Chapitre Vingt-Cinq (2)

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Au moment où Inoza leur apprenait que le traître était Ire, la robe de Nulthag ondula. Rigide, Nulthag revint des années en arrière. Il revoyait Ire. Et, passant outre les recommandations de Sius, il détesta à nouveau cet homme sans honneur. Ire n'avait jamais été un bon camarade. Aucune once de pitié, de sympathie ou d'empathie n'existaient en lui. Sius eu reconnu en lui un potentiel, et ils l'acceptèrent. Mais là. La douche froide. Nulthag voulât en découdre avec le lâche, jusqu'à ce que l'intégrité de Xiev le préoccupa. Justement, à l'arrivée de Inoza un instant plus tôt, Xiev eu recommencé à bouger. Mais lorsque Nulthag regarda le monolithe, il ne vit plus Xiev.

Un filet de poussière restait seul sur le lieu. Tandis que quelques soubresauts plus loin, une partie du buste d'Aurore sortait d'une roche.

R'ren, qui suivait le regard de Nulthag, laissa échapper un hoquet de surprise. Nulthag fonça vers Aurore.

- Que c'est-il passé ?

Wenn tournoyât sur elle-même. Lorsque sa torsion fut terminée, elle possédait au bout de ses bras deux cestes. Elle épiait avec urgence une attaque ennemie. Les avaient-ils suivi si loin ?

- C'est bon, Wenn. (Inoza leva vers elle une main confiante.) Xiev est apparement parti tuer Ire. Nous savons tous comment l'éveil décale la perception du corps et réajuste toute dimension de force. Déjà surpuissant, Xiev vient de débloquer de nouveaux pouvoirs sauvagement bruts, et ces capacités sont la cause de cette situation.

- Fait quelque chose, elle meure, bon sang !

Nulthag ne pouvait que tenir la main crispée d'Aurore entre ses doigts. Il ne pouvait la déplacer. La partie inférieure de son corps avait définitivement fusionnée avec la pierre. Aurore essayait de parler, mais ses poumons n'avaient pas la capacité de fonctionner, étant dans la pierre. Inoza s'approcha.

- Vous savez comment mon don fonctionne. Reculez-vous. Donne moi un objet. ( Il regarda Aurore) Je suis désolé. Ce n'est pas un destin heureux. ( Il attrapa ce que Wenn lui jetait hâtivement.) A bientôt.

Un coup de dague noire lui enfonça le cœur. Les yeux d'Aurore se vidèrent de vie sur le coup. Nulthag pleura quelques larmes. Il enlaçait le corps de son amie.

- Il n'avait pas été assez prévenu...

- Ne lui trouve pas d'excuse. Xiev avait d'autres choses en tête, et il a négligé Aurore.

Inoza, de son professionnalisme, restait impartial. Il ne pardonnait ni n'accusait complétement Xiev. Il donnait de temps en temps des coup d'œil à Akal. Il s'apprêtait à partir quand il se tourna vers l'ensemble du groupe choqué.

- Ne restez pas là. Bougez-vous. L'armée de Zikaria entoure la rivière. Déchaînez-vous. Détruisez-là. Sans perdre un instant à compter les vies que vous prendrez. Car en face, cette armée ne comporte que les éclairés les plus lâches et méprisables.

- Où tu vas ?

- Ne t'en fais pas, Parko. Je ne risque pas ma vie, moi. ( Il baissa ses yeux en lui répondant.) Je n'ai jamais été celui qui combattait. J'œuvre pour que notre camp ne perde pas le fil. Wenn, ils ont besoin de toi.

- Vous savez comment je n'aime pas vous laissez seul, maître.

- Et pourtant.

- Et pourtant... ( Elle lui tourna le dos.) Allons défendre cette terre sacrée !

R'ren ne perdit pas de temps pour rejoindre le front. Il fit un clin d'œil à son ami et Parko s'envola d'une poussée; Nulthag courait, des empruntes enflammées derrières lui; Wenn le suivait tout près. Akal avait observé l'ensemble de la scène sans fléchir un muscle. Ses yeux, désolés; et son regard triste ne pouvaient rien y faire. Ce dernier disparut à travers une émanation pourpre.

///

Nulthag s'essoufflait. Les gouttes qui se posaient sur sa peau fumaient. La vapeur autour de lui intimidait certainement les soldats éclairés. Au fur et à mesure, de moins en moins d'éclairé s'avancaient. La différence de force entre l'ancien parfumeur et les banals soldats était comme un fleuve balaie une rivière.

Les flammes de Nulthag crépitaient entre ses paumes. Il devait supporter la mort d'Aurore et de Parko en seulement quelques heures. La première n'était pas définitivement perdue, car Inoza conservait sa présence grâce à son don. Cependant, Parko... C'était une perte immense. Et le pauvre R'ren en est terrassé.

Les respirations devenaient rauques et déchirantes et le rythme ralentissait. La plaine et la rivière ne constituaient plus qu'une mare de boue. Des cadavres mouraient asphyxiés par l'effort de la guerre, d'autre mouraient dans du magma tiède et les plus malchanceux n'en étaient pas tout à fait mort. Akal vola au dessus de tous.

- La bataille ne continuera pas. Le zélateur Zikaria s'est enfui, et l'armée d'Ire n'est plus.

- L'illustre armée d'Ire ?, des rictus s'élevaient. Elle savoure sa victoire et la prise du campement...

- L'hybride n'est pas de cet avis.

Un frisson parcourut les dernières centaines de combattants. L'Hybride ? Où ? Mais ils n'eurent pas le loisir de s'inquiéter. Au bout des doigts d'Akal, un grand portail apparaissait. Au delà du portail, un camp détruit et des montagnes de cadavres. Mais sous la dignité d'Akal. Chacun traversa, à la file, le portail.

Fermant la marche, les alliés portaient le corps de Parko et regardèrent avec curiosité Akal. Lorsque tous furent passé, ils étaient au camp. Une grande armée s'agenouillait devant une présence divinement supérieure.

Sur la place autrefois pavée, un bloc absolument carré soulevait la tête d'Ire. Akal ferma le portail et vola jusqu'à Xiev. Les deux parurent bien se comprendre. Xiev hochait du menton. Akal s'éloigna un peu, et, prenant position face à une infinie montagne, il leva ses bras. Lorsque ses mains furent alignées avec la montagne, il poussa l'air comme pour séparer quelque chose.

Du point de vue de Nulthag, ou d'un simple soldat, on ne voyait pas le but des gestes d'Akal. Pourquoi tremblait-il en poussant de l'air ? Il n'y avait rien à par de l'air. Mais ce fut une conclusion hâtive. La cime rocheuse commença par s'effondrer. Ensuite, l'entièreté de la montagne se sépara. Lorsque le creux fut conséquent, Akal envoya un coup de poing. L'espace s'élargi d'un coup.

Devant eux venait de s'espacer une ouverture. Loin, là où elle ouvrait, une seconde île apparaissait. Xiev tourna lentement sur lui même, les regardant tous, avant de leur parler. Il profitait à nouveau d'un choc collectif pour prendre la parole.

- Ne vous demandez pas plus longtemps ! Mes alliés sont puissants, ils ont acquit le savoir. Dans ce monde, il faut savoir pour pouvoir. Nous savons, et vous ? Qu'attendez-vous de plus ? Akal ! Franchissons ce portail ! C'est maintenant que vous reprenez vos vies. (Il engloba de deux grands bras la masse qui l'écoutait et pointa du poing l'ouverture créée) Traversons sans craintes... Car nous venons de reprendre le contrôle de Crépuscule, et cette seconde île occupée par Solfin suivra, puis, nous passerons à Kurios, à Divinia. Reprenons Divinia ! Cette terre d'éclairés où nous avons vécu, nous ! Nous ! tous des humains, en partie et l'origine !

Un vivat mythique secoua le lieu. Le nombre s'exaltait lui même, on leur proposait pour la première fois le choix. La majorité d'éclairé trouva cette déclaration très alléchante. Instantanément, ils furent très fidèle à la force du légendaire Hybride. De la prophétie, de la force et de l'insurrection, la masse s'engagea dans la quête de Xiev.

Un portail grand comme la voute supportant le ciel s'invoqua devant l'ouverture poussée par Akal. Cette fois-ci, Xiev et lui passèrent en premier.

De l'autre côté du portail, un terrain vague couvert de tentes pitoyables transparaissait. Le sol sableux roulait sous les coups du vent bleu. L'air fin oppressait le sol plat. Il n'y avait pas de végétation, la vaste cuvette entouré par les quelques collines abruptes n'eu offert aucun cadeau aux envahisseur. Des masses horrifiées se tassaient le plus loin possible du centre ; seul un homme resta de marbre devant le portail. Alors que ce dernier vomissait l'armée fidèle à la liberté offerte par Xiev, les éclairés rallié au camp de la justice se rangeaient derrière leur chef.

- Salut, Solfin.

Les plis de son visage moustachu exprimaient une grande nausée. La nausée d'une chose qui ne devrait pas être. D'une chose en dehors du cadre des choses. Une anomalie.

L'Ordre de la Pénombre : Eclipse ou L'HorizonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant