Je n'ai presque pas dormi de la nuit. Cette fois-ci je n'étais pas perdue dans des pensées sombres mais dans un débordement d'euphorie. Après toute cette souffrance, je réussie à avoir ce que je voulais. J'espère que je n'aurai pas d'autres mauvaises surprises.
- Seb, vous avez trouvé de la maladie ? demande Vaneck en entrant dans la cuisine du camp.
- Oui, sur les parcelles Japon et mamie Odette, répond ce dernier.
J'aime beaucoup les noms donnés aux parcelles par les Duroy. Rien n'est baptisé au hasard. Loïs m'en a fait visiter certaines qui portaient de drôles de noms. Je me souviens de « Igor » qui était une parcelle où le cheval de trait Igor passait entre les rangées pour retourner la terre, avant que les enjambeurs n'existent.
- J'ai tout de suite traiter et rompu la liaison entre les vignes malades et saines, ajoute Seb.
J'avale mon dernier bout de pain avant de débarrasser mes affaires. Loïs accompagne son père alors je me dépêche pour la rejoindre. Je ne tiens plus en place, elle m'a trop manqué cette nuit.
Les autres viennent à l'instant de partir. Vaneck est juste à côté de Loïs et moi.
- Bon alors les filles ? Vous travaillez où aujourd'hui ? demande t-il avec un grand sourire.
- Là où on a besoin de moi, je répond poliment.
- Exactement, bonne journée pa', fait Loïs en me poussant par les épaules pour nous éloigner de lui.
On va jusqu'au hangar, et on monte dans une voiture. Loïs démarre le moteur mais j'ai comme réflexe de poser ma main sur son bras.
- Attends, protesté-je.
- Quoi ?
Je m'approche d'elle et ma bouche vient naturellement se coller à la sienne. Mais elle se retire beaucoup trop vite puis démarre en furie. Elle conduit une dizaine de minutes avant de s'arrêter au bord d'un chemin de terre.
- Il reste une rangée ici, on nous l'a laissée exprès pour toi, lance Loïs en descendant de la voiture.
- Une rangée seulement ?
- Attends de voir la taille, s'exclame t-elle avec un sourire de défi.
Oula je crains le pire. En fait, pour faciliter les vendanges, les rangées sont coupées afin de laisser passer les camions. Quand les vendangeurs, appelés porteurs, ont leur hotte remplie de raisins, ils viennent la vider dans les camions qui sont garés dan les coupures. Étant donné que ça devient vite lourd, il y a parfois deux ou trois coupures dans une rangée. Les vignes peuvent faire 300 mètres comme 800 mètres. N'allez pas croire que j'ai été vendangeuse dans une vie antérieure, c'est Loïs qui m'a tout expliqué. Et je crois qu'aujourd'hui je vais me taper une rangée de800 mètres.
- Première épreuve, tu dois trouver quelle rangée c'est, fait Loïs en mettant un bras sur mes épaules.
- Euh d'accord...
Je suis littéralement entourée de centaines de vignes. Je ne vois que ça à perte de vue ! Mais c'est vrai qu'elles ne se ressemblent pas toutes. Certaines, qui sont moins traitées, sont plus touffues, d'autres appartenant à des maniaques sont presque trop taillées. De plus, certaines sont sévèrement mal entretenues ou maintenues par des câbles rouillés. Des branches de vignes dans plusieurs parcelles sont attachées aux fils de fer par des agrafes en métal, alors que d'autres sont en plastic. Les piquets sont aussi différents selon les propriétaires des parcelles. Je dois faire appel à ma mémoire pour me souvenir de l'allure des vignes des Duroy. Il me semble que les piquets des extrémités des rangées sont arrondis (contrairement à d'autres qui sont des rectangles allongés). Il me manque un détail pour savoir quelles sont leurs rangées. Loïs me regard amusée, mais je ne me laisse pas déstabiliser. La forme du nœud du fil de fer supérieur, qui maintient le haut des vignes, au niveau des piquets est aussi différente selon les propriétaires. Je crois le reconnaître alors je me place devant une rangée non effeuillée.
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Au domaine d'amour
RomanceJ'ai 17 ans et je m'apprête à effectuer mon job d'été dans un grand domaine viticole de Bourgogne. Il y a tout un tas de personnes très sympa qui m'accueillent chaleureusement : Vaneck le patron, Aymée une fille adorable, Diego et Tom ses potes, Ton...