Il était difficile de distinguer son visage. La sueur sur son front réfléchissait le Soleil. Ses pas rapides balayaient le sable et les grains éjectés sous ses appuis fouettaient l'arène. La rapidité habile du jeune homme était d'une atroce inefficacité contre son adversaire. En face : un colosse de deux mètres trente. Fréléeu le Titan.
Agissant comme un animal, il fonçait sur tout ce qui se mouvait. Le jeune homme s'essuya le front. Les deux hommes se regardaient. Le Titan s'avança. Il prenait de l'élan, il était épuisé. Il fonça droit devant lui, il déboulait sur son jeune adversaire, le choc allait être suprême. Mais, le choc n'eut jamais lieu. Fréléeu eut baissé sa garde par l'impatience de l'épuisement. La lame du jeune homme n'eut aucun mal à s'infiltrer dans le haut du crâne du géant baissé.
La vue du jeune homme se rétrécit. Ses jambes ankylosées, il s'affala à côté de la masse en sang, feu son ennemi. Ses genoux et ses paumes le rattrapèrent. Mais l'épuisement le surpassait. Ce gars m'a sûrement cassé toutes mes côtes. Pourquoi il charge la tête baissée comme un animal ? S'exaspéra-t-il, dans un dernier souffle. Son corps s'écrasa contre le sable brûlant de l'arène, Il sentit le sable se coller contre sa peau poisseuse de sang – celui de son adversaire – et de sueur. Il entendit soudainement la voix de l'animateur qui, dans son épaisse corne de Féroglier, annonçait à la ville le résultat du duel :
- Pourtant favori de la section C, Fréléeu le Titan à perdu le titre – et la vie – face à Xi-Xi-Xiiiev Lame-Sanglante !
Deux personnes vinrent soulever le champion immobilisé, on l'entraîna hors de l'arène. Sa fierté en prit un sacré coup. Il ne pouvait même pas quitter ce lieu lui-même. Mais plus sérieusement, pourquoi il m'a foncé dessus comme un animal ?! Ce lieu n'est autre que le réputé Stade.
Géante infrastructure, le Stade est une arène accueillant chaque jour des combats. Mesurant une hauteur se comptant en dizaines de mètre, et trônant au sommet d'une large colline, le Stade est l'activité principale de Forgécaille. Cette ville-âge, autrefois minière, située autour de l'immense arène et s'étalant du sommet de la colline à sa base, est à ce jour la capitale des combats d'arène.
Beaucoup s'y aventurent en quête d'une rémunération qui calmera leur faim, et la faim étant omniprésente à Forgécaille, les coulisses et dédales de couloirs ne sont jamais vides. Toujours, les élites de la ville-âge se trouvent dans les gradins. Les combats sont pour eux comme un mets inlassable. Ayant de l'argent, ces élites payent un prix d'entrée, et ce prix d'entrée est redistribué aux combattants.
En quittant l'Arène, et en rentrant dans les fortifications du Stade, la fraîcheur, émanant de la pierre aux interstices couverts de mousses, l'eut fait reprendre ses esprits. Il connaissait cet endroit comme le trou de sa vieille tunique. Ici vivent les gladiateurs et autres combattants de l'arène. Tous ne participaient pas à des combats à morts, seuls les fous à lier – où ceux qui dussent rembourser de grosses dettes – se risquaient à mourir. Ouais, des gens comme moi, se rappela le jeune homme. Il combattait à chacun des dimanches de la compétition. Avant le zénith, de longs échauffements l'entraînaient dès les premières heures. Les combats se déroulent quotidiennement ; tous sont répartis en catégories, et ces catégories ont lieu un jour précis dans la semaine.
- Xiev ! Tu l'as fait, mais r'gardes dans quel état ! S'exclama un joueur de Joute du mardi.
- Lame-Sanglante, où est donc passé ton glaive au fer à la teinte écarlate ?
- Là-bas, arriva-t-il à répondre à l'Att-Hakant du jeudi, en pointant le bout lumineux du large couloir, en pointant l'arène.
Les combattants le charrièrent jusqu'à ce que l'on l'eût déposé sur un lit dans l'une des petites alcôves creusées timidement dans les couloirs de l''infirmerie. Le couloir ne disposait pas de décoration. La mousse et les rares torches se présentaient comme les seuls meubles. La cellule dans laquelle il était couché était disposée aux gagnants, leurs permettant de se reposer plus sereinement que s'ils auraient partagé la salle commune du bout du couloir. La salle commune, aussi appelée le Hall des Halos, avait l'honneur d'être leur dortoir, réfectoire et bibliothèque celle-ci seulement composée d'une étagère portant de gros livres décrivant un petit sorcier, au front mutilé par un méchant champion, qui fait du sport en attrapant des ballons qui volent. C'était le livre favori de tout les combattants.
Une soigneuse, vêtu d'une tunique bleu ciel assez serrée, ainsi qu'un serre-tête surmonté d'une croix, pénétra dans ce qui était la chambre des blessés le temps de leurs guérisons. Exaspérée de le voir encore couvert de blessures :
- Tu gagnes, tu gagnes, mais qu'en dit ton corps ? Le sermonna-t-elle comme à son habitude.
- Admet tout de même, Violette, que ça a été fourbe de sa part de me plonger dessus comme ça ! Rétorqua-t-il à travers une grimace théâtrale.
- Tu m'en diras tant... Soupira-t-elle en inspectant son bras d'un massage entreprenant.
Xiev est son nom, et la foule le chantait dans une liesse harmonieuse. C'était un grand jour. Le genre de jour où votre existence prend forme. Xiev venait d'abattre le dernier concurrent qui le séparait de la finale. Bientôt, dans six jours et demi, un nouveau combat aura lieu. Un combat qui décidera du destin du continent, mais, rares sont ceux qui le savaient.
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L'Ordre de la Pénombre : Eclipse ou L'Horizon
FantasyL'Ordre de la Pénombre : Eclipse ou L'Horizon narre l'histoire de Xiev, jeune combattant qui se voit accorder par un étranger de passage un destin à la tournure inattendue. Xiev est à deux doigts de devenir le champion de Forgécaille. Cependant, son...