Portparac & Paraclet : Chapitre Treize (1)

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Le ciel s'abattait contre eux. Un déluge. Zikaria, malheureusement frêle, se faisait emporter par la tempête. Alors qu'ils traversaient un bois fin et s'approchaient de Portparac, la pluie vint comme un rideau de brume leur couvrir l'horizon. Les violentes bourrasques les déséquilibraient alors qu'ils tentaient difficilement d'avancer. Des lumières paniquées leurs parvinrent comme déformée à travers l'eau tombante.

Portparac est la ville portuaire la plus importante de Divinia. Ses multiples navires provoquent, lorsqu'ils sont tous à quai, un sifflement aussi chantant que des sirènes. Cependant, le sifflement qui se faisait entendre actuellement ressemblait à des toitures se déchirant, et des cailloux s'écrasant.

Voyant maintenant plus clair comme ils étaient près du port, ils virent, tanguant au gré de la tempête, le Taiyôkanpeki. Les mats s'agitaient dans des sens inconcevable.

« J'y vais ! » Crièrent Xiev et Xara simultanément pour aider les pauvres marins à maintenir leur futur navire. Avant que le reste du groupe n'ait pu protester, R'ren et Richard préférant ne pas intervenir mais rencontrer Paraclet rapidement, ils se retrouvèrent au milieu du port à esquiver des débris en tout genre. Certains gros, d'autres petits, tous pouvaient potentiellement être dangereux. Xara atteignait le navire quand un éclair tomba devant elle et un autre contre le mat central. Derrière le premier éclair, un homme de la carrure de Drégorr la bloquait. Le mat craqua. Xara se stoppa net. Le ciel grondait. Les nuages criant leurs colères, le mat chutait en direction de la jeune femme. Au loin, Aurore étouffa un crie épouvanté, Rexara était en danger. Xiev s'aperçut aussitôt qu'elle n'aurait pas le temps de bouger, elle était trop préoccupé par l'homme devant elle. Xiev ne pouvait pas les entendre, mais ils les voyaient échanger de courtes répliques nerveuses. Quoi qu'il soit, il n'était pas humain. Un éveillé, à Portparac ? Songea Xiev. L'air humide auparavant tiède devint brusquement plus froid. Xiev expira de la vapeur en se focalisant sur la silhouette de son amie. Ce n'était pas sa première fois, il savait les conditions d'activations : concentration et urgence.

L'environnement se figea presque, Xiev marcha le long du couloir pourpre qui le séparait de Xara. Son mouvement n'était perceptible que de lui. En l'atteignant, il les fit se projeter en arrière. Xara retomba sur ses pattes tandis qu'un bout du mat embrochait le bras de Xiev. Celui-ci jura, il maudissait sa bêtise. Il était cloué au sol. Xara se précipita pour soulever le mat, mais l'homme ayant apparut avec la foudre l'attrapa avant qu'elle ne le pu.

-Voilà le deal, Xiev. Je suis Tobius le tempétueux. Je te prend ta copine...

- Quoi?! Qui êtes-vous? (Xiev ne pouvait plus rien faire, il était coincé. Sans aucun bras valide.) Lâchez-là, je...

- ... et toi, tu nous retouvera dans quatre jour devant l'arbre roux de la falaise. Raah... Que je regrette de ne pouvoir m'occuper de toi maintenant à cause de ces chiens... Il regardait le reste du groupe accourir. N'oublie pas de prendre ton ami Zikaria. Venez seuls. Je vous ferais regretter d'avoir tué mon frère. En attendant, les cris de cette fille berceront mes prochaines nuit.

Tobius disparut en un éclair. La pluie se calma sans pour autant disparaître. Aurore arriva la première.

- Où est-t-elle? S'exclama paniquée Aurore. Où est Rexara?

- Il l'a emporté... Souffla Xiev, sanglant et tout aussi choqué par les événement.

On le dégagea du mat, et il fut apeuré par les dégâts monstres qui s'affichèrent devant lui. Le bateau était à deux doigt de couler, des habitations rendaient l'âme, des cratères parcouraient les dalles de la place fracturée par les roches, ...

Le coude de Xiev s'était fait broyer sous le choc, et le bas de son épaule trouer. En plus de son bras perdu à Astrale, le voilà maintenant avec un bras invalide. Au dessus de l'horreur que l'état de la ville-âge lui infligeait, la nausée vint à lui. Il s'écarta près d'un muret, autant pour vomir à l'écart que pour psychoter. Rien de tout ça n'aurait été provoqué si j'avais été plus fort, se maudit-il. Je dois réparer mes erreurs. Nous devons aller sauver Rexara.

- Zikaria, nous n'avons pas le choix! Protesta Xiev face au refus de Zikaria.

- Vos erreurs de débutant me dégoutent, et ne me concerne pas, répliqua-t-il.

Xiev n'avait plus d'esprit que pour Tobius, devenu son ennemie mortel, et pour Xara. Son amie était dans cette situation à cause de son incapacité à la rejoindre et rester sauf. Il cogna son front contre la pierre, mordant ses lèvres de ne pouvoir utiliser ses membres. Aurore s'approcha.

- Xiev, garde ton sang froid. Aurore aussi tenait beaucoup à Rexara. Viens voir Paraclet, après cela, nous irons ensemble te remettre sur pied.

- Me remettre sur pied? Xiev dégurgita un rire cynique. Ce sont des mains que je veux. Pour étrangler ce gars !

- Demain. Je te promet que demain, tu iras mieux.

Sans un autre regard, elle suivi R'ren rencontrer Paraclet. Xiev fulminait de haine contre les éveillés. Masius est mort car il les a attaqué. Et l'on reprochait la faute de sa mort sur Xiev? J'ai déjà sur mes épaule la mort d'Orion ! Qu'est ce que vous voulez de plus?! Tandis qu'il s'énervait seul, son coude craqua. Xiev avait dû faire un mauvais mouvement. Il espérait ne pas avoir empiré les choses en gesticulant de colère. Calmé, il les rejoignit.

La maison de Paraclet n'était ni un grand manoir ni un merveilleux palais, c'était un bâtiment blanc aux nombreuses fenêtres. La définition même de sobre. Peu d'objet, pas de raffinement excessif. Xiev retrouva ses esprit au contact de l'ambiance du lieu. Comment était Paraclet? Alors qu'il se le demandait, un vieil homme arriva. Sur sa casquette noire et bleue, un mat était brodé, ce qui fit retenir un claquement de langue à Xiev. Le reste de ses vêtements le faisait être tel un amiral de flotte.

- La honte m'entoure alors que je vous rencontre aujourd'hui. Nos ennemies, sur mon territoire, vous ont attaqué. Ils ont fait des dégâts à ma ville, à votre navire, à votre amie.

Il s'exprimait lentement, choisissant avec attention ses mots. Un marin subalterne vint lui chuchoter à l'oreille.

- Il nous faudra trois jours pour le remettre en état, leur apprit Paraclet. Je veillerais moi même aux avancés.

- Nous aurons beaucoup de retard, soupira R'ren.

Ils se firent amener dans une partie des docks où des piles de hamacs les saluèrent à l'entrée. Ils dormiraient tous comme des matelots. Tout le monde s'installa. Xiev était assis au sol, son sac comprenant son carnet et son pendentif, tout deux achetés à Forgécaille, posé contre lui. Son regard vidé ne semblait plus en vie. Sans ses bras, comment pouvait-il installer un hamac? Pensant qu'on ne l'aiderait pas, Aurore vint à lui.

- Ne te repause pas sur ton orgueil. Il sera fragile à mesure que tu t'appuieras dessus. Demande de l'aide. Soit fier d'avoir des compagnons. Nous servons à ça.

Xiev bredouilla un vague merci. Les mots d'Aurore circulaient en lui. Il pensait à la signification profonde de ce conseil précieux. Une fois qu'elle eu installé le hamac, elle hissa Xiev dessus. Celui-ci rougissait, il semblait n'être pas plus capable qu'un enfant dépendant de sa mère.

- M-merci... Aurore, lui dit tout bas Xiev baissant les yeux.

Elle sourit. Il reprit vue à la vie de son sourire. Il se coucha maladroitement. Leur arrivée à Portparac ne fut pas de tout repos, mais le plus dur allait sans aucun doute s'ensuivre.

L'Ordre de la Pénombre : Eclipse ou L'HorizonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant