TAYLOR ADDISON - L'éveil du papillon [Tome 1]

CHAPITRE 11

— Comment s'est passé ta journée ?

Je dépose de la salade dans mon assiette tout en réfléchissant à ce que je pourrais dire. Impossible d'avouer à mes parents ce qui m'est arrivée aujourd'hui, cela irait à l'encontre des règles imposées par les autres.

— Bien dans l'ensemble, mais une personne s'est amusée à tirer sur l'alarme incendie ce qui n'était pas prévu.

— Un manque sérieux de maturité selon moi, ajoute mon père.

Je hoche la tête sans prononcer le moindre mot. J'ignore qui est responsable de l'alarme incendie, mais il m'a permise d'aider les Gardiens en difficulté. Impossible que cela soit eux, ils étaient en plein combat. C'est peut-être simplement un hasard, mais je n'en suis pas certaine.

— Tu as réussi à te faire quelques amis ?

Je hoche la tête en me souvenant de la déléguée de classe. C'est évidemment un mensonge, mais c'est préférable que je donne un véritable nom.

— Maddie est présidente des élèves de Terminale, elle est vraiment gentille. Nous avons quelques cours en commun.

— C'est une très bonne nouvelle, la solitude n'est pas une solution. Tu retrouves un peu de joie de vivre c'est bon signe.

Ils croiront probablement à un miracle produit par les spécialistes ou Maddie, mais c'est juste de la comédie. Mais une détermination dont je n'avais pas conscience s'est réveillée en moi lorsque j'ai vu le portrait de Juliette accrochée sur ce tableau. Elle n'est peut-être pas totalement perdue, il y a peut-être une solution de lui sauver la vie.

— Je n'ai plus faim, est-ce que je peux monter me coucher ?

— Tu n'es pas malade au moins ?

Je secoue la tête en souriant.

— Non absolument pas, je suis vraiment épuisée. Bonne nuit à demain.

Mon père dépose un baiser sur mon front tandis que ma mère me serre contre elle. Je monte dans ma chambre puis ferme la porte à clé. Ils doivent absolument croire que je suis profondément endormie et non en vadrouille.

Je m'approche de mon armoire afin d'enfiler une tenue plus sombre et me plonger dans la nuit en toute discrétion. Je ne perds pas une seconde et retire mon pull blanc pour mettre le noir parfaitement adapté à cette sortie nocturne. J'attache mes cheveux en une jolie tresse puis ouvre la fenêtre de ma chambre. Heureusement, j'ai pensé à préparer l'échelle en rentrant des cours. Celle-ci est adossée contre notre maison. J'espère être suffisamment discrète.

Je m'allonge dans mon lit puis guette mes parents. Ils ne tarderont pas à se coucher et ne ressortiront plus de la chambre avant demain matin. Une heure s'écoule puis deux sans que le moindre bruit ne vienne rompre ce réconfortant silence. J'entends mon coeur battre furieusement dans ma poitrine.

Vers vingt-deux heures trente, mes parents partent dormir. Je profite de l'occasion pour enfiler mes chaussures ainsi qu'une veste noire pour me protéger du froid. J'ouvre ma fenêtre puis passe une jambe par-dessus. Un sourire aux lèvres, je parviens à poser mon pied sur l'échelle dangereusement instable. Je coince ma fenêtre avec un foulard afin de rentrer facilement en toute discrétion.

Je descends l'échelle avec difficulté, mais c'est une première mission accomplie. Je regrette de mentir à mes parents, mais c'est l'unique solution pour les préserver de ce monde dangereux et obscur.

— Bravo tu as réussi à t'enfuir.

Chris tapote dans les mains puis me demande de monter dans la voiture. D'après Benny, la meilleure façon de m'apprendre les notions de Gardienne, c'est être sur le terrain. La boule au ventre ne me quitte pas, mais je tente d'y faire face dignement. Nous roulons une quinzaine de minutes avant de nous arrêter dans le centre-ville. Enfreindre les règles de mes parents est une nouveauté, je me suis toujours montrée calme et obéissante. J'espère que cette double-vie ne sera jamais découverte. Ce n'est que temporaire, le temps de retrouver Juliette et la ramener auprès de sa famille morte d'inquiétude.