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Chapitre 15

Kira et ses acolytes sont dans mon université, sur le même campus que moi. Je les ai peut-être déjà croisé, si ça se trouve ! Et si c'était des amis ? Non, c'est impossible, je ne vois pas qui pourrait être aussi fou pour faire ça ! Et pourtant, la vérité était plus proche de moi que je ne le pensais. Plus glaçante, aussi, car plus compliquée que cela.

Mes parents, tout comme les Japonais, me demandent de faire très attention et de ne rien dévoiler de personnel sur moi ou sur eux. Rien d'autre que les étudiants ne savent déjà. Le lendemain, le dernier jour de partiel, je ne suis pas du tout concentrée à cause de cette nouvelle terrifiante et je finis par sortir de la salle bien avant tout le monde, dépitée et surtout dégoûtée de savoir à l'avance que j'avais raté cette épreuve. Moi qui voulait mettre toutes les chances de mon côté pour tout déchirer au second semestre ... oui, d'accord, ce n'est qu'un partiel sur tant d'autres, mais le simple fait de prendre conscience que je n'ai pas réussi me met d'humeur maussade.

Une nouvelle semaine passe, les résultats arrivent déjà demain. J'ai hâte que ce soit définitivement terminé pour enfin pouvoir me reposer, mais en même temps je suis "dégoûtée" que l'année soit finie car j'ai adoré ma première "vraie" année universitaire : j'ai fait beaucoup de rencontres ; j'ai appris plein de choses sur moi-même et les autres ; j'ai enfin trouvé ma voie et je ne suis pas déçue de mon choix. C'est bien la première fois que je suis autant "dégoûtée" qu'une année scolaire touche à sa fin, cela ne m'était jamais arrivé autrefois. Mais c'était tellement bien et je ne regrette rien.

Enfin, presque, si on oublie Paul. Mais je refuse de le laisser gâcher une partie de ma vie, j'ai perdu assez de temps comme ça et je ne souhaite pas en perdre davantage. Pourtant, je sais bien que cette histoire est loin d'être terminée, surtout qu'il m'a envoyé un message ce matin pour célébrer nos faux deux mois de couple. Ça me donne envie de vomir, tous ces mensonges forcés et cette obligation ridicule. Heureusement que mes amies ont enfin compris la supercherie et me soutiennent à fond, après avoir passé pas mal de temps à me féliciter et à se passer de l'argent car elles avaient littéralement parié que nous allions sortir ensemble. Bien sûr, l'argent a été rendu à ses propriétaires, et tout est rentré dans l'ordre de ce côté-ci. Mes amies, à la fin de l'année, ne m'ont jamais laissé seule un instant pour me protéger comme elles le pouvaient. Elles ont aussi raconté à tout le monde (enfin, les personnes qui voulaient bien écouter) que Paul mentait ouvertement à tous en leur expliquant rapidement la situation. Certaines rares personnes se sont rangées de mon côté à leur tour et passent aussi le message aux autres.

De plus en plus d'étudiants comprennent enfin et s'allient à mon groupe pour contrer Paul, même par de petites actions stupides. D'autres vont lui parler et lui disent clairement de lâcher l'affaire, mais il n'en a rien à faire, il nie tout, bien évidemment, et continue de forcer avec moi malgré l'attente des résultats et notre absence sur le campus. Je commence sérieusement à avoir des doutes, je ne sais pas encore de quoi il s'agit mais je m'attends au pire avec lui. D'autant plus que les deux Japonais m'ont demandé de faire encore plus attention à moi, déjà à cause de l'enquête, et ensuite pour cette situation inconfortable dans laquelle je suis plongée depuis maintenant un peu plus de deux mois.

Mais bref, les résultats du second semestre et de cette année tombent demain à onze heures du matin. Je suis évidemment assez stressée même si je me doute bien que j'ai validé mon année sans problème majeur. Ce soir, j'ai donc beaucoup de mal à m'endormir et je suis très agitée, je me tourne sans cesse dans mon lit, j'ai des bouffées de chaleur insupportables et la seconde d'après je meurs de froid. Je finis par me lever de mon lit, silencieusement, et sors de ma chambre. Sans un bruit, je rejoins le salon et je pose les yeux sur la raison de ma présence. Je m'approche, tire la chaise et soulève le couvercle.