31- Epilogue

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PDV de Rawen

Cela faisait quelques jours déjà que Ben avait réussi à reprogrammer le jeu afin que l'on puisse y rester indéfiniment sans être empêchés de sortir. Ma sœur vivait sa meilleure vie aux côtés de l'homme qu'elle aimait. Je m'étais excusée des reproches injustes que je lui avait fait le jour de l'attaque. Je supposais que la jalousie de la voir épanouie aux côtés d'un homme, bien que cet homme soit un dangereux psychopathe, avait réveillé en moi un besoin de la blesser. L'important était qu'elle m'ait pardonné mon comportement.

Je me baladais dans le monde assez vide que Ben avait créé. Nous étions sur une île plutôt grande, de telle sorte que les délimitations du périmètre se trouvent dans la mer. La sensation de se cogner à un mur invisible ne devait pas être vraiment agréable. Ben m'avait promis que je pourrais construire rivières et forêts pour rendre ce nouveau monde plus réaliste et accueillant.

J'avais appris le décès de maman à Anna le lendemain du jour où je l'ai apprise. Elle eu l'air profondément choquée, mais au fond, elle savait tout aussi bien que moi que nos vies n'auraient jamais pu être les mêmes qu'avant. Je ne réalisais pas encore tout à fait ce qu'il m'arrivait, mais ce que je savais, c'est que je n'avais plus aucun point d'attache dans le monde réel. L'option de vivre avec Ben et les autres creepypastas s'offrait à moi comme une évidence, pour le moment.

« Salut princesse, m'interpella une voix derrière moi. Je t'ai cherchée partout.

- Salut Ben. »

Il marcha jusqu'à moi et passa ses mains autour de ma taille.

« Tu vas rester avec nous, malgré tout ?

- Oui, je pense que c'est le mieux à faire. En revanche, je ne sais pas si j'ai vraiment ma place ici. Slendy m'a affirmé le contraire lorsque je lui ai fait part de mes intentions, mais je me pose encore des questions.

- Rawen, ce n'est pas parce que tu refuses de commettre de nouveaux crimes que tu n'as pas ta place ici. Ce "point commun" nous a tous liés, mais ce n'est pas ce qui fonde une famille. Tout le monde ici t'apprécie beaucoup, malgré le peu de temps que tu as passé à nos côtés. Et puis, tu affirmes ne pas vouloir tuer mais... ce que tu as commis suffit à faire de toi une creepypasta. Tu ne le sais probablement pas mais ce Samuel, dit Ben en mimant un air de dégoût, était le fils des anciens chefs des creepyhunters, assassinés par le Slenderman en personne.

- Je... je ne savais pas que Samuel avait une place si importante chez eux. Et... je suis désolée mais je ne préfère pas parler de tout ça pour l'instant. Cette menace est encore derrière nous, et nous sommes en sécurité ici. »

Un léger sourire se dessina sur mes lèvres, tandis que je regardais la mer, au loin. Je me notais intérieurement de rajouter une petite brise près des côtes, et des vagues. Si ma vie devait se dérouler ici pour les prochaines années de ma vie, je voulais m'y sentir comme dans le monde réel. Je savais qu'au fond, je ne prendrais jamais ce monde pour celui qu'il n'est pas, mais peut-être qu'à défaut d'y croire je m'y sentirais chez moi.

~¤~

« Non, il faut que la maison soit sur la falaise, râla Sally.

- Mais la forêt serait plus appropriée, on s'y sentirait plus chez nous, rétorqua Eyeless Jack.

- Mais moi je veux voir la mer depuis ma chambre ! Je veux une maison sur la falaise, reprit l'enfant de plus belle.

- S-sinon, on p-peut peut-être déplacer la f-fo-forêt de t-telle sorte que le manoir d-donne à la fois vue sur la m-mer et la f-forêt, proposa Ticci Toby, qui n'aimait guère la tournure que les choses prenaient. »

Ben avait eu la fabuleuse idée de demander à tout le monde leurs idées quant à l'allure que notre île devait avoir. Anna et Jeff ne s'en souciaient pas, et ils avaient aussitôt refusé, pour retourner dans leur chambre provisoire faire des choses que je n'avais pas tellement envie de savoir. Mais à part eux, tout le monde voulait ajouter son grain de sel, et ça en devenait ingérable.

« C'est une excellente idée, mon amour, répondit Clockwork à Ticci Toby. »

Ces deux là s'étaient remis ensemble après la longue discussion qu'ils avaient enfin pu mener. Clocky avait avoué à Ticci Toby qu'elle l'aimait encore malgré sa trahison, et celui-ci lui a alors dévoilé l'envers du décors. Les deux tourtereaux filaient le parfait amour, depuis.

Quant à Ben et moi, nous n'avions pas eu le temps de discuter de notre relation. Depuis notre dernier baiser, nous n'avions pas réitéré l'expérience. Il fallait dire qu'après l'attaque, j'avais passé quelques jours seule de mon côté, à ressasser les évènements de celle-ci. Ensuite, l'aménagement de l'île s'est révélé comme notre terrain d'entente pour nous rapprocher de nouveau. Ben pouvait parfois se montrer immature mais il n'était pas idiot, et il savait que ce que je ressentais pour Samuel était différent de l'amitié pure. Je n'étais pas amoureuse de lui, loin de là, mais planter... planter ce couteau... j'ai cru que ma vie allait s'arrêter. Et le temps qu'il me faudrait pour digérer toutes ces pertes et tout ces évènements, Ben me le donnerait.

PDV d'Anna

Jeff et moi étions allongés sur notre grand lit. Ben avait terminé toutes les mises à jour, réglages, programmations ou je ne sait quoi. L'île était magnifique, mais je n'en m'en souciais en réalité que très peu. Tout ce qui m'importait était d'être aux côtés de Jeff, ce fou psychopathe qui m'avait enlevé à ma famille et à mes amis. Dans l'obscurité où seul un rayon de lune nous permettait d'entrevoir les meubles de la chambre, je tentai de distinguer son visage tant bien que mal. Ses cheveux sombres lui tombaient sur les yeux, et sans sa cicatrice de part et d'autre de ses lèvres, on aurait pu le prendre pour un adolescent ordinaire et sain d'esprit. C'était dans ses pupilles que sa folie pouvait se discerner, et c'est cet éclat qui me fascinait tant chez lui.

Il tourna sa tête légèrement, et à un moment, je craignis de ne l'avoir perturbé dans son sommeil. Mais il dormait à poings fermés, ce qui n'était pas étonnant étant donné des journées agitées que nous avions. Notre amour était très... fusionnel. Tout le contraire de la relation de Ben et ma soeur. Ces deux là étaient très réservés dès qu'il s'agissait de sentiments réels. Cela m'étonnerait toujours venant de leur part, d'ordinaire si sociables, presque aguicheurs. Enfin, désormais, nous avions toute la vie devant nous. Désormais, nous étions en sécurité, dans un monde autre que celui d'où nous provenons, dans ce monde où nous étions entourées de tarés. Dans ce monde où je me plaisais tant. Dans ce monde de creepypastas.

They are creepypastasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant