54/ Travail

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Après avoir quitté les rameurs esclavagés, Eboshi, accompagnée de son fidèle Gonza, avaient erré dans la ville où ils avaient débarqués clandestinement. Cherchant à tout prix des personnes qui seraient prêts à les suivre dans leur fou projet d'indépendance, ils étaient allés d'auberges en auberges, retentant chaque soir leur chance. Leurs seules réponses avaient toujours été des rires moqueurs ou des portes fermées.

Devant la détermination et l'affirmation de la jeune esclave, Gonza avait développé une vraie forme de respect envers elle. Il avait même finit par devenir soumis, prêt à faire tout ce qu'elle demanderait, déterminé à satisfaire son cœur. Et même si elle lui paraissait inaccessible, il ne cesserait pas de rester auprès d'elle où qu'elle aille, et quoi qu'elle décide de faire.

Après des mois à chercher et à s'entraîner suites aux demandes de la jeune femme, ils formaient un duo redoutable et prêt à tout pour asservir leur soif de pourvoir et d'indépendance.

Le soleil s'infiltra dans la chambre de l'auberge dès les premières lueurs de l'aube. Tandis que Gonza s'étirait avec paresse, Eboshi remontait sa couverture au dessus de ses yeux pour pouvoir se reposer encore quelques minutes. Gonza aperçu deux mèches de cheveux d'ébène sortir de la couverture et sourit. Après avoir mis fin à sa vie d'esclave, elle s'était épanouie, son visage pâle avait retrouvé quelques couleurs et elle faisait plus attention à son image à présent. Chaque jour elle relevait ses longs cheveux noirs et les attachait au dessus de sa tête, et l'image renvoyée était si belle que Gonza luttait pour ne pas la dévisager sans relâche. Eboshi avait repris également beaucoup d'assurance, n'importe quelle personne qui la croiserait ne saurait dire en la voyant, qu'elle avait été esclave chez des pirates sanguinaires et qu'elle avait survécu.

Elle fut vite tirée du lit par de fortes exclamations de voix qui résonnaient tout près de leur porte branlante. La chambre trembla même légèrement et de la poussière tomba du plafond. Eboshi toussa et se releva pour enfiler son long manteau et attraper le sabre qu'elle avait à la ceinture.

Elle avait insisté pour s'en procurer un dès qu'ils avaient mis le pied dans la ville. Gonza lui avait bien évidement appris à s'en servir et elle le maniait à présent comme si elle avait fait de l'escrime toute sa vie.

Avec violence, elle ouvrit la porte grinçante à la volée. Devant elle apparut alors la jeune fille du bar qui se débattait avec deux hommes. Ils l'avaient plaqué contre un mur du couloir étroit et elle tentait vainement de s'enfuir en hurlant.

Piquée au vif, Eboshi sentit son cœur s'accélérer, et, menaçante, elle s'approcha alors des deux hommes qui avaient encore une haleine de bière.

— Lâchez-là.

Ils se retournèrent et considérèrent enfin la jeune femme qui venait de faire son apparition. Toki en profita pour se dégager mais sa fuite fut vaine car un homme au visage crasseux et aux yeux injectés de sang la retint par le bras :

— Hé reviens là toi, on a payé pour cette nuit.

— La nuit est passée salopard, cracha-t-elle, son bandeau blanc tombant sur son front.

Son acolyte faisait face à Eboshi et l'observa de la tête au pied, amusé :

— Tu veux te joindre à nous ma belle ?

La jeune femme sentit qu'elle allait perdre ses moyens. Elle avait appris à contrôler ses émotions, mais l'image du capitaine qui l'avait tant fait souffrir sur ce bateau reprit place dans son esprit. Paralysée, elle ne fit pas un mouvement et c'est Gonza qui empêcha l'homme gras et vulgaire de s'approcher d'elle. Il lui avait collé son sabre sous le nez, alors l'autre ne fit plus un geste, puis l'ancien pirate murmura à l'oreille d'Eboshi :

— Tout va bien madame ?

Elle reprit alors ses esprits et serra les dents :

— Donnons une bonne leçon à ces imbéciles.

Ils lâchèrent alors tous deux leurs armes respectives, car le but n'était pas de faire de morts, et s'élancèrent poings brandis en direction des deux agresseurs. Toki essayait vainement d'échapper à l'homme qui l'entraînait dans sa chambre en dénouant sa ceinture, et Eboshi se précipita pour l'aider, tandis que Gonza se chargeait du deuxième.

La jeune femme n'eut même pas le temps d'intervenir que Toki envoyait déjà un puissant coup de coude dans le nez de son agresseur. Eboshi en resta bouche-bée, agréablement surprise.

— Va te cacher, intima-t-elle à Toki qui avait réussi à se libérer de l'emprise de l'homme.

La jeune femme ne se le fit pas dire deux fois et dépassa en courant Eboshi qui attendit que son adversaire se soit remit du coup pour lui en envoyer un second dans l'estomac. De son côté, Gonza ne fit lui aussi qu'une bouchée de l'homme ivre et fatigué qui finit par décamper en tenant son nez ensanglanté.

L'homme qui se tenait devant Eboshi, tenta de lui envoyer un coup de poing assez mou dans les côtes. Avec aisance, elle s'écarta et saisit le bras qui avait voulu la frapper pour le tordre et en profiter pour lui décrocher un coup de genoux dans le ventre.

A moitié inconscient, l'homme resta un long moment allongé sur le sol avant de rejoindre son acolyte en boitant. Eboshi se présenta alors face à la jeune femme qui s'était réfugiée dans leur chambre. Elle regarda ses deux sauveurs avec une certaine admiration et baissa la tête face à Eboshi.

— Comment t'appelles-tu ? demanda alors celle-ci.

— Je m'appelle Toki madame, répondit l'autre timidement.

— Dis moi Toki, serais tu intéressée pour avoir un vrai travail ?  

Origines (Princesse Mononoké)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant