Un pas vers l'autre

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Italique = langage elfique
Normal = langage commun

Ce matin-là, Arafinwë eut bien du mal à émerger de son sommeil, qui n'avait pourtant rien eu de réparateur

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Ce matin-là, Arafinwë eut bien du mal à émerger de son sommeil, qui n'avait pourtant rien eu de réparateur. Elle avait passablement mal dormi, le ventre vide et des inquiétudes plein la tête. Ses sanglots s'étaient taris alors que la nuit était bien avancée et la colère avait bien vite laissé place à la honte. La honte de ne pas être capable de répondre aux attentes de son père et du peuple de Vertbois-Le-Grand. 
Sans grande envie, elle réussit à s'extirper de son lit, se dirigeant vers sa salle d'eau. Elle s'observa un instant dans le miroir accroché contre le mur blanc, au dessus d'une grande vasque dans laquelle elle fit couler l'eau clair et froide. Elle s'en aspergea le visage avant de se préparer, se coiffant et s'habillant. Lorsqu'elle eut terminée, elle retourna dans sa chambre et observa un instant le bazar qui avait découlé de sa colère quelques heures plus tôt. Les livres qui lui servaient pour ses leçons étaient éparpillés sur le sol sombre. A quelques mètres de son livre de Quenya, la tiare symbole de son appartenance à la royauté avait été balancée sans ménagement. Car quelques heures plus tôt, elle aurait tout donné pour retourner sur Terre, pour remonter quelques mois plus tôt, envoyant valser le moindre petit objet qui la rattachait à la Terre du Milieu. Mais à présent, elle s'en voulait d'avoir eu de telles pensées égoïstes. Car sa mère était heureuse ici, bien plus qu'elle ne l'avait jamais été. Et cela, Arafinwë s'en rendait compte : sa mère n'avait fait que survivre sur Terre, car sa vie était ici. Son bonheur n'était possible qu'aux côtés de son père et de son frère. La blonde se pencha pour ramasser le bijoux avant de l'observer avec attention. 
Perdue dans ses pensées, elle n'entendit pas les deux coups secs donnés contre la porte de sa chambre. Pas plus que le bruit de celle-ci s'ouvrant dans son dos en un léger grincement. Ainsi, elle ne put que sursauter lorsqu'elle entendit une voix familière dans son dos. 

- Mára aurë iell nin (bonjour ma fille), lâcha la voix claire de son père.

Arafinwë se retourna pour faire face au roi des elfes. Il se tenait là, dans la chambranle de la porte en bois sombre, vêtu d'une tunique noire aux reflets argentés et d'une cape à la teinte ocre. Il avait délaissé sa couronne et ne portait pas de tiare. Et c'était bien la première fois qu'il se tenait ainsi devant la plus jeune. Cet air plus décontracté lui donnait l'air plus amical, moins glacial et sévère qu'à l'accoutumé. Mais ce n'était là qu'apparence. C'est du moins ce que se dit l'elleth qui ne put retenir un regard noir avant de répondre, plus par obligation que par envie.

Mára aurë Adar (bonjour père), répondit-elle d'un ton blanc, ne laissant transparaître aucune émotion. 

Thranduil fut alors frappé par la ressemblance qui découlait entre lui et sa fille. C'était déjà un fait, du moins physiquement. Nul ne pouvait nier l'évidence : Arafinwë était sa parfaite copie. Mais alors qu'il se tenait devant elle, il vit la carapace que la plus jeune endossait pour se protéger de ce qu'elle qualifiait comme une menace. Il était identique, se cachant derrière son masque d'impassibilité pour ne rien laisser transparaître de ses pensées et de ses émotions. Il soupira imperceptiblement avant de refermer la porte dans son dos. Il s'avança alors vers la plus jeune avant de buter contre un des livres qui avait valser au sol la veille. Il s'arrêta alors et se pencha pour s'en saisir et en observer la couverture. Voilà qu'il tenait entre ses doigts le sujet même de leur dispute quelques heures plus tôt : un livre d'apprentissage de la langue quenya. Le souverain sinda releva alors les yeux de l'objet pour regarder sa fille qui n'avait pas bougé d'un millimètre, observant le livre qu'il tenait dans sa main.

- Je ne suis pas venu te réprimander une nouvelle fois, avoua-t-il avant de poursuivre. J'ai été bien trop sévère avec toi ces-derniers jours. J'ai commis une erreur en mettant un poids trop important sur tes épaules et en cela, je souhaite m'excuser, lâcha-t-il alors que la plus jeune écarquillait les yeux, penaude devant les excuses inattendues de son père.

Car si on lui avait dit que Thranduil, roi des elfes sylvains, viendrait la trouver dans sa chambre pour présenter ses excuses, elle n'aurait jamais cru à ses dires. Mais son père semblait sincère, et elle crut voir dans son regard habituellement froid et impassible, une once de douceur qu'elle n'avait jamais vu. 

- Rien ne pourrait justifier mes agissements à ton encontre, continua-t-il. Cependant, je souhaitais t'expliquer pourquoi j'ai fait preuve de tant de sévérité et que tu comprennes ce qui m'a poussé à agir si durement. Les elfes sylvains sont méfiants, bien plus que peuvent l'être ceux d'Imladris. Notre peuple n'accorde pas sa confiance si aisément et ils n'apprécient pas les changements et la différence. Ainsi, il leur sera difficile d'accepter et d'accorder confiance et respect à quelqu'un. Lorsque mon père, Oropher, est tombé sur le champs de bataille, je ne suis pas monté sur le trône immédiatement. Car il a fallu de nombreuses années pour que les nôtres m'accordent leur confiance et acceptent que je devienne leur roi. Il en sera de même pour toi, il te faudra trouver ta place et t'intégrer dans un monde que tu connais encore si peu, avoua l'elfe sinda. Je souhaitais que tu sois prête à affronter les regards et les rumeurs, les critiques et les doutes, car tu ne pourras y échapper, je le crains. Tu es différente d'eux et cela j'en suis tout à fait conscient Arafinwë. Certains auront du mal à l'accepter, d'autant plus que tu seras hiérarchiquement placée au-dessus de tous. Cette différence, tu peux en faire une force, à toi de réfléchir à la façon dont tu souhaites l'utiliser. Saches cependant que, bien que nous soyons différents en de nombreux points, nous avons également beaucoup en commun. Il te faudra du temps pour t'accoutumer à la nouvelle vie qui s'offre à toi et nous te l'accordéon. Je te l'accorderais. Nous serons là pour t'y aider et t'apporter conseil lorsque cela sera nécessaire. Ma porte te sera toujours ouverte, iell nin (ma fille), termina-t-il.

Touchée par les paroles sincères de son père, Arafinwë ne put empêcher les larmes de border ses yeux azurs. Elle avait donc baissé la tête pour observer un point invisible au sol. Les paroles de son père la touchaient au plus profond d'elle, car elles étaient inattendues mais si désirées. 
Alors, guidée par son instinct, l'elleth parcourut les trois mètres qui la séparaient du sinda avant de l'étreindre, se glissant contre son torse, surprenant ce dernier qui hésita un instant à ce qu'il devait faire. Il se laissa alors guider par son cœur et ses bras se refermèrent autour des épaules de sa fille qui sanglotait contre son épaule. 

- Hantale...Adar (merci père), réussit-elle à articuler. 
- Tu n'as aucune raison de me remercie Arafinwë, murmura-t-il à l'attention de la plus jeune. 

Arafinwë réussit doucement à reprendre contenance, et, une poignée de secondes plus tard, l'elleth recula de deux pas, offrant un sourire radieux au roi des elfes. Un sourire qu'il ne lui avait encore jamais vu mais dont il était fier d'en être le destinataire. Elle attrapa alors le livre que son père tenait toujours dans sa main droite et l'observa un court instant avant de lui adresser un regard emplit d'une détermination sans faille. Thranduil et Arafinwë convinrent donc ensemble, par simple volontariat de l'elleth, que cette dernière continuerait ce jour-même les leçons de quenya. Mais à la seule et unique condition, exigence faite par l'élève, que ces leçons ne soient dispensées non pas par Finwë mais par son père lui-même. Etonnement, le sinda accepta, car il avait à coeur de faire plaisir à la plus jeune. Il était conscient qu'il lui avait causé beaucoup de tort la veille et s'il s'agissait là d'une manière de lui faire plaisir, il accepta sans hésiter ne serait-ce qu'un court instant. 
Thranduil fit prévenir ses conseillers et fit libérer son planning, annulant conseils et réunions pour qu'il puisse accorder tous le temps nécessaire à la plus jeune. Père et fille se retrouvèrent ainsi dans le bureau du souverain de Vertbois-Le-Grand, lequel se rendit bien rapidement compte que sa fille faisait preuve d'un grand intérêt. Il ne s'y était simplement pas pris de la meilleure des manières et, par ses conseils, son fils avait su faire preuve d'une sagesse qu'il ne lui connaissait pas.

Arafinwë - Tome I : Secrets et mensonges Où les histoires vivent. Découvrez maintenant