Je ne mange qu'un petit bout, malgré tous les efforts des Japonais pour me rassurer. Je me prépare assez vite, envoie un message à mes amies sur notre groupe de discussion pour savoir quand elles arrivent. L'heure tourne, nous devons y aller. Ryuzaki me fait un signe de la main, je l'imite avant que Light ne me prenne par le bras pour sortir. Nous arrivons sur place en avance, comme toutes mes amies. Les résultats ne sont pas encore visibles, et nous nous mettons à nous remémorer nos meilleurs souvenirs de cette année, Light relativement loin de moi : les tics de langage d'un prof qui part dans une autre université et qui va beaucoup nous manquer, les repas à la cafétéria, les cours horribles d'un autre prof qu'on arrivait toujours à éviter, tous les travaux de groupes pénibles et longs, notre oral final pour clôturer l'année ...
D'autres personnes arrivent en masse, il y a plein de monde qui ne font pas partie de notre licence, mais aussi des plus âgés. Nous vérifions l'heure : le moment fatidique arrive très rapidement. Trop, même, puisque certains de nos professeurs sont visibles dans la foule, ainsi que des collègues à eux d'autres formations. Ils éloignent les gens trop proches des panneaux pour mettre en place les feuilles. Ca crie et ça se bouscule, je perds de vue mes amies et retrouve avec bonheur Light, toujours un œil bienveillant posé sur moi. On attend que cela se calme un peu pour s'avancer, nous approchons petit à petit et mes amies viennent près de nous. Une fois arrivées, nous cherchons nos noms et ne tardons pas à connaître notre moyenne annuelle. Je ne trouve pas tout de suite ma place, je stresse, puis Light me désigne un endroit sur la feuille. Quand je prends conscience de ma note, ma tête tourne :
[T/P] [T/N] : 16.5
Et j'ai la meilleure moyenne de ma promo ! Les autres notes nous attendent sur Intranet, certains sont déjà sur leurs téléphones pour comparer leurs résultats avec autrui. Je m'éloigne difficilement de cet attroupement, mes amies sur les talons. Nous formons un petit cercle un peu plus loin, avant de nous exclamer :
- OUAIS !
- J'ai validé mon année !
- C'est trop bien, on est enfin en vacances d'été !
- Je vais enfin pouvoir me reposer, j'en pouvais plus !
- On se reverra pendant les vacances, hein ?
On se donne nos résultats et on vérifie sur Intranet le reste, puis on se félicite : nous sommes toutes dans le top vingt de la promo ! Mon stress disparaît soudainement et je me sens plus légère, je vais bien me reposer cet après-midi ! J'envoie un message à mes parents pour les mettre au courant, même si on en parlera ce soir, et continue de discuter avec mes amies, le sourire aux lèvres. Des étudiants de notre promo s'approchent de nous pour échanger quelques mots sur cette année, on s'adresse à eux de bonne humeur et l'ambiance est joyeuse.
Une amie m'écarte du groupe pour me parler. Elle a trouvé des informations sur les agissements étranges de Paul envers moi et souhaite en profiter pour me le raconter pendant qu'il n'est pas là. Elle n'a pas vraiment le temps de commencer, puisque j'aperçois cet idiot qui vient vers notre assemblée. Du coin de l'œil, je constate qu'il n'a pas l'air très enchanté, sûrement par ses résultats. Je l'entends se plaindre aux autres et il s'énerve : il va devoir aller aux rattrapages pour quasiment toutes les matières du second semestre car il s'est complètement foiré partout, et ni les notes des TD ni les notes du premier semestre ne l'aident pas à rattraper sa moyenne.
Il me voit enfin et se rapproche de moi. Mes amies et les autres tentent de lui bloquer le passage, mais il s'efforce de passer en n'hésitant pas à les bousculer sans aucune honte. Le ton monte devant moi, tout le monde commence à crier pour me protéger. Les professeurs sont déjà loin et ne feront rien dans tous les cas, donc inutile d'attendre quoi que ce soit de leur part. Plus qu'une dizaine de personnes nous séparent, lui et moi. Je croise son regard, il est froid et méchant, j'aurais presque peur. Mes amies sont trop loin pour pouvoir m'aider, et je ne vois pas Light. Je me mets à paniquer, je ne sais même pas ce qu'il me veut.
Il est devant moi et me regarde de haut en bas. Il s'approche pour me prendre dans ses bras mais je recule, il fronce les sourcils et avance à son tour, je continue de battre en retraite. Je n'aime pas ça mais il est hors de question qu'il me touche encore. Il s'arrête net et prend la parole :
- [T/P], ma chérie ! Tu as vu mon dernier message, n'est-ce pas ? Je veux qu'on se revoit pendant les vacances d'été, j'ai même réservé quelques jours au bord de la mer, rien que toi et moi. Tu ne m'as pas répondu, mais j'imagine que ça te plaît, tu nous imagines déjà sur la plage ...
- Non.
- Non ? Comment ça, non ? Tu n'as pas vu mon dernier message, c'est ça ?
- Non, je ne viendrais pas. Annule ta réservation ou emmène quelqu'un d'autre avec toi, mais je n'irais pas.
- Pardon ? Tu n'oses même pas savoir combien ça m'a coûté, alors tu viendras quand même !
- J'ai dit non, Paul. Stop, ça suffit. Je ne t'aime pas, je ne sors pas avec toi et il ne se passera jamais rien entre nous. C'est clair ou tu veux que je te le répète dans une autre langue ? Oh, pardon, tu veux peut-être que j'aboie, au moins tu comprendras la langue de tes semblables, même si c'est une insulte envers les chiens.
Son visage se décompose très lentement, son sourire mesquin se relâche et il me toise comme jamais auparavant. Il me fait vraiment peur maintenant. Malgré le monde autour de nous, son regard me laisse penser qu'il se fiche de savoir ce que les autres pensent et qu'il va agir comme bon lui semble. Il lève une main et l'abat dans ma direction. Je fais de même avec mon bras droit pour me défendre un minimum, même si je sais parfaitement que je ne fais pas le poids contre lui. Il était à l'armée pendant deux ans, je ne sais pas de quoi il est capable quand il est en colère et je refuse de l'apprendre à mes dépends.
Les étudiants et mes amies tentent de l'arrêter une nouvelle fois, de le distraire en l'appelant de tout côté et de me tirer ailleurs pour me permettre de fuir, mais il résiste bien. Certains essayent même de se joindre à moi pour le frapper, mais il les repousse tous sans difficulté, malgré le nombre assez important à présent. Tout le monde se met finalement contre lui, il n'y a plus aucun spectateur, uniquement des acteurs, et je réussis tant bien que mal à me frayer un passage dans cette horrible cohue pour m'éloigner définitivement. Je suis presque tirée d'affaires quand on me rattrape par la manche, je hurle et me débats comme je peux.
La personne me force à me retourner, et je crie de nouveau en voyant Paul. Je tente par tous les moyens de me libérer de sa poigne mais il est beaucoup plus fort que moi ... Je suis tellement concentrée par ce qu'il se passe devant moi que je ne remarque rien autour. Pourtant, les étudiants ne relâchent pas leurs efforts et recommencent un énième assaut désespéré. J'échappe à Paul, mais il continue de me poursuivre et je me retrouve bien vite sous son emprise. Le peu d'espoir qui me restait prend ses jambes à son cou alors que ce n'est vraiment pas le bon moment pour me laisser tomber. Le cercle se forme de nouveau autour de nous, personne n'ose franchir le cap pendant quelques secondes, le temps de prendre conscience de la chose et surtout par crainte.
Personne, sauf l'une de mes amies. Elle arrive discrètement dans le dos de Paul et lui assène un violent coup sur le haut du crâne, sans aucune hésitation ou presque. Il reste étourdi un léger instant, puis se retourne pour lui faire face. Elle semble déterminée à l'arrêter, et sa volonté clairement visible sur son visage redonne de la force aux autres pour ne pas m'abandonner. Je la remercie d'un regard, je lui exprimerai plus tard ma gratitude avec des mots. Cet échange muet est brisé par un autre coup de la part de Paul sur mon amie, qui s'effondre au sol. Tout de suite, les étudiants les plus proches physiquement d'elle la tirent en arrière pour qu'elle puisse reprendre ses esprits et s'assurer qu'elle n'a rien de grave. J'irais la voir tout à l'heure, mais avant je dois m'occuper de cet abruti fini à la pisse.
Pendant ce temps, mes autres amies se dressent comme un rempart devant moi. Ultime protection vaine, mais qui me fait chaud au cœur. L'une d'entre elle crie un prénom que, sur le moment de l'action, je ne reconnais pas. Elles aussi finissent rapidement par être touchées par les assauts terribles de Paul, et elles doivent s'éloigner de moi si elles ne souhaitent pas en recevoir davantage. Petit à petit, il ne reste plus personne devant moi à part lui. Un sourire lui tord le visage, et lorsqu'il s'apprête à me donner le coup fatal, tout devient noir. Je lutte désespérément pour rester éveillée, mais mes forces finissent par lâcher. Je parviens tout juste à voir une nouvelle personne se dresser entre Paul et moi. Je ferme enfin les yeux, ayant une totale confiance envers lui, Light.
Je suis sauvée.
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L × Reader
Fanfiction[T/P] est au plus bas à cause d'un passé compliqué et remonte difficilement la pente. Mais lorsque des invités viennent vivre chez elle pendant quelque temps à cause d'une affaire criminelle mondiale, elle ne s'attendait pas à ce que sa vie soit aut...