Chapitre 35 : Un jour...

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-Grâce à mon prestigieux titre ; continue fièrement Mina en avançant d'un pas décidé ; j'ai droit à un laisser-passer sur tout le continent de Coulemise. Certes, je ne l'utilise pas souvent mais quand même, avouez que c'est pratique !

Cela doit bientôt faire un bon quart d'heure que Mina fait l'éloge des pouvoirs que lui octroie son titre de princesse, et cela doit bientôt faire un bon quart d'heure qu'Amé note certainement ses dires (je l'espère, du moins), que Liz lui demande plus amples explications, que Kelly me chuchote qu'elle va commettre un suicide à ce train-là, et que Raphaël ne cesse de bailler de plus en plus. Théo, lui, semble perdu dans ses pensées en la suivant et ne réagissant pas particulièrement aux câlineries de Liz d'un côté, et de Mina, de l'autre, pendant que je m'amuse de la situation générale.

Je ne trouve pas particulièrement désagréable le fait que Mina se vante de ses avantages face à nous, prolétaires et extraterrestre. Tiens ? C'est vrai que pour cette planète je suis une sorte d'extraterrestre, de visiteur. Eh bien, ils ont perdu en crédibilité les aliens !

-C'est sûr... ; souffle Raphaël en train de s'endormir. Sinon, il se trouve où ton « hôtel super classe à vous décrocher la mâchoire » ?

-On y arrive, plus que... Cinq minutes de marches et on devrait l'apercevoir !

-Super... ; soupire-t-il en fermant les yeux un instant.

-Vous n'êtes jamais content ! Je vous amène dans un hôtel pour vous reposer ; enfin qu'on se repose ; et vous, vous râlez !

-Arrête de geindre ou je me suicide pour de bon ! s'exclame brusquement Kelly, semblant ne plus être patiente.

-Fais-toi plaisir, ce n'est pas comme si tu étais utile ; rétorque Mina d'un geste de la main.

-Je suis certainement plus utile que toi ; la remballe Kelly d'un air rempli de sous-entendu.

-Pardon ?!

Mina est prête à électrocuter Kelly sur place, mais Amé sort enfin le nez de son carnet, en les foudroyant du regard, d'une foudre certainement plus violente que celle de Mina.

-On se calme ! Personne n'est en droit de juger de qui est utile ou non, et ce, peu importe son physique, son sexe, ses capacités, ou bien sa classe sociale. Je vous prie donc de vous excuser ; déclare-t-elle d'une voix calme et posé.

C'est surprenant de voir qu'Amé a levé la voix, ça la rend encore plus imposante que lorsqu'elle parle normalement, c'est-à-dire doucement. Dans tous les cas, son intervention est très utile puisqu'elle évite à Kelly et Mina de s'étriper ; au lieu d'agir ainsi, elles préfèrent se toiser du regard, s'excuser chacune leur tour. Mais elles reviennent à leurs emplacements initiales ou presque : coller contre Raphaël cette fois pour Mina, à côté de moi pour Kelly.

-Désolée de m'être emportée... ; marmonne-t-elle, les yeux baissés.

-Le principal, c'est que vous soyez honnêtes et que vous reconnaissiez vos torts.

Elle s'attarde alors pour m'observer et je pense qu'elle tente de lire en moi, je ne sais pas, une simple impression. Mais que cherche-t-elle à la fin ?

-Les gens ; nous interpelle Mina ; vous êtes arrivé à destination.

-Pas mal... ; lâche Théo dans un souffle. Pas mal du tout !

Face à nous se trouve une large allée de dalles blanches, bordée d'arbres pendant fleurissant ayant laissé tomber leurs feuilles sur les dites-dalles. Au bout de cette allée se trouve un grand hôtel à l'allure de château de conte de fées surplombant un grand bassin d'où jaillissent bon nombres de geyser, à un rythme soigné. Bien que l'hôtel paraisse immense vue de façade, il ne semble pas détruire la forêt. D'ailleurs, comment ils ont pu faire un hôtel pareil au beau milieu de nulle part ?

FilaniOù les histoires vivent. Découvrez maintenant