Année 1990, 14 ans auparavant

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Je regarde tristement par la fenêtre. Une grimace s'affiche sur mon regard abattu. J'ai mal. J'ai mal au dos. J'ai mal aux mains. J'ai mal au cur. J'ai mal absolument partout.

Mon regard se pose alors sur un couple accompagné d'une petite fille. Elle devait avoir à peu près mon âge. Mais elle paraît heureuse elle... Rien qu'à voir son visage, on comprend directement que sa vie doit être extraordinaire. Ces parents se tiennent la main tandis qu'elle, court dans tout les sens en rigolant. La fierté se lit sur leurs visages heureux. Pourquoi mes parents à moi ne sont pas fiers de moi ? Pourquoi ils ne me sourissent jamais ?

Je quitte le bord de la fenêtre, les larmes aux yeux. Je me baisse afin d'atteindre le dessous de mon lit. Sous celui-ci se trouve un livre de taille moyenne. Je l'attrape, puis m'installe confortablement sur mes couvertures. Je le feuillette avec un petit sourire rêveur. Il raconte l'histoire d'une famille heureuse et unie. Je le relis pour la centième fois avec envi.

J'entends soudain des bruits de pas. Je me dépêche de cacher le bouquin. La porte s'ouvre sur une femme assez petite. Ses cheveux sont noirs et ses yeux, bleus. J'essaye de sourire du mieux que je peux.

Moi : Bonjour maman !

Je la vois froncer son nez de dégoût. Je baisse la tête, blessée.

Mère : ( T/p ), j'ai besoin que tu ailles faire quelques courses.

Elle me tend un panier avec une liste de course et un portefeuille.

Mère : Tu as une heure et demie, pas plus. Rentre en retard et je te punirais en conséquence.

Moi : Oui mère.

Elle jette le panier sur le sol avant de sortir de la chambre en claquant la porte. Je porte une main sur le bleu que j'avais à la joue. La dernière punition que j'avais reçu. Je me lève de mon lit et attrape le panier. Je sors de ma chambre et descends les escaliers. J'enfile mes chaussures. Alors que j'allais ouvrir la porte, je sens qu'on me tire violemment les cheveux.

Moi : Aïe !

Je me retourne, légèrement effrayée. C'est Haru, mon grand frère. Il a douze ans, soit trois ans de plus que moi.

Haru : Eh ! Ramènes moi un paquet de bonbec en passant, ok ?

Moi : Ils ne sont pas marqués sur la liste de maman. Je n'ai pas le droit.

Haru : Ramène moi des bonbecs où je te fais la misère gamine, c'est clair ?

Je ravale ma salive, inquiète. J'ouvre la porte et sors de la maison. Le centre commercial se trouve à un quart d'heure de marche. Je m'y rends d'un pas rapide. Je mets trente minutes pour remplir mon panier des ingrédients inscrits sur la liste. Je m'arrête au rayon des sucreries. Je lance un regard apeuré vers les bonbons. Je dois lui en acheter ou pas ? Si maman s'en aperçois, elle va encore me taper. Mais si je ne le fais pas, c'est Haru qui me fera punir. Je me mets à pleurer. Je tente d'essuyer rapidement mes larmes mais je fais tomber malencontreusement mon panier et tout son contenu sur le sol. Oh non ! Je me baisse afin de tout ramasser le plus vite possible. J'allais attraper le sachet de farine quand soudain, une main entra dans mon champ de vision. Elle chope le paquet et le range dans mon sac. Je relève brusquement ma tête. Un homme assez vieux s'était penché en face de moi.

??? : Laisses moi t'aider.

Moi : Euh je... merci monsieur.

Il me sourit. Je reste hébétée devant cette expression. C'est la première fois qu'on me regarde de cette manière. Un sourire bienveillant et empreint de gentillesse.

Kiera ( L x reader ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant