Au domaine d'amour

ambiance (17)

L'ambiance est tendue aux quatre coins de la plage du lac... Par où commencer... Fanny, la copine de Aymée nous a rejoint en début de soirée. On était tous pressés de mettre un visage sur ce nom, mais un orage gronde autour des deux tourterelles. Ce qui fait que Fanny n'est pas très l'aise au milieu de nous quatre. Aymée me parle tout en me tartinant un sandwich tandis que Fanny nous regarde en coin en écoutant les malheurs amoureux de Diego et Tom. Quant à moi, mon attention est attirée par une toute autre personne... Loïs est à une cinquantaine de mètres de nous, avec ses amis. Je lui lance des regards de temps à autre, qu'elle ne retourne pas. Même avec cette distance qui nous sépare, je crois deviner qu'elle m'ignore.

- Ohé t'es avec moi ? souffle Aymée en agitant une main devant mes yeux.

- Non, toi t'es avec moi. Viens là deux minutes. intervient Fanny.

Aymée me lance un regard surpris avant de se lever pour rejoindre sa copine qui s'était éloignée. Elles se mettent à discuter à voix basse puis le ton monte.

- Qu'est ce qu'elles ont ? chuchote Diego.

- C'est tendu entre elles depuis quelques temps. je réponds.

Aymée revient seule auprès de nous. Je regarde aux alentours puis vois Fanny partir au loin.

- Elle s'en va ? demandé-je.

- En quelques sortes, elle va se calmer à la voiture. répond Aymée en croquant dans un bout de pain sans vraiment le déguster.

Mince... Ça m'embête pour elles. En plus, je suis sensée dormir à leur appart' ce soir.Bonjour l'ambiance que ça va être !

- Et tu fais rien pour la rattraper ? lancé-je d'un ton indigné.

- Non...

Je me lève et attrape le poignet de Aymée. Je l'emmène à l'écart de tout le monde, à droite des cabines pour se changer. Je la plaque doucement contre la paroi en bois.

- Tu vas bien m'écouter Aymée.

J'inspire puis la regarde droit dans les yeux.

- L'amour ça se trouve pas à tous les coins de rue. Quand tu tiens la personne qui fait vibrer ton cœur, reste avec elle maintenant plutôt que de rester avec son souvenir et tes regrets une fois que tout est fini. Elle t'aime ! Et si ce soir elle avait une humeur de merde c'est peut-être parce qu'elle était jalouse ! Ne joue pas avec elle, si c'est la bonne personne...

- J'en sais rien, me coupe Aymée.

- Quoi ?

Elle se rapproche dangereusement de mon visage puis ses lèvres finissent par se poser sur ma joue. (Je venais de tourner la tête pour esquiver son baiser).

- Ça ne peut pas être moi cette personne... soufflé-je. Je pense que tu devrais arranger votre soucis avant qu'il ne soit trop tard. Essaie de faire d'elle cette personne qui comble ton cœur. Peut-être que ce n'est pas la bonne, mais fais tout pour le savoir !

- Tu crois ?

- Oui. Va la retrouver ! Empêche la de rester seule !

Aymée me fixe un instant avant de déguerpir en courant. Je ne bouge pas, réalisant que je venais d'échapper au pire. Ou pas... Loïs et ses potes arrivent en face. Ils étaient assis tout près, je n'ai même pas remarqué. Quand elle passe à côté de moi, son regard n'exprime aucune émotion. Je crois que c'est pire que si elle m'avait ignorée ou fusillée du regard. Cela veut dire qu'elle a vu la scène et que ça ne lui a absolument rien fait. Traduction, elle ne ressent rien pour moi. Elle me regarde juste, comme si j'étais n'importe qui... N'importe laquelle de ses conquêtes... Ses yeux sont juste bleus, aucun éclat ne s'y cache pour mon plus grand désespoir. Je serre la mâchoire et me tourne vers la droite. Je les vois s'éloigner, sans un regard en arrière. La seule chose que je devine est leur regard d'empereur du haut de leur nuage doré, sur la foule de leurs conquêtes. Cette vision me dégoûte de Loïs. Elle ne vaut pas mieux qu'eux. Tout ce que j'ai vu dans ses yeux depuis deux semaines n'était que de la fumée. Et pourtant cette poussière de mensonge je la ressens dans le plus profond de mes entrailles tant je l'ai inspiré. Il faut que je me ressaisisse. Cela fait à peine deux semaines que je la connais et je me suis déjà imaginée des années avec elle. Je dois reprendre mes résolutions.