L'Ordre de la Pénombre : Eclipse ou L'Horizon

L'avènement du transcendant : Chapitre Vingt-Trois

Xiev n'avait pas encore eu la possibilité de penser à ses parents. Leur histoire ne lui appartenait pas, c'est comme si, même en étant leur fils, il les connaîtrait et en serait à jamais plus éloigné que les alliés qui les eu connut. Xiev ne possédait d'eux que la prophétie. Il ne possédait d'eux qu'un destin dont il ne voulait pas les devoirs. Mais lorsqu'il y pensait, il réalisait que sa destinée profiterai peut-être à son idéal de justice. Si la justice peut encore naître, alors le monde n'est pas condamné.

Ses parents. Des héros. Valeureux, sans-peurs, de ce qu'il en entendait. Qui était-il face à eux? Suis-je le fils de mes parents ? Xiev ne savait plus exactement qui être.

Pour la justice, devrait-il être Rougelame, l'orphelin dont la gloire fait écho parmi les humains dans une Divinia lassée du joug des dieux; ou Lamerepentante, l'hybride issu des deux races divines, d'un corps bâtard adulé pourvu d'une pauvre âme infligée, par le destin, des pires tortures mentales ?

Plus qu'attristé, Xiev contemplait la destruction involontaire qu'il causait. Arän, Orion, Rexara, tant d'amis mort. En ayant reporté la réponse de ce mortel dilemme, Xiev avait involontairement sacrifié des vies. Il devait maintenant savoir qui il était vraiment. Choisir entre sa vie telle qu'il pensa plus jeune qu'elle devrait être; et celle qui s'ouvrait à lui brusquement, lui offrant la résolution de son désir le plus grand : la justice.

En retenant ce qu'il était auparavant, en gardant son humanité – une humanité qu'il n'avait jamais eu, puisque dès le début, il était un éveillé sans naissance – , il s'imposait lui-même des obstacles.

En état, la situation était critique. Si les deux artéfacts s'unissaient aux mains des éclairés, un âge sans fin d'obscurantisme et d'injustice naîtrait. Toute action qui participerait dès lors à stopper une éternité d'injustice serait donc Juste. J'ai les moyens d'arrêter une terreur. Je dois m'élever là où je pourrai contrer Kurios. Je ne peux rester les bras croisés, au déca de mon potentiel. Je dois prendre ma place, et construire la justice. Je dois, dès maintenant et jusqu'à ma mort, donner mon âme pour rendre la Justice au monde. Je suis l'hybride ! Je prend conscience que j'en suis définitivement l'être, et étant ce que je suis : me voilà t'apporter la mort, IRE !

Alors que tout le monde était fixé sur la révélation de Inoza, Aurore était la seule à garder un œil sur Xiev. Elle le vit fléchir, et s'interposa, in extremis. Elle voulait à tout prix le convaincre de ne pas se lancer seul contre une force ennemie qu'il fallait redouter.

-Xiev, attend ! Que pourras-tu faire contre tant d'éclairés ?

-Plus un seul ne peut s'opposer à moi. Je vais apporter à mes parents la justice qu'ils méritent.

-Tu ne connait pas encore tes nouvelles limites, même un éveillé normal doit se réhabituer à son corps, à son don ! Personne ne peut apporter la justice d'une telle manière, reste ici. Tu ne provoqueras qu'un massacre de plus...

-Dégage, Aurore. Ma puissance transcende ton imagination. J'ai la capacité d'agir, maintenant. Je ne peux laisser Ire échapper plus longtemps aux conséquences de sa trahison. Sa mort sera le tremplin d'un nouvel ordre, un ordre juste.

Xiev repoussa la main d'Aurore, il luttait très fort intérieurement mais la décision était déjà prise, il ne pouvait laisser ses intérêts privés surpasser l'intérêt collectif. La justice. Ce que je fais est pour la justice. Le retour de la justice.

En touchant Aurore, il senti le froid typique de la formation du pourpre se réunir autour de lui. Après un fugace mouvement incontrôlé, Xiev dirigea l'aura violette devant lui. Le contrôle de son don n'avait plus rien de comparable. De nouvelles connexions et possibilités palpaient ses sens. Sa perception accrue et sa nouvelle force physique provoquaient des gestes maladroits. Marcher ou tourner la tête créait des bourrasques, cela était surprenant, mais pas désagréable. Xiev disparut. Il ne pensait plus qu'à Ire, à ce qu'il allait lui faire.