Chapitre 13

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Je dors mal cette nuit. Bon, ça ne change pas, vu ces derniers temps, mais cette fois c'était la pire de toutes. J'ai revu les garçons qui m'avaient frappé, ils s'en prenaient à elle. J'avais tenté de l'aider mais Paul était intervenu de force et il m'avait volontairement laissé regarder la scène avec un sourire malsain au coin des lèvres. Light n'était pas présent, et ne parlons pas de Ryuzaki. En me réveillant le lendemain, je constate qu'il est déjà tard et que j'ai perdu du temps sur mon emploi du temps pour mes révisions. Je jure, avant de me lever rapidement et de me diriger vers la cuisine. Je me suis tellement précipitée que ma tête s'est mise à tourner et j'ai dû m'arrêter dans le couloir, comme une idiote. Ça m'apprendra, tiens ! Je reprends ma route, plus doucement, et arrive ...

Ryuzaki est dans la pièce, seul. J'hésite honnêtement à faire demi-tour avant qu'il ne me voit, mais c'est déjà trop tard : il s'est retourné. Timidement, il ose faire un pas vers moi. Je l'évite et me sers dans les placards, sauf que je ne trouve rien. Je commence à m'énerver intérieurement, puis :

- J'ai déjà préparé votre petit-déjeuner, il est sur la table ...

Je me retourne très lentement. Et oui, en effet, je vois une assiette remplie à ma place habituelle. Sans le remercier, je m'installe et commence à manger. Je l'ignore du mieux que je peux, et regarde mon téléphone. Bien évidemment, je n'ai pas eu de nouvelles croustillantes de la part de mes amies, alors je tourne vite en rond. Ryuzaki prononce une phrase qui me fait lever les yeux de mon écran rectangulaire :

- Vos parents sont partis travailler ce matin, et Light a accompagné votre père. Je leur ai dit que je voulais rester ici aujourd'hui, exceptionnellement, et ils n'ont pas posé de questions. Nous sommes seuls, et la matinée est déjà bien avancée puisqu'il est presque midi. Je suggère que vous fassiez une pause dans vos révisions.

- Pardon ? Depuis quand vous vous permettez de décider à ma place ? Ce n'est pas parce que vous êtes le meilleur détective du monde que je vous obéirai au doigt et à l'œil. Plutôt me fourrer le doigt dans l'œil, oui !

Je ne termine pas mon assiette, dégoutée, et laisse mes affaires sur la table. Il s'en chargera bien, comme l'autre fois. Je pars sans me retourner et me mets à bosser, en prenant soin de fermer la porte à clé (on n'est jamais trop prudents). J'essaie de me concentrer mais je suis tellement énervée que je relis quinze fois la même phrase sans en comprendre le sens. Tant pis, je me jette sur mon lit, les écouteurs dans mes oreilles avec un niveau sonore bas, et je tente de me rendormir pour gagner quelques heures de sommeil sur cette terrible nuit. Malheureusement pour moi, il toque assez vite à ma porte. Je ne prends même pas la peine de répondre ou de me lever, je laisse passer. Jusqu'à ce que j'entende le bruit de la serrure qui se déverrouille.

Je me relève directement et lui fais face : je rêve, c'est pas possible ? Il est vachement culotté quand même, j'hallucine. Je ne sais pas ce qu'il me veut, alors je me mets en position de défense, comme mon père me l'a appris. Il rigole doucement et lève les mains en l'air pour prouver une innocence quelconque. Je hausse les yeux vers le plafond, il est gonflé : il se permet de rentrer dans ma chambre alors que je l'ai fermé à clé ? Et il pense que c'est comme ça qu'il peut gagner ma confiance une nouvelle fois ? Ah, les hommes et leur logique à deux balles ...

- Je ne vous veux pas de mal.

- Ah oui ? Et la porte, elle s'est ouverte toute seule j'imagine ? Ben voyons. Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier alu.

- Hein ?

Oh, bien sûr, étant Japonais, il ne doit pas connaître cette fameuse réplique ... Je lui lance alors :

- Vous n'avez qu'à chercher sur Internet, monsieur je suis le meilleur détective du monde.

Il fronce les sourcils et sort un téléphone de la poche arrière de son jean délavé. Ce n'est pas le dernier modèle sorti il y a deux mois, loin de là, cela semble être un vieux téléphone reconditionné au moins trente fois, ce n'est pas possible autrement, je n'ai jamais vu cette marque avant aujourd'hui. Ah, mais suis-je bête, c'est sûrement un mobile japonais.

L × ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant