Retournement de situation

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"Dépêches-toi de choisir... ou je les buttes tout les deux."

Maxime tentait de garder son sang froid. Il DEVAIT faire marcher sa tête, et pas son cœur, car il ne pouvait évidemment pas faire de choix. Qu'aurait fait Jordan à sa place, qu'aurait fait quelqu'un d'autre... qu'aurait fait Cyril. La solution était peut-être là. Il supportait difficilement de voir braquées sur leur têtes deux armes prêtes à tirer. Il sentait derrière-lui le regard paniqué des agents, la pression de Valentin. Il observa Jordan, comme si il allait trouver la clé dans ses yeux, mais l'autre ne le regardait pas. Ses yeux dirigés vers le sol semblaient vides, comme si il attendait simplement son sort. Mais Jordan avait sentit que Maxime l'observait, puisque sans même lever la tête, il chuchota à son attention:

"Tu sais ce que t'as à faire... c'est notre devoir. Sauves-le."

Maxime déglutit avec difficulté puis tourna la tête vers Lucas. Ses lèvres semblaient remuer légèrement, comme si il n'osait pas dire quelque chose.

"Jte laisses encore une ptite minute pour te décider ou ça ira?"

Maxime ne prêta pas attention à ce commentaire et prit la parole.

"Crache le morceau Lucas. Qu'est-ce que tu veux dire?"

L'intéressé sembla surpris.

"Je... rien... ils vont me tuer après.

- Si ça peut aider, vraiment il faut que tu parles. Vraiment."

Il sembla encore hésiter... mais cette fois il avait gagné l'attention de Cyril et des autres. Lucas n'était pas bête, et Maxime aurait parié qu'il l'avait fait exprès.

"Ils ont pas de locaux ici pour enfermer leurs prisonniers, pasque l'endroit est pas fait pour. Mais ils voulaient que je reste là... donc ils m'ont enfermer dans une grande pièce de stockage. Si j'ai bien compris, c'est là que toute nouvelle hyène vient déposer ses affaires de la vie d'avant. Comme pour effacer le passé en gros, ils se détachent de ce qu'ils avaient avant de se ''reconstruire'' en tant que hyène.

- On comptait brûler cet endroit, ça devenait beaucoup trop plein. Mais on a trouvé que ça pour te caser, tant pis on s'en occupera demain...

- Jsais pas combien de temps j'ai passé là-bas, en tout cas suffisamment pour dégoter tout un tas de trucs. Là plupart valait rien, genre un vieux briquet, un couteau suisse ou un téléphone cassé. Et jsuis tombé sur ça..."

Il sortit tranquillement de sa poche un petit appareil, semblable à un walkman. Sans gestes brusques, il le déposa au sol. Il regarda l'objet, puis Maxime, puis encore l'objet, et appuya sur une case grise qui s'enfonça. Une voix s'éleva alors de l'objet.

"Hmm... un deux, un deux... ok."

Maxime sentit quelqu'un se paralyser à sa droite, comme si un revenant venait d'apparaître devant lui. Lucas murmura:

"Jcrois que c'est Hctuan, Thomas si je me souviens bien de son nom. Et jpense qu'il est destiné à toi le message... Théo."

"Bon écoute-moi bien tête de nœud. J'espère que t'auras jamais à écouter ça, mais je dois le faire au cas où. Jvais sûrement y rester, ce putain de virus m'a bien eu, mais il t'auras pas toi. Peu importe, hein, t'arriveras à avancer sans moi, pasque t'es fort, et que je serais toujours derrière toi. Alors t'as pas le droit d'abandonner! Serre les dents, tu peux le faire, c'est pas ta faute, c'est pas ta faute, c'est pas ta faute ! Je t'aime mon rhey. Et steuplé, bats toi pour moi. Pour le fils que t'aurais pu avoir avec ta copine, pour l'honneur de ta mère, ça doit pas te détruire mais t'inspirer. Bats toi pour un monde meilleur, et nique moi cte pandémie."

Il y eu un cliquetis, un grésillement, puis le silence revint... presque. Un reniflement parvint aux oreilles de Maxime. Il se tourna vers sa droite: Théo avait fondu en larmes. La tête baissée pour pas qu'on le voit, les poings serrés comme pour se retenir de tout détruire. Il reprit son souffle et, toujours la tête penchée, s'approcha de Cyril. Il lui prit la première arme, puis la deuxième. Cyril n'osa pas lui refuser. Il les dirigea vers Jordan et Lucas, plaça son doigt sur la détente et tira... juste après avoir orienté les deux flingues vers le plafond. Il les jeta ensuite au sol, sans prêter attention au regard effaré de Cyril. Puis il se dirigea vers Jordan.

Il attrapa sa main pour le relever, et sans rien dire prit Jordan dans ses bras. Il lâcha difficilement un "merci". Non pas à l'attention de Jordan, mais bien à l'attention de Lucas. Plus personne ne savait comment réagir, tout le monde semblait en pause en train de les regarder. Puis Jordan, comme dans un élan de conscience, repoussa violemment Théo.

"Comment tu veux que je te crois maintenant !! Comment tu veux que je te rende ton espèce de câlin, hein?! T'as pas arrêté de nous faire du mal, de nous mentir, de nous trahir... Et tu reviens comme une fleur?! C'est ça ton plan?! Et on est censé te pardonner pasque ton meilleur pote de toujours, Thomas, il t'as fait un ptit message touchant avant de mourir?! Tu sais bien jouer sur les sentiments, bravo!!"

Théo tressaillit au nom de ''Thomas''. Il dirigea son poing tout droit dans la tête de Jordan, comme pour le faire taire. Puis, sans un mot, il sortit de sa poche un bout de papier froissé plié en quatre. Il le déplia rapidement.

"Aïe!! Putain mais t'es vraiment complètement mala..."

Jordan ne finit pas sa phrase. Il prit dans ses mains la photo que lui tendait Théo.

D'un côté de l'image, lui-même, une casquette à l'envers, un grand sourire aux lèvres, tendant sa main vers la gauche. Et dans sa main fièrement tendue, une autre main métisse. Et le sourire de Théo. Le sourire honnête qu'il lui rendait.

"Et... euh...  ils ont prit quoi d'autre encore?

- A part le dossier, rien qui est une véritable importance, ils ont apparemment pris une photo d'un des albums familiaux de Jordan pour une raison inconnue..."

Théo tourna les talons et disparut dans l'obscurité.

DivisionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant