hateful • kv/vk

𝐯 𝐢 𝐧 𝐠 𝐭

Le karma ne s'était-il pas déjà bien assez vengé de lui pour tout le mal qu'il avait fait ?

On disait que la roue tournait toujours, mais est-ce que quelqu'un pourrait enfin la faire s'arrêter, parce qu'il n'allait plus réussir à tenir le coup.

Encore un événement en plus que tous ceux d'avant et de maintenant et il ne saurait pas s'il arriverait à résister à l'envie d'en finir.

Jungkook, dix-sept ans et des poussières, toutes ses dents, fixait depuis plusieurs minutes, à travers la petite fenêtre près de l'entrée de chez lui, un homme qui avait un visage beaucoup trop ressemblant au sien pour que ce ne soit qu'un hasard.

Son père. Ou plutôt, son géniteur, il en était certain.

Il était là, sur son perron, avec comme seul obstacle une porte qui parut au brun bien trop fine, sur le moment.

Il avait besoin de Taehyung.

Dans son cerveau, c'était la réponse à toute ses questions, la solution pour faire se stopper toutes ses peurs. Taehyung.

Mais ça faisait peut-être quoi ? Deux jours qu'ils ne s'étaient pas adressé la parole ?

Deux jours que Jungkook se sentait blessé au plus profond de lui, qu'il avait l'impression de mourir à petit feu, que tout s'effondrait pour lui.

Il n'avait techniquement plus de meilleur ami, car depuis sa rupture avec Eunbi, il n'avait plus entendu parler de Park Jimin. Il n'avait plus d'amis, rejetait toute tentative de sociabilité avec qui que ce soit autre que Taehyung. Et il n'avait plus Taehyung tout court depuis que celui-ci était parti de la salle d'Art avec un air si en colère. Contre qui ? Lui ou son père ?

Et maintenant, comme par magie, alors qu'il n'y avait plus personne, il y avait finalement quelqu'un.

Mais c'était un quelqu'un qu'il ne voulait pas, qu'il n'avait jamais demandé à voir si rapidement, alors que son esprit était un total ramassis de hantises.

Sa mère n'était même pas là, elle rentrait dans environ trente minutes et le type n'avait pas l'air de vouloir partir, il semblait avoir tout son temps.

La main de Jungkook tremblait par-dessus sa poche, les yeux fixés sur le faciès similaire au sien, au même nez, à la même bouche, à la même forme de menton, alors qu'il hésitait à sortir son téléphone pour retenter d'appeler Taehyung une énième fois.

Il lui avait demandé d'être avec lui le jour où son père referait surface. Mais il n'était pas là.

Jungkook avait besoin de Taehyung.

Son corps le demandait, le quémandait, se languissait de lui. Tard dans la nuit, il se réveillait en sursaut avec l'envie et le reflex de vouloir escalader chez son voisin pour se réfugier dans ses bras, pour qu'il apaise son esprit.

Mais c'était Taehyung qui devait revenir quand il serait prêt, Jungkook avait juste le droit d'attendre et de ne rien faire.

Mais déjà deux jours avaient filé d'une lenteur morne et il se sentait si faible, si blessé, si brisé que voir son père, là, tout de suite, seul, était au-dessus de ses forces.

Il se sentait au bord du gouffre, proche de l'évanouissement.

« Je sais qu'il y a quelqu'un. »

La voix de son géniteur le fit trembler. De peur. D'horreur. De tristesse. C'était vraiment la réalité, la partie la plus mystérieuse de son monde était derrière ces murs et était en train de lui parler.

« Jeongguk, c'est ça ? Je te vois depuis tout à l'heure, à la fenêtre. »

Le brun recula précipitamment, renversant au passage le porte manteau qui s'écrasa au sol avec lui. Sa respiration se hacha et des larmes se formèrent au coin de ses yeux, la réalité de la situation le rendant affreusement étourdi.