Nouveau départ

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Italique = langage elfique
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Le jour du départ arriva bien plus rapidement que ne l'aurait souhaité Arafinwë

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Le jour du départ arriva bien plus rapidement que ne l'aurait souhaité Arafinwë. Cette dernière était emprunte d'anxiété qu'elle arrivait cependant à occulter pour ne pas inquiéter sa mère. Elle avait donc passé ses journées à occuper son esprit entre les séances d'histoire que lui avait gentiment donné le seigneur Elrond, les leçons de sindarin de ce dernier et sa mère et les quelques séances d'entraînement avec Elladan et Elrohir.
Les deux frères semblaient s'être pris d'affection pour la fille d'Evranï. Ils prenaient soin de s'enquérir de son moral souvent ce qui amusait la jeune elfe. Leur comportement était le parfait opposé de celui qu'ils avaient eu lorsqu'elle les avait rencontré dans cette forêt lugubre.
Les jumeaux avaient donc insisté pour accompagner les elfes sindar jusqu'à Vertbois-Le-Grand. C'est donc en leur compagnie, celle d'Elrond et d'une dizaine d'elfes d'Imladris qu'ils se mirent en route dès l'aube.
Ils quittèrent rapidement la cité d'Imladris avant de longer le sentier à flanc de falaise, celui-là même qu'ils avaient emprunté lorsqu'ils avaient ramené les deux elleths une semaine plus tôt.
Ils quittèrent la vallée cachée alors que la matinée touchait à sa fin puis continuèrent leur route vers le sud pour rejoindre le Gué de la Bruinen ou Bruyandeau comme l'appelaient les elfes qui les accompagnaient. Ils marquèrent une halte pour la nuit peu de temps après l'avoir traversé.
Le lendemain ils continuèrent leur route à travers les vallées les séparant des Montagnes de Brumes. Monts qu'ils commencèrent à percevoir deux jours plus tard. Bien que l'été était installé en Arda, les sommets de la chaîne de montagnes étaient pourvus de neiges éternelles.
Les grandes plaines verdoyantes disparurent rapidement pour laisser la place à un paysage rocailleux et, bientôt, ils passèrent les premiers reliefs avant de pénétrer dans le cœur des montagnes. Lors du septième jour de route, ils passèrent le Haut Col. Les températures avoisinaient les zéros degrés, et Arafinwë fut bien contente lorsqu'ils commencèrent à descendre. Le lendemain, et alors que la nuit commençait à tomber, ils traversèrent l'Anduin par le Vieux-Gué, frontière séparant l'Eriador et le Rhovanion.
Après une courte nuit de repos, ils entamèrent la dernière de leur voyage. Au fur et à mesure que le soleil grimpait dans le ciel, l'horizon s'habillait de vert et la silhouette d'une vaste forêt commença à se dessiner sous le regard ému d'Evranï. Arafinwë comprit alors qu'ils approchaient de leur destination. Ils passèrent la nuit à l'orée de la forêt, forêt qui aurait dû effrayer la plus jeune, ou du moins, la mettre mal à l'aise. Mais ce ne fut pas le cas, les silhouettes sombres et grinçantes des arbres ne l'inquiétaient pas outre mesure. Elle ressentait cependant l'angoisse de la végétation. Cette forêt qui constituait les terres de sa famille était malade, rongée par un mal inconnu.
Ce malaise, Evranï le ressentit également. Que s'était-il passé pour que cette forêt millénaire autrefois enchanteresse ne devienne un lieu si peu accueillant ? Quel était ce mal qui gangrènait ses terres ? Mais l'elfe sinda garda silencieuses ses questions. Ils devaient continuer leur route. Le temps des interrogations viendraient plus tard.
Trois jours furent nécessaires pour atteindre les portes du royaume de Vertbois-Le-Grand. Le sentier sombre et obstrué de lianes et branches agrippantes sur lequel ils avançaient depuis plusieurs jours sembla s'éclaircir. Le bruit d'un puissant cours d'eau devenait de plus en plus fort, de plus en plus proche. Bientôt, le sentier de terre laissa place à un chemin pavé. La végétation épaisse devint moins dense. Ils continuèrent leur route sur quelques centaines de mètres, Evranï faisant avancer inconsciemment son destrier d'un pas plus rythmé. Arafinwë, au contraire, semblait avoir ralenti l'allure. L'angoisse grimpait en elle alors qu'elle sentait que le moment fatidique approchait.
Ainsi, les portes de Felegoth se dressèrent bientôt devant eux. Seul un pont de pierre les séparait à présent des cavernes de Vertbois-Le-Grand et, sous ce dernier, une rivière aux puissants torrents se déchaînait, les eaux cristallines brillant sous les rayons du soleil. Elrond et Evranï arrêtèrent leurs montures respectives à l'entrée du pont qui les séparait de l'entrée close du royaume. Ils furent donc imités par l'ensemble des elfes, Arafinwë se retrouva entre les deux fils d'Elrond qui restèrent silencieux, bien qu'ils aient remarqué le malaise de l'elfe blonde.
Un trio d'elfes en armure dorée s'approcha, traversant le pont, lances en main. Elrond et Evranï mirent donc pieds à terre. L'un des elfes sylvains avança alors pour leur faire face.

- Mae Govannen hir Elrond, (seigneur) commença-t-il. Nous ne nous attendions pas à recevoir votre visite.
- Mae Govannen, répondit l'elfe brun. Elle n'était pas prévue et nous nous excusons d'arriver à l'improviste. Nous souhaiterions cependant nous entretenir avec votre roi dans les plus brefs délais.

L'elfe de Felegoth resta silencieux avant d'interroger ses semblables d'un simple regard. Il se tourna à nouveau vers le seigneur d'Imladris et lui adressa un regard légèrement gêné.

- Nous avons pour ordre de n'autoriser l'entrée à personne hîr nin (mon seigneur), comprenez donc que nous ne pouvons vous autoriser à pénétrer le royaume sans que nous n'en n'ayons référé à notre roi, répondit l'elfe. Il sera nécessaire que vous patientiez quelques instants ici pendant que nous l'interrogeons.

Evranï décida alors d'intervenir. Elle ne supportait pas d'être traitée comme une vulgaire étrangère alors même quelle n'avait qu'une idée en tête : pénétrer l'enceinte de ses terres. Elle avança donc et découvrit son visage, caché jusqu'à présent par le capuchon en lin de sa cape noire.
Le visage jusqu'à présent neutre de l'elfe se décomposa lorsqu'il reconnut l'elfe sinda qui se tenait devant lui. Il perdit alors toute contenance face à sa reine et l'observa d'un air ahuri. Comment était-ce possible ? Elle était tombée au combat voilà des siècles.

- Comment..., articula-t-il avec difficulté.

Les deux elfes dans son dos n'en menaient pas plus large. Leurs yeux écarquillés reflétaient la surprise et l'incompréhension.

- Comme vous le voyez, je ne suis pas une étrangère et j'exige donc que vous nous cédiez le passage, ordonna l'elfe blonde. J'informerais moi-même le roi de notre présence ici.
- Je... Je... Bégaya-t-il avant de se ressaisir et de s'incliner devant Evranï. Bien sûr, rin nin (ma reine). Ouvrez les portes, indiqua-t-il.

Les portes s'ouvrirent dans un bruit sourd et Evranï commença à traverser le pont, tenant toujours les rênes de son cheval. Lorsqu'ils eurent tous pénétrés dans l'enceinte des cavernes, leurs chevaux furent pris en charge par les écuyers et menés aux écuries.
Arafinwë observa les lieux avec curiosité et surprise. Ça ne ressemblait en rien aux cavernes lugubres qu'elle s'était imaginée. L'espace souterrain semblait vaste, ouvert et étonnamment lumineux. De nombreuses torches éclairaient les paroies en pierre et les immenses arcs qui soutenaient le haut plafond au dessus de leurs têtes. De grands chemins suspendus occupaient l'espace et permettaient de se rendre d'un coin l'autre du royaume.
La mère d'Arafinwë approcha de sa fille et caressa sa joue en un geste rassurant, lui adressant un doux sourire.

- N'ais crainte Arafinwë, murmura l'elfe. Tout va bien se passer.

Elle se tourna ensuite vers Elrond et ils convinrent que l'elfe sinda se rendrait devant Thranduil seulement accompagnée de sa fille.

- Où se trouve le roi, lança-t-elle a l'attention de l'elfe qui les avait accueilli et suivi de près.
- Aran Thranduil se trouve dans la salle du trône, indiqua-t-il.

Le trouble et l'incompréhension se lisaient toujours sur le visage de ce dernier. De nombreux soldats s'étaient approchés et observaient avec surprise l'elleth sous leurs yeux. Ils pensaient que leur reine était morte, qu'elle avait péri lors de la bataille de Gundabad. Comment pareil miracle était possible ? Était-ce de la sorcellerie ?

- Conduisez-nous au roi je vous pris, demanda Evranï.

L'elfe, bien que sonné, acquiesca et les elfes sylvains qui s'étaient amassés autour du groupe récemment arrivé s'écartèrent pour laisser le passage à leur reine, ou du moins, à celle qui lui ressemblait. Arafinwë suivit sa mère, marchant à ses côtés comme son ombre. Elle préféra garder la capuche de sa cape rabattue sur sa tête. Cela la rassurait un temps soit peu de ne pas avoir à montrer ses émotions et encore moins à être dévisager plus que ce n'était déjà le cas.
Ils parcoururent les longs chemins suspendus qui constituaient l'intérieur des cavernes de Felegoth. De nombreuses minutes s'écoulèrent dans le silence le plus total, Evranï redécouvrant de ses yeux émeraudes son royaume qu'elle pensait ne jamais revoir. Ils arrivèrent devant un escalier surveillé par deux gardes. Ces derniers ne purent cacher leur surprise lorsqu'ils reconnurent Evranï, si bien qu'ils ne dirent ni tentèrent quoique ce soit lorsque celle-ci commença son ascension jusqu'à la salle du trône, Arafinwë la suivant de prêt.
Le cœur battant, mère et fille parcoururent les dernières marches qui les séparaient du roi de Vertbois-Le-Grand. Evranï allait bientôt retrouver son âme-sœur et Arafinwë allait rencontrer son père pour la première fois.

Arafinwë - Tome I : Secrets et mensonges Où les histoires vivent. Découvrez maintenant