Au domaine d'amour

dernier soir (33)

23h07, jardin du domaine

Je rejoins les autres, quelques minutes après avoir repris mes esprits. Seb et Diego annoncent qu'ils ne vont pas tarder à rentrer. Je les prends chacun leur tour dans mes bras, leur promettant de nous revoir bien vote. Ils me souhaitent tous les deux une bonne rentrée et une réussite dans mes études. Pour ma part, j'espère qu'ils trouveront leur moitié dont ils ont tant besoin. Aymée se tourne vers moi, quand leur voiture est partie.

- On va ranger la chambre ? propose t-elle.

- Oui.

Aymée a déjà fait une partie de sa valise, il ne lui reste plus qu'à enlever ses draps et récupérer sa trousse de toilette. Quant à moi, je n'ai rien rangé, alors je me dépêche de mettre tout ce dont je n'aurai pas besoin demain matin dans mon sac de voyage.

- Tu ne défais pas ton lit ? demande Aymée.

- Non... je vais dormir ici cette nuit encore.

Il est hors de question que j'aille dormir dans la chambre de Loïs vu la façon dont elle m'a abandonnée.

- Tu ne restes pas avec Loïs ce soir ?

- Non, tu sais, faut brouiller les pistes, je réponds avec une voix brisée.

Aymée n'a pas l'air très convaincu de ma réponse, mais elle ne relève pas. Je l'accompagne dehors, jusqu'à sa voiture.

- Tu pars quand en Espagne ? l'interrogé-je d'une petite voix.

- Dans deux semaines, je dois y être avant la rentrée des étudiants pour être prête le jour J.

J'acquiesce puis me rapproche d'elle, une fois qu'elle a chargé ses affaires dans son coffre. Aymée me regarde avec des yeux tristes. Je déteste les adieux, un peu comme tout le monde sans doute. Elle finit par me tendre ses bras et je vais m'y blottir. On reste comme ça cinq bonnes minutes.

- Eh la miss, ça va aller, murmure t-elle. On fera des Skype tous les week-ends si y'a que ça.

- D'accord, et tu me racontes tout ce qu'il s'y passe, les belles espagnoles que tu rencontreras !

- Évidemment.

Elle me serre une dernière fois dans ses bras avant de monter dans sa voiture. Le portail du domaine est resté ouvert, alors Aymée ne met que quelques instants à partir au loin. Je soupire puis me retourne pour rentrer au camp, mais je vois Loïs devant l'entrée de sa maison, elle me regarde. Ses yeux étincelants n'expriment aucune émotion, elle se contente juste de me fixer, la mâchoire serrée. Ça me rappelle des moments passés... Je détourne le regard et sors mon téléphone de ma poche. J'appelle Armel, avec un peu de chance il peut venir me chercher ce soir. Il ne décroche pas, alors je le rappelle ; j'attends quelques instants puis sa voix apparaît enfin.

- Coucou ma belle, ça va ?

- Salut mon beau, je me demandais si tu pouvais pas...

Je sens mon bras être tiré en arrière et des mains agripper la taille. Loïs ne met que quelques secondes à déposer ses lèvres contre les miennes. Ses mains chaudes recouvrent mes joues froides. On entend en bruit de fond Armel qui m'appelle, puis il finit par raccrocher. Loïs introduit doucement sa langue douce dans ma bouche, alors je sens des frissons dans le bas de mon ventre. Après une dernière pression, elle s'écarte de moi, ses yeux se plantent automatiquement dans les miens.

- T'as raison, c'est juste impossible d'attendre un mois, dit-elle tout bas.

Je regarde autour de nous, on se trouve en plein milieu de la cour ; autant dire que si un membre de sa famille regarde par la fenêtre,on est cramées. On monte directement dans sa chambre. Loïs ferme la porte puis me regarde gravement.