Chapitre 5 pdv Lucie

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En plein milieu de la partie de Quidditch, Lucie sentit une sensation familière parcourir l'ensemble de ses membres. Un frisson traversa son corps de part en part, sa respiration se fit plus délicate. Elle s'écarta de la porte doucement et s'enfonça un peu plus dans la pièce. Avec un peu de chance, elle ne blesserait personne. Il lui suffisait juste de fermer la porte, mais même ça c'était compliqué. Elle n'arrivait plus à bouger, son corps entier refusait de lui obéir.

— Elle est en train de faire une crise ! cria Fred en se précipitant dans sa chambre.

Elle aurait voulu lui hurler de ne pas entrer mais c'était trop tard. Dans un effort surhumain, elle claqua la porte pour qu'aucun autre ne se mette en danger. Fred prit son visage entre ses mains et bloqua son regard dans le sien.

— Luce ! ça va aller, calme-toi, souffla-t-il.

Il allait être blessé, elle allait lui faire du mal. Aucun professeur n'était là pour le sauver, elle allait le tuer.

— Luce, respire... tu peux le faire.

Lucie sentit la vague de souffle qui s'apprêtait à s'expulser hors de son corps et s'appliqua à la contenir le plus longtemps possible. Pourquoi ne s'en allait-il pas, il devrait fuir son maudit pouvoir, partir loin d'elle, se protéger.

— Va-t'en, voulut-elle dire mais sa bouche ne format qu'un son inaudible, elle essaya de répéter, sans succès.

— Tu peux le contrôler, affirma-t-il en la serrant dans ses bras.

Il n'en savait rien, il ne savait pas à quoi il avait affaire. Son corps la brûlait, ses membres tremblaient et elle avait l'impression que ses marques étranglaient ses bras. Avec horreur, elle constata que celle de Fred était horriblement douloureuse, signe qu'il était sur le point de mourir. Non, elle ne serait pas celle qui tuerait ses proches !

Quelque chose se produisit, quelque chose de différent de d'habitude. La crise était terminée, le souffle s'était expulsé. Elle constata avec soulagement que la respiration chaude de Fred se déversait toujours dans son coup. Elle s'accrocha à lui et des larmes se mêlèrent à la pluie. La pluie ? En ouvrant les yeux, elle remarqua l'absence de plafond. La tempête faisait rage au-dessus d'eux. Avec peine, elle s'écarta de lui pour mieux observer le chaos qu'elle avait produit.

Autour d'eux, il n'y avait plus de mur, la chambre telle que Lucie l'avait connue n'existait plus, seul le sol subsistait. Les chambres attenantes à la sienne n'avaient pas non plus été épargnées. C'était la première fois qu'elle provoquait une explosion d'une telle violence et d'une telle portée.

— Tu as réussi ! s'exclama-t-il, Luce tu l'as contrôlé !

— J'aurai pu te blesser...j'aurai pu te tuer, bredouilla-t-elle.

— Non, tu ne m'as rien fait. Tu m'as protégé ! se réjouit-il en voulant la prendre encore dans ses bras.

— Ne me touche pas ! répliqua-t-elle vivement.

Elle s'écarta, répétant à plusieurs reprises de ne pas l'approcher. Elle frissonnait, la pluie avait complètement mouillé ses vêtements. Fred la regardait tristement. Elle songea que sa chouette ne s'était heureusement pas trouvée dans la pièce au moment du drame. Mais combien de personne aurait pu être blessé si cette crise s'était réalisée en pleine classe, au beau milieu de l'année scolaire ? Combien d'amis aurait-elle pu tuer ?

Fred avait tort elle n'avait rien contrôlé du tout, pire elle avait augmenté la force de ses crises. Par quel miracle pouvait-il encore être en vie ?

Il essaya encore une fois de s'approcher d'elle, mais elle refusait obstinément de le laisser s'avancer.

— Luce... tenta-t-il d'une voix peinée.

Elle s'éloigna dans le couloir, essayant de ne pas trébucher sur les morceaux du mur qui jonchaient le sol. Dès qu'elle trouva la première porte en état de fonctionner, elle la ferma puis la rouvra sur la chambre de Fred et George, comme elle l'espérait celle-ci était vide. Fred l'avait suivi et ils étaient maintenant protégés de la tempête mais celle-ci était tellement bruyante qu'elle s'entendait au travers de tous les murs du terrier.

— Fred ? cria la voix étouffée de George montant les escaliers en courant, Lucie !

Fred ne se préoccupa pas de répondre à son frère, il s'occupait de Lucie dont les larmes n'étaient plus camouflées sous la pluie. Elles étaient bien réelles et trahissaient son état.

— Rentre dans ta chambre Fred, murmura-t-elle bouleversée.

— Je ne te laisse pas toute seule, répondit-il instantanément.

— Rentre dans ta chambre, répéta-t-elle froidement.

— Non, fit-il résolu en encadrant son visage de ses mains.

Lucie le laissa faire et le fit pivoter légèrement, quand la chambre se trouva dans le dos de Fred, elle le poussa brusquement à l'intérieur. Il tomba sur le sol, ce qui lui laissa le temps de refermer la porte à son insu.

Elle maintint le lien assez longtemps pour l'entendre tambouriner sur la porte. Il tentait désespérément d'ouvrir la poignée et criait son prénom. Puis soudain plus aucun son, le lien entre sa porte et la sienne avait disparu.

Qu'est-ce qui lui avait pris de penser qu'elle pourrait être une sorcière normale ? Qu'elle pourrait vivre parmi ses semblables ? Elle n'avait jamais eu aussi peur de leur faire du mal. Elle était maudite, tous ceux qui l'approchaient étaient voués à mourir. Un pouvoir qui portait bien son nom, seule, elle était destinée à être seule.

Dans un craquement, Severus apparut à quelques mètres d'elle.

— Qu'est-ce que j'ai fait ? sanglota-t-elle en s'effondrant contre le mur. 

Le Pouvoir Solitaire (Fanfiction Harry Potter) Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant