Nouvelle Vie

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Italique = langage elfique
Normal = langage commun

Les retrouvailles et rencontres s'étaient plutôt bien déroulées, au plus grand soulagement d'Arafinwë qui redoutait ce moment depuis leur départ de Fondcombe

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Les retrouvailles et rencontres s'étaient plutôt bien déroulées, au plus grand soulagement d'Arafinwë qui redoutait ce moment depuis leur départ de Fondcombe.
Thranduil avait accepté, bien qu'à contrecœur, de laisser Evranï et Arafinwë quitter la salle du trône. Le souverain sinda devait accueillir la délégation d'Imladris qui attendait patiemment d'être reçue par le roi des elfes. Il demanda donc à ce que leurs chambres soient préparées.
Legolas les accompagna dans les appartements royaux composés de plusieurs chambres. Lui-même y séjournait. La reine de Vertbois-Le-Grand fut à la fois étonnée et rassurée lorsqu'elle pénétra dans l'aile des appartements qu'elle avait partagé avec Thranduil des siècles plus tôt. Rien n'avait réellement changé, l'aura de son époux était omniprésente, tout comme son goût pour l'ordre. Leur luxueuse suite n'avait pas changé, les meubles, identiques, étaient positionnés comme dans ses souvenirs. La décoration raffinée qu'elle avait pris goût à élaborer était toujours présente.
L'entrée de leur appartement donnait sur un vaste salon éclairé de nombreuses bougies, dont un chandelier suspendu en bois de cerf. Les murs taillés dans la pierre sombre étaient habillés de rideau vermeil aux reflets dorés.
Une faible lueur luisait au cœur du foyer de la cheminée et, face à celui-ci un canapé au tissu rouge assorti de deux fauteuils étaient disposés sur un grand tapis noir aux motifs verdoyant représentant les ramures d'un mallorn.
Face à l'entrée, derrière l'espace de repos, étaient installé un bureau. Evranï s'en approcha, détaillant le dit meuble. Nombre de documents y étaient méticuleusement rangés, ce qui la fit tendrement sourire. Voilà un aspect qui n'avait pas changé chez son époux : le soin qu'il accordait à l'ordre et au rangement. Laissant glisser ses doigts sur le bois ambré, Evranï observa avec attention chaque détail du meuble sur lequel Thranduil avait toujours pour habitude de travailler. Une dizaine de feuille blanches et vierges étaient disposées, ainsi qu'un encrier en cristal et une plume que l'elfe caressa du bout des doigts.
A droite se trouvait la porte menant à la chambre à coucher qu'elle et Thranduil avaient partagé durant de nombreux siècles. Une salle d'eau était associée à celle-ci.
De nombreux souvenirs se bousculèrent dans l'esprit de l'elfe sinda. Cette pièce faisait ressurgir nombre de moments heureux dont l'annonce de sa première grossesse.
Evranï resta plongée dans ses pensées durant de longues dizaines de minutes, son regard caressant chaque coin de la pièce. Ce n'est que lorsque le cliquetis de la porte raisonna dans la pièce que l'elfe blonde revint à elle, reportant son attention sur l'entrée.
La porte s'ouvrit avec une certaine fermeté pour laisser place au roi des elfes.
Gracieusement, Thranduil pénétra dans la pièce avant de refermer la porte dans son dos. Les deux sindar se regardèrent durant de longues et silencieuses secondes. Evranï ne savait pas comment elle devait se comporter, elle avait perdu ses automatismes, étant depuis de longues et difficiles années habituée à vivre une vie maritale solitaire.
Le souverain sylvestre était tout à fait conscient des troubles qui animaient son épouse. Lui-même était chamboulé. Sans un mot, il approcha de sa reine, détaillant son visage avec attention. Les traits de son visage parfaitement dessiné n'avaient pas changé : ses lèvres charnues et légèrement rebondies, son nez fin, ses yeux émeraudes dangereusement hypnotisant.
C'est à seulement quelques centimètres qu'il stoppa son avancée. Délicatement, il glissa les doigts de sa main droite contre la joue de la blonde qui ne put retenir un frisson. Inconsciemment, Evranï pencha sa tête afin d'obtenir un contact plus franc entre leurs peaux respectives, fermant les yeux afin de savourer ce moment.

- Meleth nin (mon amour), murmura l'elfe sinda en se penchant pour embrasser son front.

Alors Evranï ne put retenir plus longtemps le trop plein d'émotions auquel elle faisait face. Elle laissa échapper un sanglot de soulagement avant de se blottir contre le torse du roi. Ce dernier entoura sa fine taille de ses bras, s'ennivrant du parfum sucré de son épouse.

- Goheno nin (je suis désolée), réussit-elle à articuler. Je...

Thranduil se redressa alors, attrapant le visage de l'elleth entre ses mains pour faire face à son visage baigné de larmes.

- Tu n'as pas à t'excuser Evranï, chuchota-t-il. Melon le (je t'aime), calmes-toi.

Le regard azur de l'elfe gris rassura doucement la blonde et, lorsque ses sanglots s'apaisèrent, elle réussit à esquisser un sourire reflétant son bonheur.

- Je n'imaginais pas vivre une telle journée, murmura le souverain en répondant à son sourire.

Evranï ne put retenir son rire. Ce son cristallin que le souverain de Vertbois-Le-Grand n'avait pas entendu depuis trop de siècles. L'elleth se blottit à nouveau contre son époux, savourant ce moment de paix.

- Voilà que tu récupères une femme et une fille, ajouta-t-elle avant de rester silencieuse un court instant. Il sera nécessaire que tu sois indulgent avec Arafinwë.

Le front de l'elfe face à elle se plissa et il l'observa suspicieux.

- Arda est si différent de ce qu'elle a toujours connu, avoua-t-elle. Elle aura beaucoup de difficultés à s'acoutumer, termina-t-elle en un simple murmure, son regard déviant sur un point invisible.
- Je pense que tu as nombre de choses à me compter, meleth nin, répondit le sinda. Viens.

Evranï acquiesca et les deux elfes s'installèrent sur le canapé. La reine de Vertbois-Le-Grand commença alors son récit, remontant des siècles en arrière, lors de la bataille de Gundabad. Thranduil écouta avec attention son épouse, lui offrant de rassurantes caresses lorsqu'il sentait l'émotion grimper en elle.

Arafinwë, quand à elle, avait suivi silencieusement son frère après avoir laissé sa mère devant la porte de ses appartements. Legolas lui avait ensuite demandé de le suivre à travers les longs couloirs éclairés à la lueur des bougies. Un silence gênant s'était installé entre les deux elfes. Arafinwë n'était pas certaine de ce qu'elle devait dire, ou du moins, si elle devait dire quoique ce soit. La situation était étrange.
Le prince de Vertbois-Le-Grand était tout à fait conscient de la gêne de l'elleth blonde. Lui-même avait du mal à réaliser que sa mère lui avait été rendue et qu'il avait également une sœur. Sœur qui observait le moindre recoin avec curiosité et crainte. Elle était complètement perdue et effrayée, plus encore depuis que leur mère les avait laissé seuls.
Ils tournèrent une dernière fois au détour d'un couloir et se retrouvèrent dans un corridor. Deux portes se faisaient face, l'une à droite, l'autre à gauche. Legolas s'avança et en ouvrit une avant de se tourner vers Arafinwë. Il lui adressa un sourire sincère qui rassura la plus jeune.

- Voilà votre chambre, indiqua le prince en l'invitant d'un simple geste de main à pénétrer dans la pièce.

Arafinwë s'exécuta, passant le pas de la porte pour se retrouver dans une vaste pièce. Elle resta un instant stupéfaite. La pièce, au-delà d'être plus grande que leur appartement bayonnais, était aussi luxueuse qu'une chambre de château. Elle était divisée en deux espaces. D'un côté se trouvait un salon confortable composé de deux fauteuils et d'un canapé bleu roi disposaient autour d'une petite table basse en bois, face au foyer d'une cheminée taillée dans la roche sombre. 
De l'autre, un grand lit aux draps bleus était entouré de deux tables de nuits en bois ambré et, dans le fond de la pièce à droite, se trouvait une unique porte, menant sans le moindre doute à une salle d'eau.

- Cette chambre n'a jamais été utilisée, indiqua Legolas dans le dos de la blonde, faisant sursauter cette dernière. Vous...
- Tu, le coupa instinctivement Arafinwë. Pas vous.

Le sourire du prince s'élargit légèrement avant qu'il n'aquiesce.

- À l'unique condition que tu en fasses de même, répondit-il.
- Bien sûr, acquiesca la plus jeune en lui offrant un timide sourire.
- Voilà qui est parfait, continua l'elfe sinda. Cette chambre est tienne à présent, l'ameublement est impersonnel mais tu pourras la décorer comme tu le souhaiteras. Je vais te laisser te reposer à présent, ajouta Legolas. Ma chambre se trouve en face, n'hésites pas à venir me voir si tu en ressens le besoin.

Arafinwë acquiesca une nouvelle fois et se retrouva bientôt seule dans sa chambre. Legolas ferma la porte dans son dos avant de pénétré dans le sienne. À son tour, il s'immobilisa, observant d'un air absent la pièce qui constituait sa chambre. Il avait besoin de reprendre ses esprits, ainsi il se dirigea ensuite vers sa salle d'eau pour se rafraîchir. Il en avait grandement besoin.

Tout serait différent à présent. La famille royale devrait se reconstruire.

Arafinwë - Tome I : Secrets et mensonges Où les histoires vivent. Découvrez maintenant