Moro avait accepté que San marche debout dorénavant. Elle y voyait le moyen de lui rappeler que sa fille était une humaine et qu'elle leur serait très utile pour vaincre les autres de son espèce. C'était une belle adolescente à la chevelure brune et rebelle et aux yeux bleus profonds.
Ce matin, elle se leva et replia soigneusement la peau d'animal qui lui avait servi de couverture. Elle sorti de la grotte, et reprit le travail qu'elle avait commencé la veille. Son poignard ne lui semblait pas assez bien aiguisé, alors elle reprit sa pierre et continua de tailler son arme. Elle était assise au bord du rocher qui constituait le sol de leur caverne, les pieds dans le vide.
Une fois son travail achevé, elle descendit au pied de leur repère et s'entraîna à manier son arme tranchante. Elle fendait l'air avec sa lame, imaginant toute sorte de prédateur qu'elle pourrait abattre. Elle pensa à un humain qui s'apprêtait à détruire sa forêt, et dans un élan, lui trancha la gorge d'un geste vif. Elle l'imagina s'écrouler au sol dans un marre de sang et sourit, satisfaite.
— A quoi pensais-tu ? demanda alors Sin.
— A un humain.
Sin resta interdit. Même si Moro s'obstinait à ne pas vouloir le faire, il fallait bien qu'un jour, San connaisse ses origines.
— Déjà debout ?
Son et Sun venait de sortir de la grotte à leur tour et le premier se jeta sur San qui tomba à la renverse. S'ensuivit une bataille acharnée entre les deux frères et sœur qui se tiraient les oreilles ou se mordaient la peau amicalement. Son finit quand même par gagner car la jeune fille n'avait jamais été très bonne à ce jeu contre ses frères. Ils se redressèrent en riant et San ébouriffa le pelage du loup blanc.
Sin qui n'aimait pas ce genre de divertissement fit un signe de tête impatient à l'intention de San qui su qu'elle devait le suivre. Ils traversèrent la forêt d'une marche rapide jusqu'à ce que Sin s'arrête à la lisière de la forêt, face à un ruisseau. Il s'allongea dans l'herbe, ne laissant pas dépasser le moindre centimètre de son pelage de la forêt. San s'assit près de lui et le questionna :
— Que faisons-nous ici ?
— Regarde bien, murmura son frère.
Elle plissa les yeux et aperçu alors des formes se mouvoir dans l'eau de la rivière.
— Ce sont des humains ! s'exclama-t-elle.
Elle avait rarement eu l'occasion d'en voir d'aussi prêt. Elle n'en avait entendu parler que de la bouche de sa mère et de ses frères qui lui avaient instauré une propagande concernant les Hommes. Leur dangerosité, leur bêtise, leurs atrocités, mais aussi leur intelligence et leur force grandissante. San savaient qu'ils étaient des ennemis, mais jamais elle n'avait été confrontée à eux directement.
— Va les voir de plus près, lui intima Sin.
— Je dois les tuer ? demanda San avec insouciance.
— Non, juste leur parler.
— Pourquoi ?
— Je te le dirai plus tard.
Il la regarda partir prudemment en direction de ces enfants qui jouaient plus bas dans le lit de la rivière. Il savait qu'il n'aurait même pas besoin de lui expliquer. Elle comprendrait toute seule. Il attendit de longues minutes, observant le soleil dont les rochers blancs reflétaient l'éclat au bord de l'eau scintillante. Elle revint, alors qu'il allait commencer à s'assoupir.
— C'étaient des humains ? demanda-t-elle à nouveau.
— Bien sûr.
— Ils ont la même apparence que moi, mais je suis une louve moi n'est ce pas Sin ?
— Oui San, tu es une louve, mais n'oublie pas qu'ils sont quand même comme toi d'accord ?
San ne répondit rien. Elle était une louve, comme sa mère, sa ressemblance avec les humains était une erreur. Elle dû à nouveau suivre son frère qui l'emmena au plus profond de la forêt cette fois ci. Elle ne parlait pas, elle semblait bouleversée, songeuse. Ils arrivèrent au pied d'une falaise. San leva enfin la tête et plissa les yeux :
— Qu'est ce qu'il y avait ici ? On dirait que tout a brûlé.
— Il y avait un village d'humains.
— Les misérables, pesta San, ils ont détruit la forêt.
— Je dirai plus que la forêt les a détruits.
San ne comprenait pas où il voulait en venir. Voyant son désarroi, il poursuivit :
— Ce village vivant en harmonie avec les Dieux. Mais un jour, il y a eu une catastrophe, un tremblement de terre, un incendie, tous les villageois sont morts.
San fronça les sourcils :
— Pourquoi me montrer tout cela ? Les humains sont nos ennemis, pourquoi essaies-tu de me faire ressentir de la compassion envers eux ?
— Ce n'est pas cela que je voulais te montrer...
La jeune fille ne comprenait pas, il l'avait fait venir ici exprès pour une raison tout de même, elle en était persuadée.
— Tous les humains ne sont pas mauvais tu sais...
San ne répondit pas, et le regarda chercher quelque chose dans un buisson avec son museau. Ses dents se refermèrent sur sa trouvaille et il la sorti du feuillage dense. Dans sa mâchoire se trouvait un joli bijou qui formait un cercle noir. San le prit dans ses mains et l'observa :
— C'est très joli.
— C'est pour toi.
La jeune fille sourit et l'enfonça sur sa tête, tout en prenant soin de laisser sa frange brune par-dessus. Ils rentrèrent ensuite dans leur tanière avec deux lapins en leur possession pour partager un repas avec leur famille.
Sin n'avait pas précisé à sa sœur l'origine du cerceau. Il avait jugé que ce n'était pas la peine. Il était néanmoins satisfait que San ait enfin compris ce qu'étaient vraiment les humains, même si sa haine envers eux ne semblait pas s'être dissipée pour autant.
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Origines (Princesse Mononoké)
FanficLa couverture est un de mes dessin/montage 🥰 Venez re-découvrir un monde que vous connaissez déjà, mais sous une toute autre forme. Ici, piraterie, esclavage et prostitution s'enchaînent dans la vie de Dame Eboshi. Mort, destruction et...