5/ Yakkuru

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     Beaucoup plus à l'Est, se trouvait une petite tribu. Les habitants, appelés les Emishi, y vivaient paisiblement. Bien qu'ils aient de quoi se nourrir, de quoi se déplacer, et de quoi se loger, ils n'étaient jamais tranquilles. En effet, depuis qu'ils avaient refusés de se soumettre à l'autorité de l'Empereur Japonais, ils recevaient de plus en plus d'attaques des troupes impériales pour les forcer à se plier à leur autorité, ou bien à disparaître. Ils avaient déjà été séparés de nombreuses fois de leurs confrères, et ce village était un des derniers qui résistait encore au régime.

     Un jeune garçon d'une douzaine d'années se tenait devant un grand animal majestueux aux longues cornes grises. C'était l'élan rouge, Yakkuru, de son père. Celui-ci regardait son fils avec amusement qui essayait de monter sur le dos de l'élan.

     - Sois gentil s'il te plait, demanda désespérément le jeune garçon.

     Son père éclata de rire et dit :

     - Allez Ashitaka, il est très doux, tu peux y arriver.

     - Aide-moi s'il te plait.

     Le père s'exécuta et Ashitaka bondit sans difficulté sur le dos de l'animal. Il caressa affectueusement son pelage orangé et s'agrippa à ses cornes.

     - Je vais lâcher, prévint l'homme qui avait déjà un certain âge.

     Son fils hocha la tête et se concentra pour ne pas tomber de la monture. Le père s'écarta doucement, et l'élan, ne sentant plus la présence de son véritable maitre, se mit à bondir en avant pour faire descendre le jeune homme.

     - Arrête-toi ! hurlait celui-ci, mais rien n'y fit.

     L'animal fit décoller ses deux pattes arrière et Ashitaka fut projeté en avant après avoir été contraint de lâcher les immenses cornes de l'élan.

     Il atterrit sur le dos et grimaça de douleur.

     - Quel saut, bravo Ashitaka, se moqua gentiment son père pour détendre l'atmosphère.

     - Quelle bête stupide, grogna celui-ci. Pourquoi dois-je la monter ?

     Le jeune homme tendit sa main et son père la saisit alors pour l'aider à se relever.

     - Car c'est le meilleur élan rouge que nous ayons, et en tant que futur chef de la tribu, tu te dois de savoir le maitriser, car je te le léguerais lorsque je ne serai plus.

     - J'ai encore du temps devant moi n'est ce pas ?

     - On ne sait pas ce que l'avenir nous réserve Ashitaka. Plus vite seras-tu prêt, mieux cela sera, et je serai rassuré.

     Ashitaka était déjà un brave jeune homme qui n'était pas du genre à baisser les bras. Il maitrisait déjà l'arc et le sabre comme personne et ne se laisserait pas abattre par une simple bête à corne.

     - J'y arriverais, je te le promets.

     Il s'apprêtait à retenter l'expérience en priant pour que son dos ne souffre pas trop, lorsqu'une voix l'arrêta :

     - Ashitaka !

     Une petite fille accourait, pieds nus, tenant entre ses mains un large chapeau de paille pointu. Elle s'arrêta haletante aux pieds des deux hommes et le plus grand parla :

     - Bonjour Kaya.

     - Bonjour monsieur, articula-t-elle.

     Elle avait de lisses cheveux bruns coupés au dessus des épaules, de grands yeux rieurs, un kimono bleu lui arrivant au milieu des cuisses, attaché par une ceinture rouge faisant ressortir sa taille mince. Ses petites jambes étaient découvertes mais ses cuisses étaient entourées de jambières de la même couleur que son kimono à manches courtes, ainsi que de longs gants partant de son coude, pour ne recouvrir qu'une partie de sa main. Ses doigts étaient libres pour pouvoir manier facilement le sabre coincé dans sa ceinture.

     Elle sourit à son jeune ami qui lui demanda la raison de sa venue. Elle devint rouge et penaude pour balbutier enfin :

     - Je voulais savoir si tu étais libre pour venir jouer avec nous avant le diner.

     Effectivement, Ashitaka percevait l'odeur émanant des habitations. Il tourna la tête vers l'encadrement en bois qui marquait l'entrée de leur village et vit l'épaisse fumée sortir de la grande cabane au centre des maisons des villageois.

     - Je ne sais pas si...commença-t-il en jetant un œil au visage impassible de son père.

     - Mais bien sûr que tu peux aller t'amuser avec Kaya, ricana se dernier, mais rentre Yakkuru dans l'étable veux-tu ? Ce sera déjà un début si tu arrives à le promener sans qu'il s'échappe.

     Kaya regarda Ashitaka peiner pour faire avancer l'élan avec amusement :

     - Veux-tu de l'aide ?

     - Merci Kaya, mais je dois le faire seul.

     Il tira sur les rennes de Yakuru qui ne bougea pas d'un millimètre.

     - Tu as donc décidé de m'embêter jusqu'au bout aujourd'hui n'est ce pas ? dit Ashitaka avec tristesse et désespoir.

     Pour toute réponse, l'élan baissa la tête et se mit à brouter l'herbe qui entourait le village des Emishi. Ashitaka soupira et frotta ses cheveux bruns :

     - Je ne pense pas m'entendre aussi bien avec lui, comparé à mon père.

     Ce dernier avait disparu, Kaya le remarqua et parla sans gêne :

     - Je suis sûre que vous vous entendrez très bien toi et Yakkuru, un jour.

     - J'en doute, regarde comme il mange goulument pour me narguer, alors que j'essaie de le faire rentrer.

     Kaya éclata de rire. 

Origines (Princesse Mononoké)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant