Antidote

149 8 0
                                    

Plongé dans le noir, il entendit clairement le loquet de la porte s'ouvrir devant lui. Un filet de lumière traversa la pièce dans laquelle on l'avait enfermé une heure plus tôt. Une tête rousse fit un pas en avant, suivit d'un jeune homme métisse. A la vue de Cyril et Théo, il commença à se débattre, mais les mains accrochées dans le dos et les chevilles reliées aux pieds de la chaise, il ne put faire grand chose. Théo s'approcha de lui, le visage fermé, et retira d'un coup sec le scotch qui couvrait sa bouche, lui arrachant quelques poils au passage.

"Mais vous êtes devenu fous!

- Je te retourne le compliment!

- Détachez-moi, jvous ait rien demandé! Jsuis même pas de la division, lâchez-moi!

- Calme toi, on t'as encore rien fait... et je viens te proposer du travail... gratuitement bien sur.

- T'as perdu la tête mon pauvre.

- Mais t'as encore la tienne, Nozman, alors la ramène pas trop avant qu'elle saute."

Eh hop! Le retour des teasing! Vous vous y attendiez pas à celle là! Bon, voilà, j'ai rien de plus à dire hein, à part vous remercier de me lire. La suite?

Germain se tut un instant. Le chef des hyènes venait de l'appeler par son pseudo d'avant. Qu'avait-il en tête?

"On a des infos sur toi, mon coco, plus que tu penses. Ça fait un moment qu'on te suis de près. Tim, le mec qui t'as récemment proposé de bosser avec toi sur l'antidote face à la pandémie? Trop mignon comment t'as mordu à l'hameçon...

- Une hyène lui aussi? Non!

- On sais exactement où t'habites avec ta copine, et vu que je sais que ta vie t'importes peu, on va mettre la sienne eu jeu, ça te va?

- Salopard...

- Je te propose un deal: tu restes ici avec nous, on te trouvera un lit et un bureau, et tu nous fabriques ce qu'on veut avec ta petite tête. En échange, elle reste en vie... Marché conclu?

- Mais je la verrait même plus!

- On te relâche dès qu'on a ce qu'on veut, alors plus tu travailles vit plus tu la revoit vite.

- Et vous voulez quoi au juste?"

Cyril entendit son garde du corps l'appeler dehors, il passa donc la main à son bras droit, Théo.

"On veut que tu nous fabriques l'antidote.

- Vous voulez sauver le monde maintenant?

- Poses pas trop de question. Les agents vivent mieux que nous, mais on sais que ce putain de virus circule encore, surtout dans les endroits délabrés. Et les hyènes vivent dans des putains de bennes à ordures, ça grouille de morts là-bas. Une fois qu'on a l'antidote, on le file à tout le monde, on prend le dessus sur la division et on fait payer une fortune l'antidote aux neutres. Avec ça on reconstruit un monde à notre goût.

- Un monde kahotique où règne la loi du plus fort?

- Un monde avec NOS règles.

- C'est bien ça le problème.

- Alors? Ta réponse?"

Germain soupira. Évidemment qu'il devait accepter, il n'y avait aucune autre possibilité. Mais tant que sa copine était en sécurité, il n'avait pas besoin de la voir. Germain savait que Cyril ne ferait pas de mal à sa copine, car lui n'aurait pas de problème à mourir pour ne pas contribuer au plan des hyènes si il n'avait plus rien à quoi s'accrocher. Il savait aussi qu'il était le seul à presque connaître la recette de l'antidote, donc Cyril ne pouvait pas le perdre. Et là, échec et maths. En une fraction de seconde, il avait compris ce qu'il devait faire: accepter de ne jamais créer l'antidote, en attendant la victoire de la division, enfermé chez les hyènes. Il soupira encore.

"Qu'est-ce que tu fais là, Théo? C'est pas chez toi ici.

- Germain, ta réponse!

- T'es pas fait pour vivre ici, tu t'es trompé mec. Tu t'es trompé de camp.

- Ta gueule! Ta réponse!

- T'es même pas convainquant. Regardes-toi deux minutes. T'as pas la tête des autres. Réfléchis!

- TA PUTAIN DE REPONSE MAINTENANT!

- Tu la connais très bien, ma putain de réponse! Tout ton corps te le crie! Je vais te répondre oui, pour te faire plaisir, pasque j'ai pas d'autre choix! Mais tu verras jamais l'ombre d'un antidote! Tu le sais! Mais tu vas rien faire!!

- A OUAI?

- Vas-y! Vas-y Théo! Prouve moi le contraire! Allez!!"

Germain le vit serrer les poings à s'enfoncer les ongles dans la peau. Il mit un grand coup dans le mur, lui tourna le dos, sortit et claqua la porte derrière lui, le plongeant à nouveau dans le noir.

Habillement, lentement, le prisonnier défit un par un les nœuds qui reliaient ses deux mains, puis ses pieds. Il s'approcha à tâtons de l'endroit du mur où le bras droit de Cyril avait mit un coup de poing. Il passa sa main sur la pierre froide, habillement, lentement.

Une trace de sang lui resta sur les doigts.


DivisionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant