Origines (Princesse Mononoké)

59/ Eboshi

            Dès les premières lueurs de l'aube, Toki fut sur pieds. Elle attendait les ordres d'Eboshi qui s'éveilla à son tour en même temps que Gonza. La nuit avait été longue, et les rêves remplis d'espoir d'indépendance et de richesse. Entraînées par l'enthousiasme de Toki, les autres femmes étaient prêtes à se mettre au travail dès que possible.

Un petit-déjeuner fut d'abord le bienvenu avant ce lourd labeur qui les attendait. Certaines femmes étaient parties délivrer des messages aux villages voisins comme à leur habitude. Eboshi regarda le lever du soleil tout en se réchauffant auprès des braises de la veille.

Le soleil apparu derrière la colline et s'éleva avec lenteur, illuminant petit à petit le paysage de ses rayons d'or. Une odeur de mousse fraiche emplissait la vallée, et le soleil vint réconforter le petit groupe d'humain perdu au milieu de la nature avec des planches de bois découpées en amas autour d'eux.

Une belle journée s'annonçait.

Des exclamations de voix parvinrent alors au petit groupe. Eboshi se leva, et vit apparaître au sommet des crêtes, une silhouette humaine se découpant devant le soleil orangé. Puis deux silhouettes, trois... Au final, une quarantaine de personnes firent leur apparition devant eux, et dévalèrent la colline avec empressement pour rejoindre le lac.

Les femmes envoyées dès le petit matin étaient en tête. Sur leur visage se lisait une grande joie et un profond soulagement. Elles avaient ramené des renforts. Eboshi appréhendait de découvrir de qui il s'agissait, mais son visage s'illumina lorsqu'elle reconnu Koroku :

— Ce sont les rameurs ! s'exclama-t-elle à l'adresse de Gonza.

Ils s'avançaient, l'allure fière, bien plus en forme que la dernière fois qu'ils les avaient quitté. Ils n'étaient pas tous présents, mais une grande partie d'entre eux avait visiblement changé d'avis.

— Qui ? demanda Toki avec étonnement.

Eboshi voulu tout lui révéler. Ils étaient ceux qui l'avaient aidée à s'enfuir de ce maudit bateau. Ils étaient des esclaves, comme elles. Des exclus de la société. Mais Eboshi ne répondit rien. Elle gardait cette période de sa vie pour elle, au plus profond d'elle-même. Pour ne pas l'oublier, mais pour faire un trait dessus.

Les rameurs leur faisaient des signes en riant et en les saluant dans la vallée résonnante. Eboshi avait la poitrine gonflée de bonheur et se dirigea d'un pas pressé vers eux. Une fois enfin réunis, ils rirent, parlèrent de leur parcours depuis leur séparation.

La trentaine d'homme leur assura qu'ils étaient venus pour les aider et qu'ils ne se désisteraient pas cette fois-ci. Ils avouèrent qu'ils ne pensaient pas que ce projet complètement fou irait aussi loin et finirait par se concrétiser, mais ce qu'ils savaient, c'est qu'ils allaient tout faire pour aider Eboshi à offrir une meilleure vie à tous.