Chapitre Dix (4)

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Zikaria courait. Il se sauvait des explosions, des déflagrations, de l'enfer. Il entendait derrière lui le carnage du combat. Les passants dans la rue principale étaient assis au sol, certains allongés, priant les dieux. Ne comprenaient-ils pas que les dieux se battaient juste devant-eux? Il méprisait leur ignorance, ils étaient faibles et si loin de la compréhension...

Le diverneur de la ville-âge, Arän. Zikaria soupçonnait fortement Arän de s'être ralliée avec les sangores. Ils étaient si proche durant le banquet. Alors qu'il doutait même du diverneur, R'ren et Nevus surgirent devant lui.

- Nous avons prit une caravane, des bandits nous ont tenu une embuscade. Nous devinrent leurs otages, ils nous amenèrent à leur gîte, une grotte, ancienne annexe de la carrière. Ensuite, ça n'a pas été compliqué. Leur chef avait dit avoir vendu les ressources, clandestinnement. Le marché noir n'est pas surveillé, et les retrouver prendraient trop de temps d'après Arän, donc nous avons liquidé les vingt bandits. Finalement, nous revoilà venu vous chercher, et nous tombons sur toi, Zikaria. Tout va bien? Allez, dis à Orion et Xiev de retourner au manoir d'Arän, nous ne tarderons plus.

-...Alors c'est comme ça qu'il prévoyait la conclusion de cette félonie?

-... ?

- Où est-il ? Où est Arän?


Zikaria savait. Arän ne comptait pas sur la réussite de leur quête. Il pensait pouvoir leur offrir un gourou, les bandits, bonne idée. Cependant, Zikaria eu bien fait de ne pas révéler ses doutes lors de la synthèse. Il savait qu'Arän n'était plus dans le camp de la justice. Zikaria comptait bien venger Nirvanium pour cette trahison. Zikaria, généralement maladroit et timide, était alors confiant et autoritaire.

- R'ren, il va te falloir être rapide à comprendre. Xiev est mort. Le majordome M aussi. Comprenez, que M et le capitaine de la garde sont des sangores. Premièrement, ils étaient très proche d'Arän durant le banquet. Deuxièmes, Arän a visiblement voulu vous donner un autre scénario pour expliquer le vole de ressource. Maintenant, il n'y a plus qu'à amener ce parjure à Nirvanium. Profitons de l'effet de surprise, sinon je ne crains qu'un diverneur ne soit au dessus de nos...

Une immense explosion ravagea la ville. La rue où ils discutaient nerveusement fut aspergée de poussière et de débris. Projeté au sol par la pression du vent, Zikaria venait de convaincre ses deux amis. Ceux-ci se regardèrent, craignant effectivement le pire. Des flammes, des roches en feu, toute sorte de choses tombaient du ciel. Les pires prophéties n'auraient jamais pu imaginer une fin du monde plus infernales que la vision qu'ils avaient de la ville loin devant eux. Zikaria affirma enfin :

- Le diverneur est au courant. L'explosion vient de l'en informer. Préparons-nous à un combat féroce.

///

Xiev reposait près des restes d'Orion. Seul une partie de sa colonne vertébrale, des côtes et de l'épaule gisaient dans la poussière. C'était un miracle qu'il en reste un tant soit peu. Arriva alors Arän. Il fixa le corps calciné de Xiev et les restes du cadavres.

- Zikaria a fui, Nulthag emportant Masius, se recueille plus loin, est-ce...? Il ne reste plus que lui.

Il s'agenouilla aussi, empoignant le restant d'épaule, retenant la perte de son ami. Aucune larmes ne coulèrent contre les joues de son visage, mais la douleur qu'il contenait, son silence, étaient bien plus tristes qu'aucune larme ne pourraient l'être.

- A-t-il dit quelque chose, avant de... partir ?

- ... Il a dit... Oui, il a dit qu'il savait qui j'étais. Vous savez Arän, il s'est sacrifié pour ...moi?

Son expression s'illuminait, au contraire du désespoir, un espoir surplomba tout. Arän se relevait, semblant choqué, mais aussi émerveillé par la vie, par l'existence, la providence et le destin. Il respira tout cela, puis souffla à Xiev un enseignement distinct:

- Au Sanctuaire, un seul livre est réellement puissant. Celui du Manifeste caché de la pénombre. Ce livre, ne le montre à Personne. Toi seul peut le comprendre, le lire, le prendre. Tu m'entends? Il haussa la voix, le ton impérieux, grave. La puissance, celle-là même dont je te parlais, y est inscrite. En plus de ce livre et de ses enseignements, recherche, tout aussi secrètement, le Praesidium. Tu ne peux imaginer comme je regrette de devoir te quitter... Xiev, Crépuscule n'est pas loin, tu la trouveras, je te l'assure, mais à une seule condition : Tue-moi.

Le pauvre homme semblait perdre la raison. Il gesticulait, articulait des mots nouveaux, Arän voulait-il réellement que Xiev le tue? Non, sans-doute la folie le possédait à ce moment. Mais Xiev ne pensa plus de cette façon encore bien longtemps.

- Je suis allié aux Sangores. J'ai fait venir ici Masius et Nulthag. C'est comme si j'avais tué Orion. Je veux détruire Nirvanium et renverser les éclairés. Xiev, je veux abattre tout ceux au travers de mon chemin, et je me ferai un plaisir de trancher chaque Haut-Divin. Tue-moi! Xiev..! Tue. Moi!

Ses aveux ébranlèrent Xiev. C'était un complot complet qui se tramait à Astrale! Arän crachait ses mots, il les martelait avec une chaude passion destructrice. Xiev n'agissait pas. Si Arän se décrivait lui-même comme un ennemi publique, il restait un diverneur. Pourquoi vouloir mourir quand on a de si grands idéaux? Arän lui tendit une dague d'une sombreur céleste.

-Sauve moi, expira-t-il.

Voulait-il dire qu'en mourant il se préservera de tout ses pêchés planifiés? Xiev n'en savait rien, néanmoins, il devait venger Orion, et protéger tout ceux important pour lui : R'ren, Zikaria, les Haut-Divin, Nirvanium... Guidé par la main du traître, Xiev appuyait la lame pointue contre le cœur d'Arän. Il l'enfonça, traversant sa chair et transperçant son organe. Mourant, Arän posa sa main ensanglantée contre l'épaule de Xiev.

- Ne leur dis pas que je t'ai demandé de me tuer, il ne te croiront pas... Il vomissait abondamment son sang, mais continuait imperturbablement. Dis leur que tu avais deviné ma traîtrise, que tu m'as tué quand j'essayais de te... recruter. La moitié, est vrai. Xiev.

Les yeux ambitieux d'Arän, ceux même qu'il admirait deux jours plus tôt, s'éteignirent. Devant lui, deux cadavres soupiraient. Xiev, balança au loin la dague, et s'effondra en arrière. L'adrénaline retombait, et son corps lui rendit toute la douleur d'un coup. Il ne sentait plus du tout son bras gauche, et ne voyait plus que d'un œil. Il soufflait enfin pour la première fois depuis le début de l'affrontement. Le jeune éclairé devenait à ce moment un héro du Nirvanium : Celui repoussant la Félonie.

///

Les clochers d'Astrale sonnaient l'aube. Quelques jours après la destruction d'une grande partie de la ville par le combat confrontant Xiev, Orion et Nulthag, les quatre compagnons prirent le chemin du retour, le temps pour eux était venu de rentrer à Nirvanium.

Des Haut-Divin étaient prestement venu entendre le rapport des éclairés sur leur quête. On voulait comprendre pourquoi un diverneur a été tué par un bleu! Aussi, l'Instigation de Nirvanium voudra recevoir dès leur arrivée Xiev et Zikaria pour s'assurer de leur état – physique comme mental – après des évènements si rapide et bouleversant.

Chacun de ces grelotant dernier battement

Est comme le dernier écho de ta force d'âme.

Page à la mort perméable

Ton sacrifice rit aux cendres.

Appel humide,

Dernier Pardon,

Feu mon ami;

Orion.

Fermant sa fiole d'encre diluée de l'armes, Xiev rangea le vieux carnet rouge, bleu, or et onyx, acheté à la zone sous-sable. Les clochers d'Astrale sonnaient l'aube alors qu'ils empruntaient le chemin de terre. Xiev regarda au loin. Au loin, les écho sonnaient jusqu'au groupe s'éloignant. Le paysage lui faisait ses adieux. Mélancolique, Xiev mémorisa les champs, les collines et les arbres, avant de pouvoir se retourner et avancer avec ses compagnons, et poursuivre sa route. 

L'Ordre de la Pénombre : Eclipse ou L'HorizonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant