Chapitre 40 : Explosion ténébreuse.

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-Aurélien... !

Kelly pose doucement sa main sur mon dos vouté, je vois de l'autre côté Mina accroupie, elle aussi. Je ravale mes larmes et me lève tant bien que mal.

Je ne sais pas comment ils sont sortis de ces sphères, je leur demanderai plus tard, et puis... Je dois bien avouer ne pas trop m'en préoccuper, je suis heureux qu'ils soient de retour. Leur présence m'est réconfortante. Et j'ai bien besoin de réconfort là, maintenant.

-... J'ai vu ma mère dans un sale état et j'ai...j'ai...

Ma voix se perd malgré tous les efforts que je fais pour la maintenir droite. Une larme réussit tout de même à s'échapper.

-Merci d'être resté ; me sourit Kelly en me serrant légèrement dans ses bras.

Je détourne les yeux lorsqu'elle cesse de m'étreindre, et je marmonne :

-C'est normal...

-Personnellement, je ne crois pas que j'aurais eu la même réaction... ; souffle Mina en baissant la tête.

-Bon ! C'est pas tout mais il est peut-être temps de passer à l'attaque ? Lance soudainement Liz en désignant l'homme alchimiste.

Je me redresse, et me lève en ayant l'impression d'avoir pris vingt kilos en plus.

-OK, mais on ne l'assassine pas, compris ? précisé-je en la regardant.

Déjà qu'il n'a pas l'air de tenir à la vie...

-Voyons, pour qui nous prends-tu ? sourit Amé légèrement.

Tiens, leurs apparences ont toutes changé ?

Liz n'est plus blonde, elle est rose maintenant, et puis ses cheveux sont maintenus en une queue de cheval. Sans compter qu'elle a des sortes de feuilles de platanes qui sortent de ses omoplates, sans doute en guise d'aile. Je me demande si ça lui a fait mal...

Mina a les cheveux un peu plus longs, et ses deux longues mèches ont formés une petite couronne, ces même mèches sont de couleurs blanches, différents de sa blondeur. Elle a une sorte d'éclair sur l'épaule gauche.

Fiona a deux couettes hautes bouclées, avec des barrettes en forme de crâne d'humains, et des écailles sur les bras.

C'est fou de voir à quel point la forme d'un joyau peu différencier d'un membre à l'autre... Je me demande d'ailleurs pourquoi, comme Mina, je n'ai le droit qu'à un changement capillaire. Juste des cheveux plus clairs. Et à un tatouage d'un cercle sur l'épaule droite aussi.

Kelly a obtenu sur les omoplates le tatouage d'un oiseau rouge, d'où les ailes se répandent sur ses épaules. Ses cheveux sont relâchés (ce que je préfère à son palmier), et elle a des mèches carmin.

Raphaël a lui aussi des sortes d'ailes, mais elle semble constamment en mouvement, elles paraissent d'eau. Il a les cheveux et les yeux bleus ciel. Ça lui donne un drôle d'air. Sans compter la petite goutte discrète qu'il a sous l'œil droit.

Pour finir, Théo a la pointe des cheveux verts, et ses yeux semblent être devenus gris. Il a un tatouage de plume sur le cou.

Je suppose que c'est l'apparence officielle des Joyaux. On est les Joyaux d'Armitas. Je ne sais pas s'ils se sentent différent, mais moi, j'ai l'impression d'être entouré d'une chaleur très agréable.

Théo part le premier suivit de près par Raphaël, le premier envoie à l'alchimiste une rafale de vent, le second un puissant jet d'eau. L'alchimiste réplique en envoyant un drôle de liquide vers leurs attaques. Dès que ce mélange se percute, un bouclier verdâtre apparaît.

-Ah... Même faire cela est épuisant... ; ronchonne-t-il en soufflant bruyamment.

-Alors abandonne ! lance Kelly en même temps qu'une grosse boule de feu, enveloppée par la foudre de Mina.

-Cela fait bien longtemps que j'ai abandonné ; dit-il en balayant la flamme du revers de l'une de ses mains gantée.

-Peuh ! C'était que l'échauffement !

-J'espère bien.

Amé s'accroupit à côté de moi et je peux voir le sol s'obscurcir dès qu'elle pose les mains dessus. Un chemin marron se trace jusqu'à l'ennemi. Il commence à baisser la tête, mais je l'aveugle avec l'une de mes sphères lumineuses. On l'entend à nouveau soupirer bruyamment, et on le voit ligoter par des ronces, Made By Liz.

-Du...poison ?

-C'est juste un puissant somnifère.

-Par pitié, faites mieux que ça ! s'agace-t-il.

Les racines se cassent d'un coup tandis qu'il se redresse en prenant son temps. Le somnifère ne doit pas être si puissant, ou alors il n'a pas eu le temps de faire effet.

Il va peut-être falloir le prendre au sérieux, en fin de compte. Surtout que même si on n'est au top de notre forme, on ne maîtrise pas toutes nos capacités.

-Mes... Mes chéris... ; pleurniche Liz en soulevant l'une de ses racines.

Il nous regarde d'un air dédaigneux avant de pousser l'un de ses fameux soupires. J'ai presque l'impression qu'on le déçoit.

-C'est « ça » les Joyaux.... ? Arrêtez par de vulgaires calculs ? Quel déception, même ma mort, je vais devoir la faire tout seul !

-Des calculs ? s'étonne Raphaël, en lançant pleins de piques de glaces, détruit par des sphères créé par un produit foncé.

-Ne nous méprises pas ! grogne Kelly, envoyant à son tour un jet de flamme, facilement dissipée par un produit transparent, ça ne me surprendrait pas de savoir que c'est de l'eau.

Il recule jusqu'au bourgeon, où il pose l'une de ses mains.

-Croyez-vous vraiment que ça n'aurait pas déjà explosé depuis six ans ?

Ca fait six ans que ce truc existe et personne n'a jamais rien fait ? Quel est le sens des priorités des divinités de ce monde ? Ou même des autres habitants ?

-Le matheux a remarqué mes malheurs ; il est bien le seul d'ailleurs ; et il m'a filé un don bien utile pour mes mélanges... Mais fort inutile pour redonner la vie ! explique-t-il en serrant un peu les poings.

-La résurrection n'est que possible par l'accord des divinités de la Vie et de la Mort ; commente Amé en le fixant. Pensiez-vous qu'un simple badaud tel que vous puisse ramener à la vie quelqu'un ? C'est assez présomptueux de votre part.

Badaud pour le qualifier... Je n'irai pas jusque-là.

Sorti de sol, Amé manque de se faire embrocher par un nouveau liquide se changeant en racine peu à peu, un bouclier l'a protégé juste à temps.

-Merci, Aurélien.

-Je t'en prie...Mais évite... ce genre de remarque.

Elle lève les yeux au ciel.

-Parfait, il ne manquait plus qu'on ait pitié de moi ; râle l'alchimiste.

C'est à ce moment-là qu'une drôle d'odeur ignoble fait son apparition. J'ai jamais senti l'odeur de la chair moisissant, mais là, je serai prêt à parier que c'en est très proche.

-Là voilà... Ma belle fin...

Un liquide tombe du bout du bourgeon, qui se met à tourner peu à peu, jusqu'à finalement s'ouvrir faisant se décaler l'homme. Un liquide épais sort lentement et trace son chemin sur la terre, jusqu'à le trouver. Dès qu'il est atteint, une expression de souffrance déforme son visage. Mais il ne s'enfuit pas, il ne hurle pas. Il se laisse engloutir. Comme le sol et la nature se faisant progressivement dévoré, il se laisse tomber, décomposé, tandis que sa fin l'ignore, continuant sa route.

FilaniOù les histoires vivent. Découvrez maintenant