Sages conseils

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Italique = langage elfique
Normal = langage commun

Arafinwë s'était enfuie depuis une dizaine de minutes lorsque le seigneur d'Imladris revint dans son bureau

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Arafinwë s'était enfuie depuis une dizaine de minutes lorsque le seigneur d'Imladris revint dans son bureau. Il y retrouva Evranï, terrassée par les larmes et la tristesse, prostrée sur elle-même. Le brun eut un pincement au cœur lorsqu'il posa son attention sur son amie. De toute évidence, sa discussion avec la jeune Arafinwë ne s'était pas déroulée comme elle l'aurait souhaitée.
Doucement, il approcha de l'elfe sinda et posa sa main sur l'épaule de cette dernière en un geste qui se voulait réconfortant.

- Laissez-lui le temps d'assimiler toutes ces informations, conseilla-t-il alors.

La blonde releva un instant le regard sur son ami avant de fermer douloureusement les yeux. Sa fille la détestait, elle l'avait lu dans ses yeux.

- Elle me déteste, constata l'elfe grise. Et elle a toutes les raisons de m'en vouloir.

Alors Elrond s'accroupit face à l'elfe blonde, attrapant ses mains entre les siennes.

- Elle ne vous déteste pas Evranï, répondit-il. Vous l'avez élevé seule, et vous êtes ainsi l'unique personne à laquelle elle peut se rattacher. Laissez-lui le temps pour qu'elle prenne conscience des difficultés auxquelles vous avez dû faire face. Elle reviendra vers vous d'elle-même, Mellon nin.

Evranï plongea ses yeux émeraudes dans ses homologues avant de soupirer. Elle espérait au plus profond de son âme qu'Elrond avait raison.

- Je pris les valar que vous ayez raison, implora-t-elle avant de lui offrir un sourire qui se voulait convaincant.
- Ayez confiance, ajouta Elrond avant de se relever. Peut-être devriez-vous vous reposer. Vous avez vécu des événements riches en émotions, nul doute que vous soyez épuisée.

L'elfe sinda acquiesca avant de remercier le seigneur d'Imladris. Elrond demanda alors à Lindir de raccompagner Evranï. Il resta ensuite dans son bureau, réfléchissant aux derniers événements et chamboulements provoqués par le retour soudain de la souveraine de Vertbois-Le-Grand.

Après avoir quitté précipitamment sa mère, Arafinwë avait longtemps déambulé sans but à travers les ruelles d'Imladris, attirant nombre de regards curieux et interloqués sur elle. Elle avait tourné et viré dans la cité, tachant de remonter les allées cherchant le chemin qu'elle avait emprunté pour retourner dans sa chambre. Mais son chemin la mena sur les flancs d'une falaise surplombant l'ensemble des habitations. Le sentier déboucha sur une terrasse qui semblait s'être naturellement formée. Elle soupira et décida de s'assoir pour réfléchir. Il y avait peu de chance que l'on vienne la déranger ici, autant en profiter.
La cité en contrebas respirait le calme, calme qui était loin d'habiter la jeune femme. Elle était en colère contre sa mère, elle se sentait trahie, trompée.
Sa vie n'était qu'un assemblage de mensonges, une farce. Elle savait que sa mère lui cachait la vérité sur ses origines, mais elle avait accepté son silence, imaginant que sa naissance avait sans doute été le fruit d'un amour à sens unique. Elle avait pensé que son père avait abandonné sa mère et refusé de la reconnaître. C'était une vérité douloureuse, mais elle était prête à l'entendre.
Cependant elle était très loin du compte, elle était même complètement à côté de la plaque. Elle n'aurait jamais pu imaginer ne serait-ce qu'un dixième de ce que sa mère lui avait avoué plus tôt.
Mais au-delà du mensonge qui entourait son entourage familial, c'était sa nature même qui était remise en cause. Tout ceux en quoi elle avait cru et ceux sur quoi elle s'était appuyée pour se construire était faux. Elle n'était pas une humaine banale qui devait terminer ses études et trouver le boulot de ses rêves. Non. Elle était une... Elfe. C'était toute sa condition physique et psychologique qui était remise en question.
Elle resta ainsi, observant sans réelle attention le paysage sous ses yeux, ressassant sa colère. Colère qui s'évapora petit à petit pour laisser place à la tristesse. Sans qu'elle ne puisse le contrôler, les larmes qui s'étaient apaisées plus tôt redoublèrent.
Elle avait grandi en pensant que son père ne l'aimait pas, mais c'était pire : il ignorait même son existence. Arafinwë n'existait même pas dans son esprit. Elle ne connaissait pas pire sentiment que l'ignorance.
Elle ne savait pas depuis combien de temps elle se trouvait là, son cerveau tournant à plein régime. Mais le ciel commençait doucement à s'assombrir et les derniers rayons du soleil à disparaître derrière les sommets qui entouraient la vallée.

- J'aime beaucoup cet endroit, il est apaisant, résonna une voix qui ne lui était pas inconnue.

Arafinwë reporta son attention vers le nouvel arrivant. Elrond se tenait dans son dos, observant l'horizon rougeoyant. La jeune femme sécha ses larmes avant de se relever attirant ainsi le regard de l'elfe brun.

- Vous me cherchiez, demanda la plus jeune.
- Non, il m'apparaît évident que vous avez besoin de réfléchir, avoua l'elfe avec sincérité. J'ai pour habitude de venir ici pour réfléchir.

La blonde l'observa un instant avec attention. L'elfe face à elle ne lui mentait pas, elle le savait au fond d'elle.

- Il semblerait que vous ayez vous aussi eu cette idée, lança Elrond alors qu'un fin sourire courbait ses lèvres.

Arafinwë reporta son regard sur l'horizon. Le crépuscule tombait doucement sur la cité elfique, enveloppant le lieu d'une atmosphère enchanteresse.

- Je me suis retrouvée ici par hasard, répondit l'elleth.

Seul le silence lui répondit. Elrond resta muet de nombreuses minutes et Arafinwë se demanda alors si elle ne devait pas quitter les lieux. Sans doute l'elfe souhaitait-il rester seul. C'est ce qu'il cherchait en venant sur cette terrasse.

- Je vais vous laisser, ajouta Arafinwë, s'apprêtant à quitter les lieux.
- Il n'est pas nécessaire que vous quittiez les lieux du fait de ma présence, rassura l'elfe brun. Restez si vous en ressentez l'envie ou le besoin.
- Ne vous inquiétez pas, je souhaite simplement me reposer, la journée a été épuisante, se justifia la blonde.

Arafinwë se tourna vers Elrond avant de lui adresser un léger sourire qui n'avait cependant rien de convaincant. Alors Elrond fut frappé par la ressemblance non équivoque entre l'elleth et le roi de Vertbois-Le-Grand. Elle avait les mêmes yeux orageux et ses longs cheveux blonds tiraient sur l'argenté que possédait également Thranduil. Le même port de tête, la même prestance.
La fille d'Evranï se détourna ensuite et commença à rejoindre le chemin qui la mènerait dans la cité en contrebas.

- Vous lui ressemblez beaucoup, se permit-il d'ajouter.

Cette simple phrase la figea sur place et Arafinwë arrêta son avancée. Elle resta silencieuse, les derniers mots prononcés par le seigneur d'Imladris tournant en boucle dans sa tête.

- De qui parlez-vous, répondit la plus jeune.
- Votre père, Thranduil, ajouta Elrond. Il faudrait être aveugle pour ne pas remarquer votre ressemblance.

Arafinwë ne répondit pas. Elle aurait voulu lui répondre, le remercier ou même lui hurler dessus sa tristesse et sa colère. Mais elle fut incapable de lâcher le moindre mot.

- Votre colère et votre tristesse sont tout à fait compréhensibles Arafinwë, continua le seigneur des lieux. Il m'apparaît difficile de vous conseiller dans pareille situation et je ne sais pas si mes paroles peuvent soulager votre cœur. Cependant, je connais vos parents et je sais qu'Evranï cherchait uniquement à vous protéger. Vous êtes libre de penser qu'elle a fait le mauvais choix, mais il lui paraissait le plus approprié dans une situation où n'importe quelle décision aurait eu des effets néfastes sur vos vies respectives. Elle a voulu vous protéger d'une vérité qu'elle pensait avoir définitivement perdu et à laquelle elle ne voulait pas que vous soyez confronter. Votre mère se sent réellement coupable et elle est tout à fait consciente qu'il vous sera difficile de lui pardonner. J'aimerais cependant que vous reconsideriez la situation en vous imaginant à la place de votre mère.

La blonde se risqua à jeter un œil à l'elfe brun, elle tomba alors dans le regard compréhensif de ce dernier avant de s'en detourner et poursuivre son chemin.
Elle réussit cette fois-ci à retrouver son chemin et regagna ainsi sa chambre. À peine eut-elle fermer la porte qu'elle se laissa glisser contre celle-ci, plongeant sa tête entre ses mains, laissant exploser le flot d'émotions qui affluait en elle. Colère, tristesse, trahison, crainte...
Les paroles d'Elrond resonnaient encore dans sa tête et, petit à petit, Arafinwë prit conscience qu'elle avait été trop sévère avec sa mère. Elle n'aurait pas mieux agit si leurs rôles avaient été inversés.
La culpabilité prenait le pas sur sa colère et le doute grignotait du terrain dans son cœur : serait-elle capable de s'adapter à ce monde si différent mais qui était pourtant le sien, celui dont elle était originaire ?

Arafinwë - Tome I : Secrets et mensonges Où les histoires vivent. Découvrez maintenant