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Chapitre 7

Non, je ne délirais pas, quelqu'un était réellement en train de se servir dans nos placards. Surtout celui avec tous les gâteaux et autres sucreries ! Eh, non, pas mes préférés ! J'ai failli me précipiter dans la cuisine pour l'en empêcher, mais je me suis retenue à temps. Qui est-il, au juste ? Je ne le connais pas, il n'est peut-être pas amical ? D'autant plus que ...

Quelque chose me coupe dans mes réflexions. Un objet tombe derrière moi et s'écrase au sol bruyamment. Je me retourne lentement, et cette fois j'aperçois clairement son visage, si pâle et maigre, avec quelques miettes autour de sa bouche délicate. On se regarde dans le blanc des yeux comme deux imbéciles pendant des secondes qui me paraissent être des heures.

Et c'est à ce moment précis que je comprends de moi-même de qui il s'agit. Instinctivement je me recouvre les yeux, mais il est trop tard. Je marmonne des excuses avant de quitter la pièce et de retourner dans la mienne, en prenant soin de fermer la porte derrière moi. Je m'assois contre cette dernière, abasourdie par ma bêtise. Je me sens tellement ... nulle !

Nous n'étions pas censées voir le meilleur détective de nos propres yeux, maman et moi. Et il a fallu que je fasse cette bourde ! Que je rentre dans leur chambre alors que depuis leur arrivée, papa nous répète sans cesse de ne JAMAIS y entrer, quoi qu'il arrive ? Mais quelle sombre conne je suis ! Qu'est-ce qui m'est passé par la tête ? Je continue de me morfondre dans mon coin quand on toque à ma porte. Indécise, je ne sais que faire, mais une voix s'élève :

- Ne pas connaître mon identité faisait partie du protocole de sécurité. Vous êtes la dernière de ce foyer à voir mon visage, votre mère l'a fait involontairement aussi il y a quelques semaines. Oui, vous m'avez vu, et alors ? Je n'allais pas me cacher éternellement, de toute façon. Alors, faisons connaissance. Puis-je vous offrir un gâteau ?

Il a un léger accent que je n'arrive pas à bien saisir, et sa voix, bien que légèrement grave, est douce à entendre. J'intègre lentement les nouvelles informations, je ne savais pas que ma mère l'avait vu ! Je murmure, plus pour moi-même que pour lui :

- Cette journée est déjà assez bizarre comme ça, alors bon, pourquoi pas après tout.

J'ouvre timidement la porte et me retrouve nez à nez avec lui. Je me permets de l'observer avec attention. Ses vêtements larges cachent un corps squelettique. Il semble plutôt grand, mais il se tient courbé et je n'arrive pas à connaître sa taille réelle. Comme Light, ses cheveux lui tombent devant les yeux, mais les siens lui arrivent presque aux épaules, et ils sont aussi noirs que la nuit. Ses cernes et ses yeux sombres le rendent encore plus pâle qu'il ne l'est vraiment. Je me perds un instant dans mon étrange contemplation, lorsqu'il me tend le paquet de biscuits qu'il avait ramassé :

- [T/P] [T/N], c'est ça ? Enchanté. Je suis Ryuzaki, enfin, c'est seulement un pseudonyme.

Avec la fatigue de ces derniers jours et cette révélation, j'ai du mal à suivre et la conversation me semble lunaire. Le meilleur détective du monde, enfin, Ryuzaki, le remarque :

- Vous dormez mal la nuit ?

- Non ça va, ce n'est rien, mais ...

- Dîtes moi tout !

- Oh, je doute fort que des potins d'étudiants vous intéressent, mais ...

Mon portable sonne, je m'excuse et décroche. Je n'ai pas fait attention au nom qui s'est affiché, mais quand j'entends la voix sortir de mon cellulaire, je lève les yeux au ciel :

- Quoi encore ?

- Je voulais juste te dire que je viens te chercher demain matin.

- Et au lieu de m'appeler, tu n'aurais pas pu m'envoyer un message ? Franchement, pour une information si futile, cela n'en valait pas la peine.