Arafinwë - Tome I : Secrets et mensonges

Arda

La mère d'Arafinwë revint à elle lorsqu'elle se sentit heurter le sol boueux. Péniblement, elle ouvrit les yeux malgré l'horrible douleur qui lui sciait encore la tête.
Les derniers événements lui revinrent à l'esprit alors que ses yeux se posaient sur le groupe d'orques qui les avait attaqué. Elle resta silencieuse un instant, cherchant sa fille du regard, la panique prenant petit à petit possession de son corps.
Elle tourna la tête et fut alors rassurée lorsque son regard se posa sur le visage endormi de la jeune blonde. Leurs mains et pieds étaient ligotés, si bien qu'il leur était impossible de fuir. De plus, les orques étaient trop nombreux pour qu'elle puisse envisager pareil plan. Elle, seule, aurait put essayer, mais Arafinwë était avec elle et il lui était inconcevable de lui faire courir tant de risques.
La plus âgée dévia son attention de sa fille, tentant d'entendre le parlé noir qu'utilisaient ceux qui les tenaient prisonnières mais elle ne comprit que quelques bribes de conversation : Vieille Forêt, maître et Dol Guldur.
Alors c'était bien vrai, elle était de retour en Arda. Elle avait longtemps tenté de retourner en Terre du Milieu, priant les valar pour qu'ils la ramènent auprès des siens alors qu'elle avait atterri sur Terre, enceinte d'Arafinwë.
Cependant, au fur et à mesure des années, voyant que ses prières restaient sans réponse, elle avait perdu tout espoir, préférant garder silence sur son passé, tentant ainsi de l'oublier ou du moins d'en faire abstraction.
Elle observa autour d'elles : ils étaient dans une forêt qui semblait ancienne, très ancienne. Sombre et oppressante. Elle était densément boisée de conifères et de chênes. Du lichen descendait en grappes des branches les plus hautes, tissant de lugubres ribambelle au dessus d'elles. Mais rien ne pouvait lui permettre de savoir où les orques les avaient amené.
Installée inconfortablement, elle se redressa légèrement afin d'échapper à la douleur qu'exerçait la racine de l'arbre contre lequel elle avait été balancé sans ménagement. Elle ne put alors retenir un gémissement, lequel n'échappa pas à ceux qui les avaient kidnappé.

- Voyons qui se réveille, ricana un des orques avachi à quelques mètres.
- Qu'est-ce que vous nous voulez, cracha la femme sur la défensive.

Celui qui semblait être le chef lui jeta alors un regard emplit de haine avant de balancer ce qui semblait être une gourde à un de ses subalternes.

- Tu le sauras bien assez tôt, elfe femelle, cracha-t-il avec dédain. Donnes-lui à boire et réveilles-moi notre seconde invitée, ordonna-t-il à l'encontre de l'orque qui se tenait à sa droite.

Celui-ci obéit sans demander son reste et s'approcha de la femme, degoupillant le goulot de la gourde en cuir pleine de crasse. Il la lui tendit alors mais elle refusa d'y poser ses lèvres. L'eau était sûrement empoisonnée ou sans doute n'en était-ce pas.
Mécontent de son attitude, l'orque attrapa entre ses doigts sales son menton sans une once de délicatesse avant d'appuyer contre sa mâchoire, l'obligeant ainsi à ouvrir ses lèvres. Il glissa le goulot entre ses lèvres entrouvertes et la força à boire malgré les réticences de la femme qui se débattait. Il se redressa ensuite et se dirigea vers Arafinwë, sous les cris de sa mère.

- Laissez-la, si vous posez vos sales mains sur elle je vous le ferais regretter, menaça-t-elle.
- Tu n'es pas en position de force, mais ne t'inquiètes pas, mon maître vous réserve le même sors, ricana alors le chef.

Sans ménagement, l'orque qui se tenait à présent devant sa fille lui donna un coup de pieds dans les jambes faisant que celle-ci, sous la douleur, revienne à elle brusquement. Elle tenta de reculer lorsque son regard terrifié se posa sur le monstre face à elle.
Elle ne put retenir un gémissement de douleur avant de se recroqueviller sur elle-même. Ce n'était pas un rêve. Non.
L'orque qui venait de lui asséner un coup de pied s'approcha en ricannant puis la força également à boire avant de la saisir par les cheveux et la traîner près de sa mère sous les hurlements de la plus jeune et les protestation de l'autre.