Chapitre Dix-Huit (2)

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Le champ de bataille se faisait avaler par le rond rouge électrifié tandis que le pont du Taiyôkanpeki changeait d'allégeance. Les ordres haletant d'Aurore ordonnèrent à R'ren de surveiller Sudor, à Rexara de foncer vers le portail, à Xiev de l'aider à sauver les éveillés. Aussitôt dit, aussitôt les yeux se braquèrent de part-et-d'autre sur l'éclairé aux ailes d'ange.

Xiev transpirait de la bataille précédente. Son visage intense trahissait la tension de ses pensées. Il suivait tant bien que mal en sautant dans les airs. Xiev ne pouvait rejoindre la mêlée en ligne droite, il devait donc se téléporter préalablement dans les airs pour avoir une ligne de vue sur les combats. Ce faisant, on eu crut à un rapide déplacement dans les airs. Parfaitement positionné, de multiples possibilités de couloirs s'offraient à Xiev. Pour ne pas perdre de l'altitude en réfléchissant où atterrir, il se concentrait à créer un couloir en continu sur sa position.

Flottant comme un oiseau, il trouva Lanfeust, le forgeron à l'origine de ses prothèses. Le malheureux protégeait deux enfants – et, sans doutes, leur mère – mais s'était fait séparer du reste de la ruée. Entouré d'éclairés, Lanfeust montrait férocement son marteau. A chaque fois qu'un ennemi s'avançait, il dématérialisait finalement son arme et reculait. Lanfeust était pourvu d'un don qui chauffait ce qu'il regardait. Ainsi, il pouvait fondre les armes des adversaires, et même leur équipement. Malgré cela, les quatre éveillés n'étaient pas en sécurité. Le marteau de Lanfeust para une hallebarde pendant qu'un sabre s'élançait vers un enfant.

Tel un grondement de tonnerre, Xiev apparu. Son glaive dévia le sabre si bien que l'arme quitta la main de son propriétaire.

Une pause parcourut les combattants. Xiev était connu pour son corps brûlé et la mort d'Orion. C'est pour cela que, plus que son retournement de veste, sa nouvelle apparence interloqua. Mais directement et sans plus attendre, le possesseur du sabre fut tranché. En traversant son corps par un couloir, Xiev s'amusa de la terreur lisible sur les visages. Lanfeust lui laissa l'attaque et garda ses protégés. Rapidement, des morceaux d'éclairés gisaient au sol.

Si il était inconcevable que Xiev pût être si fort et performant, la réponse était au moins détenue par les alliés de Nulthag et Aurore : Xiev possède deux dons, à un seul oeil blanc, et est sans équivoque un génie inné du glaive.
De ce fait, Lanfeust ne perdit pas de temps à lui confier le combat et conduisit les non-combattants vers la ruée. Le reste des éclairés s'attaquèrent à Xiev, le traitant de lâche.

-Un lâche contre des tueurs d'enfants, alors ?

Narquois, Xiev ne fut pas un moment déstabilisé. Il n'avait jamais ressenti une once de patriotisme ou d'appartenance à Nirvanium. Son seul camp était la Justice.

Pour ce camp, il était déterminé à tuer de sa lame quiconque le méritait.

Pour ce camp, il sauvera la vie des innocents, et ne commettra pas la même erreur que cette fois à Astrale. Cette enfant devrait vivre en ce moment ! C'était de sa faute. Xiev se jugeait sévèrement tout en massacrant ses anciens alliés. Je dois être plus exigeant. Plus strict.

- Une vie n'a pas de prix ! Que ceux qui en volent se condamnent à la mort ! La Justice s'en occupera !

- Sale chien.

Un coup puissant retourna Xiev contre le sol. Enfoncé dans la cendre, il vit du coin de l'oeil une silhouette familière. Le vieil ami de R'ren aux paroles accusatrices, Solfin. Il était épais et large. Son armure grise et son gantelet hors-norme le rendaient plus qu'imposant.

- Ah-h... Solfin. C'est un plaisir de te voir ici, Xiev riait en se remettant sur ses jambes. Tu avais raison en disant que nous ne deviendrons jamais ami. Mais qui aurait pu prévoir que nous deviendrions des ennemis ?..

L'Ordre de la Pénombre : Eclipse ou L'HorizonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant