1- Rawen Turner

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Pdv de Rawen

« Raweeeen, quelle chambre tu veux ? m'interpella une voix féminine.

- La plus grande s'il-te-plaît Anna !

- Pas de problème, je te laisse la cage d'escalier alors ! »

Un véritable ange, ma sœur jumelle - notez l'ironie. Arrivées dans cette ville perdues des Etats-Unis, nous avions dû patienter une semaine dans un hôtel miteux pour la simple et (mauvaise) bonne raison que les déménageurs s'étaient trompés d'Etat. On comprenait mieux la raison pour laquelle ils étaient devenus déménageurs et pas ingénieurs. La meilleure dans tout ça ? Le plus beauf d'entre eux, un vieux barbu, n'avait cessé de me lancer des vannes de mauvais goût à propos de mes yeux violets. Je détestais mes yeux. Pourquoi, me demanderiez vous ? Ils étaient beau, n'est-ce pas ? Mais qu'elle soit magnifique ou hideuse, une différence reste une différence, et les enfants le savent bien. Pouvoir se sentir supérieur à quelqu'un, aussi idiotes les raisons soient-elles, leur faisait éprouver tellement de satisfaction. Aussi, se moquer d'une fille car ses yeux sont bizarres était tout à fait "normal". Je n'en avais jamais réellement souffert, car ce n'était que des yeux, et soit dit en passant, ils étaient indéniablement profonds et captivants. Je le savais, puisqu'Anna avait les mêmes.

Lorsque qu'Anna et moi étions arrivées dans notre nouvelle ville à l'est des États Unis, et par conséquent dans notre nouveau lycée, nous nous étions rapidement fait des amis. Sans perdre ma modestie légendaire, ce fut plutôt grâce à moi : je sympathisais extrêmement facilement, ce qui pouvait paraître terrifiant.

Il me semblait toutefois qu'elle s'ennuyait vraiment ici, et honnêtement, cela me perturbait. Depuis toutes petites, nous arrivions à nous comprendre, je ne saurais pas l'expliquer, comme par télépathie. Or elle se renfermait sur elle et je n'arrivais plus à la cerner, j'étais persuadée qu'elle me cachait quelque chose. Ou alors j'était parano, et franchement ça ne m'aurait pas aidé : déjà que je parlais toute seule...

Je rentrai dans notre nouvelle maison. Si je devais donner un avantage à habiter dans le - pardonnez mon vocabulaire - trou du cul du monde, c'était que le terme de maison désignait souvent ce que les citadins qualifiaient de château. La notre était simplement splendide. Le plafond était haut, avec un lustre étincelant de diamant (réels ? Il faudrait que je vérifie ça) avec de vrais bougies, ce qui donnait un style ancien et merveilleux. Ma chambre était bleue nuit, parsemée d'éclats dorés au plafond, comme des étoiles.

La chambre d'Anna était un peu plus grande, mais peu m'importait ; la mienne était parfaite !

Près de chez nous, il y avait une forêt, notre repère depuis la rentrée. Elle était sombre, et Anna disait que c'était idéal pour dessiner. Personnellement, j'étais plus souvent tentée à monter dans un arbre pour y écrire tout un tas de choses, ou faire la sieste. Cependant, comme toute forêt, elle avait une partie angoissante, à la fois attirante et repoussante. J'essayais régulièrement d'en parler à nos amis, mais ils me répétaient ne jamais y avoir mis les pieds. Je trouvais ça très étonnant, c'était rare d'avoir une forêt aussi splendide à deux pas de chez soi sans en profiter.

Je prévoyais d'aller dans cette partie un jour, seule de préférence. Je souhaitais lever le mystère qui planait sur cette forêt avant ma Anna chérie, histoire de ne plus passer pour la gamine maladroite et sensible de la famille (ce que j'assumais entièrement mais n'appréciais pas forcément).

En attendant, j'allais voir Roméo et Samuel, mes meilleurs amis depuis que nous habitions dans cette ville étrange. De nature, j'appréciais mieux les garçons et m'amusais plus facilement avec eux (je sens les blagues déplacées arriver), ils étaient moins compliqués et les histoires de filles n'avaient jamais été à mon goût. J'étais toujours celle qui devait tout arranger et sur qui tout retombait ! D'ailleurs, Anna et Lina s'étaient encore disputées...

Et il me semblais que Roméo appréciait beaucoup Lina... Si je fuyais les disputes, jouer aux Cupidons en revanche était ma spécialité.

They are creepypastasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant