'était qu'une simple blague organisée par des malades. Je suis idiote d'être sagement restée assise et écouter une histoire à dormir debout. Je marche rapidement tout en regardant derrière moi afin de guetter le trio. Heureusement, je semble hors de danger. Je poursuis donc ma marche rapide jusque chez moi.

***

Mon père est hors de lui lorsque je franchis le seuil de la maison. Les sourcils froncés et les bras croisés, c'est le signe que mon paternel est sur le point de me répéter les dangers représentant la nuit. Je me contente d'écouter n'ayant aucune motivation à me défendre. Que pourrais-je lui dire de toute façon ? Il ne croirait pas à une histoire aussi tordue que celle-ci.

Je regagne ma chambre la mine sombre puis m'enferme à double tours. Je reste un long moment assise dans mon lit fixant les étoiles accrochées au plafond. Cette journée était incroyablement étrange. Est-ce que ces lycéens tenteront de m'approcher une nouvelle fois ? Il est préférable que je les évite pendant un certain moment. Je ne peux pas expliquer ce qui s'est produit tout à l'heure, mais je suis presque certaine que c'était l'œuvre de mon imagination.

Je prétexte être malade à l'heure du repas ce qui est une excuse parfaite pour ne pas aller en cours demain. J'enfile rapidement un pyjama abandonnant mes vêtements de la journée sur le sol puis m'avance vers la fenêtre. Deux étincelles rubis brillent dans l'obscurité, mais je secoue la tête effaçant une fois de plus cette hallucination de mon esprit. Pour la première fois depuis des semaines, je ne reste pas plantée devant la fenêtre à guetter un monstre imaginaire, mais m'allonge directement dans mon lit.

20/11/2020