Après une heure de vol, deux enfants avaient commencé à parler très fort environ 5 rangées devant la mienne et leurs mamies se tapaient des barres à les entendre déblatérer. Ça avait duré un certain temps avant qu'on puisse entendre un « já chega » qu'on pourrait traduire littéralement par « ça suffit déjà » mais qui équivalait en réalité juste à « ça suffit ». Le seul point positif de ce voyage avait été le gentil monsieur à ma droite à qui j'avais prêté mon crayon pour qu'il puisse remplir le formulaire que la DGS (l'organisme qui a à voir avec la santé au Portugal) demande à tous les voyageurs de remplir avant l'arrivée sur le territoire (par voie aérienne en tout cas) depuis que le coronavirus avait éclaté.
Même si j'avais déjà écrit quatre pages A5 depuis le début du voyage, il restait toujours 45 minutes avant d'arriver à Porto et je n'avais plus rien à écrire, ni aucune envie de jouer à des jeux débiles sur mon téléphone. J'avais toujours l'envie de vomir qui me tenait au corps depuis 17 heures et je voulais simplement être au lendemain pour pouvoir finalement monter les meubles de mon appart. Je pourrais sûrement emménager dedans d'ici la fin de la semaine, encore fallait-il que je puisse avoir de l'eau et de l'électricité et c'était pas gagné puisque j'avais envoyé mon formulaire pour adhérer à l'eau de Porto à peine dimanche et qu'il avait été refusé à midi lundi pour « manque de documents » parce qu'ils voulaient la totalité de l'extrait de l'acte de vente de mon appartement alors qu'on avait envoyé que les pages qui nous semblaient nécessaires puisque ça les regardais pas le prix que l'appart m'avais coûté tout ça pour un contrat d'eau (d'après nous au moins). L'administration portugaise resterait pour moi, toujours un mystère.
Le 5 décembre, je retournais encore une fois à Genève en me rendant bien compte que plus les mois passaient avec Antoine, plus le peu de temps qu'on passait sans se voir paraissait être long de 20 ans. Il venait finalement passer trois semaines chez moi en janvier ce qui allait nous permettre de passer 5 semaines et 5 jours ensemble, malheureusement, on n'y était pas encore et il fallait déjà que je rentre chez moi le 15 décembre pour revenir le 29 pour passer le nouvel an avec lui en Suisse.
Les voyages en avion ne me posaient toujours aucun problème comme Antoine le redoutait depuis le début. Le seul point sur lequel ça me dérangeait c'était le point écologique mais en même temps, c'est pas comme si j'avais eu un autre moyen de faire 1350km aussi vite en polluant moins. En plus de ça, même si je trouve ça mauvais de se déculpabiliser en se disant ça ; les avions dans le monde ne sont en fait responsables que de 2% des émissions de CO2 par an.
À côté de ça, il faut aussi se dire qu'évidemment, ils polluent rien qu'avec la quantité de carburant dont ils ont besoin, malheureusement, je suis pas physicienne pour trouver un moyen de réduire cette quantité de carburant dont ils ont besoin alors ça restera comme ça jusqu'à ce que quelqu'un d'autre veuille bien trouver une solution.
Bref, les deux semaines et cinq jours qu'on avait passé sans se voir n'avaient pas du tout étés faciles à vivre ni pour Antoine ni pour moi vu que la même situation qui s'était produite avec Jack avait fini par se reproduire. Ça avait cette fois-ci été moi qui avait décidé d'introduire le sujet en disant à Antoine que j'aurais souhaité le voir sexuellement avec quelqu'un d'autre. Il m'avait naturellement demandé si j'étais sûre de vouloir faire ça et après avoir eu ma confirmation, il avait fini par me dire que c'était une possibilité et on s'était retrouvé à créer un compte sur Tinder ensemble.
Le lendemain, on avait eu un match avec une meuf de Porto qui ne m'attirait pas forcément et qu'Antoine avait dû liker. J'avais donc envoyé un message après qu'Antoine m'ait dit de le faire moi parce que ça serait plus "naturel". La meuf avec qui on avait eu le match était en fait très antipathique de par ses réponses et elle ne répondait qu'une fois par heure (ou plus qu'une heure) ce qui avait fini par m'énerver. Alors qu'Antoine ne trouvait pas ça normal que je veuille qu'il y ait un minimum de feeling dans la conversation parce que « on était pas là pour ça », on avait eu un deuxième match le lendemain avec une dénommée Marta avec qui ça avait cette fois-ci vraiment collé.
Le même soir, on avait donc créé un groupe sur Instagram pour pouvoir discuter tous les trois plus facilement. De toute façon, c'était facile pour elle de savoir lequel de nous deux lui répondait sur Tinder puisqu'Antoine lui répondait en anglais parce qu'il ne se sentait pas à l'aise de répondre en portugais comme moi. La situation s'était compliquée au fil des deux jours suivants alors qu'Antoine paniquait à l'idée que je m'attache à Marta parce qu'il restait un mois avant qu'on la voit pour de vrai et j'avais commencé à paniquer le jour d'après vu que j'arrivais pleinement à les imaginer tous les deux après que Marta nous ait envoyé des photos d'elle et ça me donnait envie de vomir. J'avais fini par me calmer mais avais supprimé Tinder de mon téléphone et 5 jours plus tard soit le 5 décembre dans l'avion alors que justement j'écrivais tout ça, je me rendais compte que ça me dégoûtait toujours autant.
Malgré ce, j'avais quand même envie de le faire pour pouvoir me dire à moi-même que c'était fait une bonne fois pour toutes et même si ça avait l'air bête puisque ça n'aurait pas dû être ma priorité alors que je la connaissais depuis si peu, j'avais pas envie que Marta puisse se dire qu'on s'était foutu de sa gueule parce que ça n'avait pas du tout été notre intention.

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Alias "Oh Babe"
Non-FictionVie d'une ado française expatriée au Portugal, cette histoire raconte les difficultés de la présence de la solitude, mais aussi des choix douteux de l'héroïne de l'histoire en terme de vie amoureuse et permet d'obtenir quelques conseils judicieux po...