Chapitre Six (1)

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     Forgécaille était une ville-âge. Il existait un nombre défini de ville-âge. Une ville n'obtenait pas le suffixe "âge" par magie. Il lui fallait un divin. Les divins sont des êtres inimaginables. Il était clair, lorsque le Diverneur de Forgécaille accorda une rencontre à Xiev, que celui-ci étais déjà allé plus loin que la plupart des individus courtisant aux pieds de ces divins.

Pour la cohésion de Divinia, chaque ville est spécialisée. Forgécaille fut spécialisé dans l'extraction de minéraux il y a des dizaines d'années, mais le Stade, la vente d'esclave et les combats de rues ont depuis remplacés le quotidien. Bénéficiant auparavant d'une ressource en pierre quasiment infinie, les murs d'enceinte de la cité furent bâtis avec. Parfaitement réparti afin de séparer les riches des pauvres. Au centre exact de tout cela, au sommet, trônait le Stade. Une ambitieuse construction qui couta ce qui restait des mines arrêtées. Elle coûta aussi la vie de nombreux travailleurs.

Ainsi, Drégorr emmena Xiev aux travers d'escaliers de grès remarquable. Ils arrivèrent sur le toit du Stade, le toit du dessus des gradins – autant dire le toit du monde – oui, c'est là qu'ils avaient grimpé. La façon dont Drégorr attendait l'aube, et prenait plaisir à lui montrer cet endroit paraissait presque symbolique. « Fixe-le une dernière fois, Xiev. Nous partons. » Malgré cela, il nous aura fallu attendre deux heures de plus avant de voir le soleil enroser le ciel.

Partir ? Et que faire de la suite des combats d'arènes à Lorgnefer ? Partir ! mais où ? Derrière ces questionnements, Xiev pensait que toute cette hauteur laisse rêver à de bonnes destinations... A l'aube, Drégorr lui apprit qu'ils allaient rejoindre Sudor et l'un de ses amis dans la ville. Il n'a pas penser utile de dire où précisément. Xiev ne pouvait en vouloir à Drégorr de ne lui procurer une destination précise. Il ne connaissait que ce gouffre de sable et de poussière. Malgré la sympathie qu'il offrait, ça ne changeait en rien, il intimidait encore Xiev. Leurs conversations restaient très évasives, il semblait logique pour Xiev de faire ce que Drégorr disait, de rester patient, d'attendre que les réponses viennent à lui.

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Ils redescendaient dans la ville, vers la zone Sous-Sable. Contrairement à la veille, l'heure matinale n'avait pas encore tirée la foule de son sommeil. Les couloirs dormaient, vides. Seules quelques commerces courageux découvraient si tôt leurs marchandises à l'air frais. C'est au bout d'une intersection que Xiev aperçus deux hommes. Il eut quelque mal à reconnaitre Sudor, ses habits, contrairement aux siens, avaient séchés. Il était assis sur une caisse en bois, ses coudes posés sur ses genoux. Ses mains parcouraient son visage, grattaient ses cheveux, aussi violement que bruyamment. Il semblait très préoccupé. Plus serein que lui, attendait également un homme assez grand, d'une carrure imposante mais tout à fait agile. Lui aussi revêtait une longe cape le recouvrant. Ses cheveux bruns, mi-longs, ébouriffés, lui atteignaient le haut des yeux. Sa mâchoire musclée contrastait avec un regard intelligent qui sondait emphatiquement son propre regard. Si Xiev croyait le décrire, lui l'analysait.

- Xiev, R'ren. R'ren, vlà ton bleu-bite.

– C-Content de vous renc...

– Ne t'encombre pas de manières avec moi. Dit R'ren d'un ton rassurant. Je n'accepterai que le tutoiement de ta part, c'est compris ?

C'est ainsi que son clin d'œil conclu leur marché. Enfin, ce n'est pas comme si Xiev avait envie de refuser, ou si il avait le choix. R'ren l'amusait. C'était apparemment sa première fois à Forgécaille, et de nombreuses questions, des conditions de vies au quotidien, coulaient en abondance de ses lèvres. Si Drégorr semblait dur mais respectable, R'ren était amical et sociable. Ses gestes, parfois brusques d'emphases, coloraient parfaitement les allées taillées dans le grès. Allées qui se remplissaient de plus en plus. Comme s'il manquait d'exploser, Sudor était rouge. Son visage saillait d'une veine nerveuse. A travers un grognement, il râla:

- On va être en retard Drégorr, on doit y aller, tu le sais bien... Dépêchons-nous... Il termina en baissant les yeux, au ton de sa voix tremblante, Drégorr l'effrayait beaucoup.

-Tu sais qu'on attend q'toi, bordel. Lui lança en échange Drégorr.

– Je regrette de t'avoir frapper, Xiev. Dit-il, rapidement, en sautant à terre. Bon, si personne ne se décide, j'y vais, moi.

R'ren soupira d'un sourire et le suivi. Drégorr ne s'attarda pas non-plus, mais fixait encore Sudor d'un regard noir. Les autres ont forcés la main à Sudor pour qu'il présente ses excuses. Elles étaient triviale, mais de bonnes excuses ne feraient pas taire la douleur de la mâchoire de Xiev. Je vais devoir m'en contenter, soupira-t-il. Mais ma canine me manquera. Il rattrapa hâtivement ceux qui lui offraient de nouveaux horizons. Ils allaient... mais... où allaient-ils ?

L'Ordre de la Pénombre : Eclipse ou L'HorizonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant