Chapitre Vingt-Six

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- J'ai été prévenu. Mais comment le croire ? Un être si puissant qu'il rallia par sa transcendance les forces les plus radicales d'une races supérieure. Ce n'est que partie remise. Un jour viendra... Ce jour marquera ta fin. Car ce dont tu viens d'éveiller le monde n'était pas un long zénith, ce fut un triste rayon. Cette sieste que tu amènes sera la toute dernière. Kurios ne connaitra plus aucune interruption dans son règne. Les humains saurons, pour l'éternité, comment servir notre race.

- L'harmonie que j'apporte est intrinsèque à nos races. Kurios refuse de se l'avouer, vous n'êtes pas obligé de suivre sa décadence. Notre nature cachée est claire et c'est l'harmonie qui en résulte.

- Tu n'es pas mon Dieu. (Solfin matérialisa un large bouclier et se prépara à la confrontation.) Je ne te laisserai pas le loisir de ma vie.

- Je ne me serais pas amusé de ce loisir, je ne m'amuserai plus à rendre les coups.

Une ombre occulta brusquement le Soleil qui réfléchissait sur la surface brillante de l'armure de Solfin. Sans un changement dans le monde, comme si Xiev avait été là depuis une éternité. A quelques centimètres de l'oreille de Solfin, le souffle des mots de l'Hybride pénétra son ouïe. Les mots furent entendu avant qu'on ne puisse réellement s'apercevoir et réaliser qu'il se soit approché jusqu'à Solfin. La taille de Xiev était largement plus grande que celle de Solfin. Lorsqu'ils réalisèrent la force incomparable de Xiev, l'éclairé écarquilla jusqu'à ses orbites. Il avait peur. Peur de devoir reconnaitre la réalité de son tragique destin et du grandiose destin de celui qui le tuera.

- Tu oses manier sur moi ce que je cherche ? Leur peuple n'en avais pas besoin, finalement.

- Leur peuple ? Notre peuple me l'a confié. Nous n'avons plus à être confiné. Le monde appartient au monde ! Il n'aurait jamais du en être autrement.

- Ton rêve de justice est un délire absurde.

-Une armure telle que celle dont le Mal t'a doué ne peut pas tromper ton Destin. Ton Destin est de mourir.

Un joyau taillé en côtés irréguliers apparut dans le creux de la main de Xiev. L'appuyant sous son oeil droit, la joue et une partie du crâne de Xiev se conformèrent à la dimension de l'artefact au travers d'une explosion mentale de sang violet. Quand il retira sa main, son visage portait le joyau. Comme une larme tragique apportant un pouvoir justicier, le joyau brilla. Son essence aspira la couleur environnante. Solfin devint pâle. Le bras de Xiev se leva en même temps que le départ des sons. Lorsqu'il s'abattit sur la tête du pauvre tombé à genoux, la main traversa l'éclairé. Solfin cessa d'exister, les couleurs et sons réapparurent. Le coup de Veritas, la lame au jugement incorruptible, venait de tomber.

Personne n'aurait pu croire que ce fut là la forme de l'artefact si redouté. Sa manifestation surprenante souffla calmement le sable sous le pied des spectateurs. Il n'y eu pas de grande bataille. Il n'y eu pas d'effusion de sang. Il n'y eu qu'une conversation, puis, le jugement d'un dieu armé de la plus grande arme : le joyau incrusté de sa joue.

///

Loin du vacarme des officiers qui dirigeaient leur groupe et neutralisaient les dernières forces ennemies en liant leurs poignets, Xiev s'était isolé. A califourchon sur un tronc allongé, un carnet entre les doigts.

Une page déviergée se froissait sous le toucher du vent. La plaine brûlée chantait. Palpait. Soignait. Sur le papier, une phrase se démarquait, l'encre fraîche l'élevant à la vision. « Mots pour les justes et injustes. »

Akal, au loin, approchait lentement. Derrière lui, Xiev constatait que les affaires du camp de Solfin allaient être complétement empaquetées. Dans un coin de l'arène désolée vide de chose, Xiev s'était isolé pour écrire un poème.

Larme de mes ennemies,

Prend justification.

Je n'ai et ne veux pas abuser de ma puissance. J'ai compris quelle était ma place. Les autres ont-ils compris ?

L'injustice pourrait prend racine dans la passion mal placée de ceux avec qui j'ai déjà eu des altercations.

Je n'ai pas à justifier mes faits à ceux qui ignorent ce que je fais. Et pour quoi je le fais.

Il est de mon destin de vaincre ces racines passionées de la corruption d'un dieu trompeur.

Puis,

La graine des idées, sous un nouveau jour, se montrera.

Hargne fervante,

Que la consolation de l'Ordre te trouve.

Toutes ces âmes en peines... Ces éclairés me suivent, retourneront-ils leur veste ?

Il ne semblent pas être de bons alliés. Ils ne sont pas repentant de ce qu'ils furent, sont-il encore des ennemis puisqu'ils sont les mêmes?

Seule ma puissance les forces au respect, je les achètes avec l'impression d'un choix.

Une seule bannière doit les unirs.

Celle de la justice, mais comment s'appellerait-elle ?

L'Ordre ?..

Une paix dans la communion de trois races.

L'Ordre sera la bannière d'un nouveau monde.


- Tu sais que Kurios ne se montrera pas.

Xiev ne répondit pas.

- La force que tu as accumulé a été suffisante pour l'effrayer. La voie est libre pour que ton armée renverse Nirvanium.

- Il n'y a plus que, là bas, quelques haut-divins. (Il referma son carnet. Rangea sa plume. Il regarda son bras-droit.) Notre armée restera dans les plaines environnantes. J'irais, seul, défaire les derniers partisan et sonder Drégorr, car lui seul sait où le praésidium se trouve.

- Tu seras plus efficace seul. Mais prend-les avec toi, ils feront leurs camps sur les plaines ; je veux t'assurer d'une chose : Kurios est un ennemi fatal. Tu es son premier rival depuis un bail, donc il prend peur. Cependant, cela ne change en rien sa puissance. En un faisceau, il te balayera.

Akal lui expliqua que le Dominium ne permettra que d'avoir de quoi pouvoir tuer les dieux. Il ne gagnera pas de force, il gagnera seulement la capacité de tuer. Contre des dieux, la protection du praésidium est inutile, et l'attaque de Véritas peut être bloquée. Ce qui compte, c'est l'utilisation du Dominium et la désactivation de l'immolavit.

- Ce sort doit se finir aujourd'hui.

- Compris, pour le Dominium, et, dans ce cas, j'esquiverai. Mais... et toi, Akal ? Tu veux venir avec moi?

- Je serai auprès des diverneurs des villes-âges. Je tuerai ceux qui ne s'inclineront pas.

- Le choses seraient bien différentes sans toi, ton aide m'est vitale.

Akal s'en allait à travers un portail qu'il venait de créer. Xiev l'interpella alors qu'il disparaissait dans le couloir.

- On se ressemble trop, Akal.

Il s'arrêta imperceptiblement. Les cheveux argentés de l'homme dansèrent dans le flot de lumières. D'un rire en coin, discret, il disparut.

Seuls, trois mots restaient. Flottant entre le sable aride.

« Lié à la fleur. »

L'Ordre de la Pénombre : Eclipse ou L'HorizonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant