En silence

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Depuis la mort de Julien une semaine auparavant, Maxime n'avait quasiment pas ouvert la bouche, mis à part pour donner quelques ordres ou quelques mots doux à ses proches. Il passait la majorité du temps seul en silence, adossé à la caravane de Jenny à lire et relire les dossiers de la division, sans vraiment s'attacher au sens des phrases, l'esprit vide, les yeux inexpressif.

Le premier jour, Jordan l'avait laissé tranquille, comprenant totalement sa profonde tristesse. Les quelques morts, d'un camp ou de l'autre, les avait tous affectés, de près ou de loin. Voir quelqu'un mourir devant ses yeux n'est jamais une partie de plaisir. Le deuxième jour, Jordan avait comprit qu'il faudrait surement un petit moment au chef pour se reprendre. Le troisième jour, Jordan et Valentin avait prit la tête des actions de repérage et d'approvisionnement, Maxime manquant toujours à l'appel. Le quatrième jour, enfin, il était revenu. Sans entrain. Jordan était certain que Valentin lui avait rendu visite. Mais depuis, rien de nouveau.

Et Jordan ne savait toujours pas comment lui annoncer que c'était lui qui avait tiré.

Allez, on va dire que je suis à l'heure, je vais pas vous faire perdre votre temps ici pasque je sais que vous MOUREZ d'envie de lire la suite (mes phrases de teasing c'est les meilleures)(et oui ça va les chevilles). Bref. Salut!

Ce coup de feu, pour sauver sa peau à lui, avait été brillamment esquivé par son rival. Mais le sort s'acharne, c'est bien connu. Quand il vit Julien tomber, par sa faute, il sut qu'il ne s'en remettrait jamais. Lui, l'homme le plus pacifiste qu'il existe dans ce monde de chaos, avait abattu de sang-froid un homme. Sans le vouloir, certes, mais il lui avait ôté la vie. De quel droit? Jordan en avait longtemps discuté avec sa copine, puis avec Valentin et Jenny, qui l'avait rassuré comme ils pouvaient, ne tenant pas le moins du monde compte de son action. Après tout, ça aurait pu être n'importe qui.

Jordan se revit s'avancer vers Maxime alors qu'il pointait, tour à tour, chaque membre de la bataille. Il se souvenait parfaitement s'être dit "Vas-y, si tu veux en descendre un, tue moi, c'est moi, ne prend pas la vie d'un innocent!" Mais tout ce qui était sortit, c'était un "MAX!" lâche et désinvolte.

"Hey, Jordan!! Oh! Jte parle là, tu me reçois?

- Ou...ouais désolé, j'étais perdu dans mes pensées...

- Alors amène-toi, les agents son revenus de l'approvisionnement avec une Switch! Et elle marche, gros! Max est entrain d'apprendre à jouer à sa fille, c'est trop cool! Jte promet que je l'ai vu sourire!"

Jordan surgit dans la caravane et vit, sous ses yeux ébahit, le jeune père, sa fille sur les genoux, pressant de toute ses forces les boutons de la console. Pour la première fois depuis une semaine, il s'adressa à Jordan joyeusement.

"C'est génial, approches! Viens voir! J'ai l'impression de retourner au Moyen-Age!

- Attends t'as prit Luigi là??

- Me dis pas que t'es team Mario ou jte défonces!

- Ok... jle dirais pas.

- Aah... attend! Quoi?"

A croire que Maxime avait finalement réussi à surpasser ses tourments. Ils proposèrent de fêter ça en arrosant la soirée. Plusieurs pacs de bière avait été trouvés, ils pouvaient donc se permettre de vider le stock du reste. Ils sortirent les bouteilles de whisky et de vodka et joyeusement enfilèrent quelques verres dans la tombée du jour. Relaxé, Jordan observa Maxime danser autour du feu, les joues rouges, en criant qu'il faisait la danse de la pluie. Il le vit ensuite se rapprocher.

"Ehhh... allez, là... lèves-toi euhh... mec...

- Demandé si poliment!"

La soirée s'éternisa, et peu à peu chacun des fêtards rentra chez lui, ou pour ceux qui vivaient trop loin campèrent sous le hangars à une centaine de mètres. Finalement, il ne resta plus que lui et son chef. Qu'il avait d'ailleurs perdu de vue. Ah si, juste là, avec un teint plus pâle.

"Toi t'as été vomir hein?

- Hey, jsuis désolé... Jsuis vraiment si peu responsable, c'est fou...

- Bop t'inquiètes, j'allais pas te laisser pourrir ici. Allez viens, on rentre, ça caille."

Jordan aida Maxime à grimper dans la caravane et il le laissa s'allonger sur le canapé, lui s'assit par terre. A une heure pareille, il était bien trop dangereux pour lui d'envisager de rentrer seul. Il dormirait donc ici. Il ne sut pas vraiment ce qui le poussa à reprendre la conversation. Si. Surement l'alcool.

"Max... faut que jte dises un truc. J'en sais rien de comment tu vas le prendre mais jpeux pas le garder pour moi encore.

- Mhh... Moi aussi faut que jte dises un truc...

- Commences alors.

- Jvoulais te dire que... c'est pas grave si c'est toi...

- Moi?

- Si c'est toi qui lui a tiré dessus... juste... ça aurait pu être moi... ou n'importe qui... et puis ça devait pas être intentionnel... et vous devez passer avant lui... jt'en voudrais pas...

- ... et ben..."

Jordan s'approcha. Encore une fois, il ignorait comment Max avait deviné. Jamais Valentin ou Jenny, et encore moins sa copine, aurait été balancer sans le lui dire. Ou peut-être que Maxime disait ça à tout le monde pour savoir qui était à l'origine de la mort de Julien. Mais tant pis.

"C'est moi."

Maxime tourna sa tête et regarda Jordan avec un léger sourire. Une larme coula sur sa joue.

"L'apocalypse c'est vraiment la merde... heureusement qu'on s'aime... sinon on perdrait espoir."

DivisionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant