Chapitre Quatre

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Xiev est son nom, et la foule, dans les gradins, le chantait comme une prière grandiose. Ultime et unique vainqueur, il est le seul qui continuera d'exister. Se faire chanter ou oublier, voilà, après plus d'une année, que Xiev comprennait le sens ultime de cette expression.

Le soleil l'éblouissait, il voyait flou, le temps semblant s'allonger. Son objectif lui semblait désormais à portée de main.

Nouveau brouhaha de cris passionnés en provenance des gradins. Divers instruments jouèrent, sous les choeurs fanatiques, l'apothéose digne du nouveau champion.

Tous les participants des combats à mort sont mort en tant qu'anonymes aux yeux du public, cependant, seul le vainqueur marquera les esprits.

Il se fit engouffrer par la pierre du Stade, et avant qu'il ne s'en aperçoive, l'infirmerie l'accueillait.

- Heureusement, pour toi les combats sont finis. (Elle l'enlaça.) J'espère que tu vas être plus prudents pour la finale à Lorgnefer ! ...

-Cette finale n'aura pas lieu avant des mois, Violette. (Xiev reprennait ses esprits et l'écarta brièvement.) En plus, Forgécaille me donne déjà toute la réputation dont je pourrai avoir besoin. Tu t'en fais trop pour moi...

Alors qu'il terminait sa phrase, leur yeux se frolaient. Leur nez se touchèrent avec ardeur. Ils s'embrasèrent. Entre deux souffles, la femme osculta d'une carresse l'état de son soupirant.

- Tu te soignes toujours aussi rapidement, Xiev... Les quelques commotions que tu avais en entrant ont déjà disparues...

Soudain, une vague de nostalgie emporta Xiev. Jusqu'où mon destin m'emportera-t-il ? Jusqu'à quel point mon ascension dans ce championnat m'éloignera de ceux qui m'ont accompagné ? N'est ce pas une question à la portée effrayante ? C'était la dernière fois que Xiev était à l'infirmerie. Passer une nuit à l'interieur n'est pas possible si l'on ne combat pas. Déterminé à ne pas oublier cette dernière fois, il saisit les hanches de Violette et la monta sur un établie en pierre. Des herbes médicinales tombèrent. Xiev s'abandonna à la passion. La pression de la finale avait disparu.

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Il faisait froid.

Xiev était dans le noir.

Toutes les torches éteintes plongeaient le couloir dans une inhabituelle obscurité. Xiev quittait son lit vulgairement fait de pierre et de paille pour s'enfoncer dans la nuit. Il ne trouvait personne. Cet endroit devait piurtant être remplit de guerrier ! Où étaient-ils ? S'approchant de la salle commune, il s'appuya contre un pan de pierre infesté de lichen afin de garder son équilibre. Il ne s'était pas encore tout à fait remis de ce satané combat. L'odeur du nauséeux ragoût de la cuisine dont est imprégné en tout temps le Hall des Halos ne se sentait pas ce soir, ce qui l'inquiéta un rien. Il avait déjà, depuis plusieurs dizaines de mètres, perdu la notion de l'espace autour de lui. Ne régnait que le noir, et un vent gêlé qui caressait ses jambes avec la vigueur d'un rasoir. Il n'existait rien d'autre que l'humide carrelage de pierre verte. Parfois couverte aussi d'une brume fantomatique, venant de dieu ne sait où. Il tâtonna dans cet endroit qui lui était si proche, si lointain. Le sol de pierre laissa progressivement de la terre le recouvrir Plus il avançait, et plus il pataugeait dans une boue pâteuse, comme si il n'était dès lors, plus dans le Stade et même hors de Divinia. Lui confirmant ses fantasques inquiétudes ; un pin se tenait droit devant Xiev. L'endroit ressembla alors à une profonde forêt de pins. Des flocons de neige chutaient violemment au sol ; provoquant ainsi des impact dans la boue, creusant aussi la terre elle même. C'était impossible qu'il neige à Forgécaille ! La ville-âge est trop près de l'Immolavit Terrae, une terre de feu aux alentours consumées. Les arbres se recouvraient pourtant très rapidement de neige. Les branches épineuses se balançaient avec folies dans tout les sens possibles. Le bois craquait, diffusant une odeur rustique inconnue. Le vent hurlait des paroles, aboyait et giflait des mots.

- Soleil t'a choisi mais protège ton ombre de sa lumière.

Xiev avait froid. Vraiment froid. Tellement froid que son corps entier brûlait. Les flocons le bousculaient dans un sens, puis dans l'autre, le perdant toujours un peux plus. Ils plongeaient tous sur lui. Son corps déjà meurtri périssait face aux éléments. Son sang coulait sur sa tunique poisseuse, colorant le tissu et la glace. Lui infligeant de grandes douleurs, manquant tous de le mettre à genoux, les blocs de glace finirent par le battre à même le sol. Au bords de l'évanouissement, il senti la chaleur réconfortante d'une sorte d'astre. Sa lumière fit fondre l'eau, allant jusqu'à l'évaporer en une buée gigantesque. Recroquevillé, comme passé à tabac, Xiev n'était plus rien. La lumière s'approcha de lui, le soignant progressivement. Elle l'entourait entièrement quand, à l'intérieur même de la sphère, une porte se matérialisa. Elle s'ouvrit et il se retrouva dans... un bureau ?

L'Ordre de la Pénombre : Eclipse ou L'HorizonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant