29- Trahison

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PDV de Rawen

Lorsque j'arrivai devant le manoir, tout était parti en fumée. Abattue, je me laissai tomber sur les genoux. J'étais arrivée trop tard. Par ma faute, ils avaient tous disparus. Au fond de moi, j'espérais qu'ils aient réussi à s'enfuir, mais je ne ressentais plus la présence d'Anna. C'était réellement comme si elle avait disparu, comme si elle n'était plus en ce monde. Je ne l'avais pas sentie s'emballer ou s'éteindre petit à petit. Non, elle avait simplement disparu. Et je ne savais pas si je devais m'en inquiéter ou non.

Les larmes dévalaient mes joues et je puisai dans mes dernières ressources pour essayer de me relever. Je me dirigeai vers le manoir, ou du moins ce qu'il en restait. Les dégâts du feu avaient pu être limités aux alentours car la forêt n'était pas assez proche du manoir. En revanche, ce que j'avais devant moi était dévasté, et il était impensable que seul le feu ait pu faire ça. Je savais déjà que l'incendie était criminel, mais je savais aussi désormais que les coupables étaient de vraies brutes. Les murs porteurs eux mêmes donnaient l'impression d'avoir été abattus au marteau, ce qui tenait de la psychose puisqu'au moment de détruire ces murs le manoir devait déjà être vide.

Alors que j'avançais lentement au milieu de ce champ de bataille, un craquement sonore me fit sursauter. Des souvenirs de mon premier séjour au manoir me revinrent en tête, lorsque Laughing Jack m'avait capturé. Mais cette fois, ça ne pouvait pas être un membre des creepypastas, ils n'étaient plus là...

« Bonsoir ma belle, susurra une voix doucereuse derrière moi. Tu ne trouves pas tes tendres et chers amis ? »

C'était impossible. Impossible que cette voix soit la sienne.

« Pourtant, moi je les ai vus. »

Ou alors, cette personnes allait m'aider. M'aider à tous les retrouver.

« Ils étaient terrorisés ! Surtout ta sœur... Et le petit blond, avec les oreilles si étranges. »

Pourquoi ses intentions avaient l'air si mauvaises ?

« Le cri que ta sœur a poussé lorsque je lui ai déchiré la peau était divin, j'ai rarement entendu un cri aussi... aussi... oh, je n'ai même pas les mots ! Elle m'avait particulièrement énervée quelques heures plus tôt, mais par la même occasion, elle m'a donné l'alibi parfait pour m'échapper de la maison en douce afin d'y mettre le feu ! »

Non, c'en était trop.

« Ferme ta grande gueule de traîtresse, Jane, lâchai-je en grinçant des dents, toujours dos à elle.

- Mais que de grossièreté ! Je ne pensais pas être si mal accueillie. Tu étais la plus susceptible des deux sœurs de ne pas te rallier à leur cause, et de rester dans le droit chemin en nous rejoignant, nous, les creepyhunters. Peut-être que tuer sauvagement ta sœur n'était pas la meilleure stratégie à adopter pour que tu te joignes à nous, mais c'était si tentant. Si c'était à refaire, je suivrais le même chemin, rien que pour voir à nouveau le regard qu'ils ont échangé, elle et Jeff, avant de mourir !

- Vous me dégoûtez, crachai-je à la brune en me retournant enfin.

- C'est assez ironique, venant d'une fille amoureuse d'un meurtrier. Ceci-dit, c'était réciproque. Si tu avais entendu les cris qu'il avait gémit, lorsque je l'ai torturé. C'était toi, qu'il appelait. Mais tu n'étais pas là. »

Les larmes qui ne s'étaient pas remanifestées depuis son arrivée choisirent ce moment précis pour faire leur apparition. J'aurais voulu avoir le cran de ma sœur pour égorger le monstre qui se tenait face à moi, mais je n'avais plus d'espoir en rien. Je souhaitais disparaître de ce monde. Je ne pourrai rien affronter sans ma sœur et sans Ben. Jamais je n'aurais pensé ressentir ça pour quelqu'un, ce sentiment naissant n'était pas encore très fort, mais nouveau. Il m'était inconnu et la vitesse à laquelle il s'était développé m'avait terrifiée. Je m'étais voilé la face et désormais je le regrettais. J'aurais tellement aimé pouvoir passer plus de temps à ses côtés et désormais... désormais...

« Je t'avais dit de ne pas la faire pleurer, intervint une voix masculine. Je ne supporte pas la voir dans cet état là.

- Tu exagères, c'est seulement quelques larmes de crocodile. Demain elle sera remise et tu pourras enfin l'avoir pour toi. C'est ce que tu souhaitais, entre autre, n'est-ce pas ?

- Oui. Elle n'aura pas le choix. Elle n'a plus personne. Même sa mère, qui avait déjà été affaiblie lors de la mort de leur père, n'a pas supporté le choc de la perte de ses deux filles. Je suis sa dernière bouée de secours.

- Plutôt mourir que de partir avec toi Samuel, murmurai-je entre deux sanglots.

- Ne t'inquiète pas, tu seras ma princesse et je te comblerai de bonheur.

- Ne m'appelle plus jamais comme ça !

- Plus jamais tu n'entendras parler de toutes ces histoires. On peut même modifier ta mémoire pour que tu oublies tout ça ! reprit Samuel.

- C'est de toi dont je ne veux plus entendre parler ! Mes souvenirs sont ce que j'ai de plus précieux et tu ne me les ôteras jamais ! hurlai-je.

- Ecoute Rawen, je sais que la période que tu vas traverser sera difficile, mais sur le long terme nous serons heureux ! Ne m'oblige pas à t'emmener de force.

- Alors tue-la.

- Pardon ?

- Tue-la. Je n'en suis pas capable, avouais-je en dirigeant mon regard vers Jane.

- Pourquoi faut-il qu'il y ait toujours autant d'effusion de sang ? soupira Samuel. »

Je détaillai Jane. Ses sourcils étaient froncés, et ses yeux entièrement noirs semblaient chercher un moyen d'échapper à la situation. Elle était intelligente et se doutait depuis le début que la situation finirait par tourner à son désavantage. On ne peut faire confiance à une personne qui un jour a trahi ses amis, et elle savait que Samuel ne la laisserait pas s'échapper indemne. Après tout, elle était une creepypasta avant d'être une alliée des creepyhunter, et ses crimes ne seraient pas pardonnés si facilement.

Samuel semblait mener ce débat dans sa tête. Si l'un de nous trois faisait le moindre geste, les répercussions seraient définitives. Mais Jane ne pris pas assez le temps d'évaluer la situation, et à peine elle esquissa un mouvement pour attraper le couteau attaché à sa jambière, que Samuel eu le temps de dégainer un pistolet pour tirer brutalement une balle entre ses deux yeux.

Mes jambes lâchèrent à nouveau, en même temps que le corps de Jane tombait à terre, inerte. Samuel s'agenouilla près de moi et me prit dans ses bras. Le sentir contre moi me donna d'abord la nausée, mais épuisée de tout je finis par me détendre.

Je levai mon regard vers lui, et le plongeai intensément dans le sien. Je n'y discernais que souffrance et pendant un instant, je ressentis de la pitié à son égard. Petit à petit, inévitablement, nos lèvres se rapprochèrent, pour finir par se rencontrer. D'abord timidement, puis plus passionnément. Ce baiser était doux. Ce baiser était salé, et triste. Ce baiser était un baiser d'adieu. Ses larmes se mélangèrent bientôt aux miennes, et il prit mon visage entre ses mains, pour me contempler en souriant. Ses lèvres commencèrent à trembler, et à tirer vers le violet. Il avait froid. Il avait froid car il se vidait de son sang.

Je retirai doucement le couteau que j'avais trouvé dans les décombres et que je venais de planter dans son ventre, tandis que sa tête tomba vers l'avant pour s'appuyer contre mon épaule. J'allongeai son corps bientôt sans vie, avant de lui fermer les yeux.

« Pardon Sam. J'espère que tu comprendras. Adieu. »

They are creepypastasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant