Au domaine d'amour

la visite (6)

La lumière du jour force mes yeux à s'ouvrir. Qu'est ce que j'ai bien dormi cette nuit ! Je lève les bras en l'air et m'étire. Au moment de les reposer le long de mon corps je sens ma main effleurer une peau douce. Mon cœur fait un salto. Bordel, je viens de me souvenir d'hier soir. Bordel je dors en soutif dans le lit de la fille de mon patron. Bordel, quelle heure est-il ?

- Bordel ! m'écrie-je en fixant l'écran d'accueil de mon téléphone.

- Mon massage ne t'a pas détendu pour longtemps on dirait... fait une petit voix dans mon dos.

Je me retourne et découvre Loïs en t-shirt et culotte, assise sur son lit.

- Si, justement, c'était... divin.

Elle me sourit avec une étincelle dans les yeux. Je détourne le regard et saute hors du lit. Je m'habille tout en rassemblant mes affaires. Vu l'heure, j'ai ni le temps de prendre une douche, ni le temps de déjeuner. J'allais sortir de la chambre mais je me retourne vers sa propriétaire.

- Merci infiniment... et désolée de m'être endormie. dis-je, me sentant un peu coupable.

- T'inquiète, tant que ça t'a fait du bien. répond t-elle avec un petit clin d'œil.

Je lui souris avant de m'enfuir de la maison. Heureusement je ne croise personne dans la cour ; il ne manquerait plus que Vaneck m'aperçoit avec ma tête pas réveillée. En entrant dans le camp, je fais attention à ne pas qu'on me voit à travers les portes ouvertes du salon. Je fonce dans la chambre préparer mon sac pour la journée. Puis en redescendant j'attrape une viennoiserie et une banane que je mangerai dans le camion.

J'ai passé toute la journée avec les employés. Loïs ne m'a pas enlevé pour le petit jardin privé de la famille. J'en déduis qu'elle était partie vivre sa vie hors du domaine. La seule motivation que je gardais en tête afin de ne pas m'écrouler et de taper ma meilleure sieste sur la terre, c'était qu'Armel venait me chercher ce soir. Je suis actuellement dans sa voiture à lui raconter le début de ce job d'été qui ne s'annonce pas de tout repos. Ce soir on va se la jouer tranquille puisqu'on commande chinois et qu'on reste dans sa chambre. (Il habite encore chez ses parents). En arrivant chez lui, je salue sa mère et son père, que j'apprécie énormément – pour leur ouverture d'esprit mais aussi pour leurs petites attentions envers moi (je suis un peu comme la fille qu'ils n'ont jamais eu). Sa petite chambre située dans une comble aménagée est encore une chambre d'ado ; des posters de Robert Pattinson et de joueurs de NBA sont accrochés un peu partout sur les murs. Si j'avais fait comme lui, j'aurai accroché des images de Kristen Stewart et de joueuses de basket ! Petite anecdote marrante, j'ai découvert mon dévouement (parce qu'à ce niveau là c'est plus juste une attirance) envers les filles sur Bella dans Twilight et lui son obsession pour les gars avec Edward.

- Mec, Robert est juste niais, pourquoi t'as toujours pas enlever ces affiches ? pouffé-je en m'asseyant sur la chaise de son bureau.

- Dis pas de mal de lui ! J'ai tapé mes meilleurs rounds en l'imaginant me mordant le cou. C'est ta Bella qui est naze avec sa figure toute blanche. rétorque Armel, au bord du rire.

- Ouais mais des deux, c'est la seule à avoir un adorablement sexy penchant gay !

Puis la discussion a tourné vers sa vie romantique aussi vide que la mienne. Y'en a pas un pour rattraper l'autre ! On s'est dit que pour ne pas mourir seul, on se marierait à soixante ans si personne n'a réussi à décrocher notre cœur d'ici là. Autre petite anecdote. Je vous ai dit que j'avais les yeux marrons ? Bref, on a à 98% les mêmes yeux, si bien que durant notre scolarité on nous prenait toujours pour des frères et sœurs. Or habituellement, un gars et une fille qui ont un fort lien d'amitié l'un envers l'autre on dit toujours qu'ils vont finir amoureux. Mais peut-être que l'amitié fille garçon dépend de l'orientation sexuelle ?

Nous voilà bras dessus bras dessous, nous dirigeant tout près du centre de la ville qu'habite Armel. On se rend dans un coin où les petits immeubles sont la majorité des résidences du quartier. Celui qu'on va visiter fait partie des plus récents. On monte au premier étage. Sur le pallier, deux portes sont l'une en face de l'autre. Nous, on va visiter l'appartement de gauche. Armel toque et un gars nous ouvre. Juste à côté de lui j'en découvre un deuxième. Les deux ont l'air d'avoir la vingtaine ; l'un est blond, l'autre est brun à la peau noire.

- Bonjour ! Moi c'est Mika, et voici Maxime. nous présente le deuxième gars.

- Bonjour. Enchantés de vous rencontrer. on dit de concert.

Mika, le grand black, nous explique que les deux appartements du pallié sont en vente et que si on a d'autres amis qui peuvent être intéressés, ils nous feraient un prix. Sauf que la coloc on veut la faire à deux puisqu'on connaît personne d'autre qui va à la fac de droit, et qu'on est pas en couple... Depuis le début de la visite, Armel a un bras sur mes épaules. A chacun des regards de Mika, je vois qu'il se demande si on est ensemble. Et c'est ce qui nous fait marrer intérieurement. A l'inverse, on a totalement cramé que les deux gars sont en couple.

Mon bilan de fin de visite est le suivant. L'appartement est juste génial ! Seul point négatif : la salle de bain est assez petite alors qu'on sera deux à s'en servir.

- Le second appartement que vous vendez est le même que celui-ci. demandé-je.

- Oui à peu près. Sauf qu'il y a une chambre en plus ; donc la cuisine et la salle de bain sont plus grandes. répond Maxime.

On quitte les deux garçons en leur expliquant qu'on viendrait faire une contre visite plus tard, le temps de visiter d'autres appartements avant de se décider.