première journée (3)

493 36 5
                                    


J'arrête mon réveil qui sonne et me mets assise sur le lit. Oh gosh ! J'avais oublié où je me trouvais. Je me dépêche d'enfiler mon jean et sort de la chambre sans faire de bruit (Loïs dort paisiblement). Je trouve sans trop de difficulté la sortie de la maison puis cours jusqu'au camp.Je rentre dans ma chambre où je découvre Aymée en train de se changer.

- A peine arrivée que tu t'enfuis déjà la nuit ! pouffe t-elle.

- Ils n'avaient pas de draps à prêter alors j'ai dormi dans une chambre. je répond en sortant des affaires pour la journée.

Le matin il ne fait pas si chaud, donc j'enfile un vieux jogging et un t-shirt à manche courte avec un pull.

- J'y vais. Ferme bien derrière toi quand tu sors. me prévient Aymée.

J'allais passer à la salle de bain quand j'entends mon téléphone vibrer. Je réponds aux textos de ma mère et d'Armel. Mon ventre gronde et je me rends compte de l'heure : 7:35. Oups, impossible de commencer la journée sans quelque chose dans le ventre. J'attrape mon sac à dos dans lequel j'ai mis deux bouteilles d'eau, une barre de céréale et mes écouteurs ; puis fonce hors de ma chambre. Le gîte possède un étage avec cinq chambres (2 de six lits, 2 de 4 lits et une de deux lits). En bas se trouvent la cuisine et le salon. On est libre sur le fait de manger. Aymée m'a expliqué que si je veux me faire ma bouffe à moi toute seule je peux ; mais ils ont plutôt pour coutume de tout mettre en commun. A chaque repas on doit amener quelque chose qui se partage.

- Bonjour Maelle ! s'écrient en chœur les employés du domaine ainsi que le patron et sa femme.

Puis ils se mettent à faire un « ban bourguignon ». Ils chantent "lalalalalalère, lalala, lalala..." tout en faisant des marionnettes avec leurs mains puis en tapant dedans. Je ne connais pas cette chanson alors tout ce que je fais c'est rougir face à cet accueil chaleureux.

- Bonjour tout le monde. J'espère que vous m'apprendrez votre chant à l'occas' !

Après avoir dit ça,j'attrape un croissant et me fait du lait au chocolat. Tonton vient me taper la causette. Tonton c'est son surnom (mais j'ignore son vrai nom) ; il fait parti des employés viticoles qui travaillent toute l'année au domaine avec Seb, Papat' et Giliane.

On monte dans un camion qui peut contenir six personnes max. Je suis avec Aymée, Diego, Seb et Tonton. Ils disent qu'on commence par les grands crus. Le prix de ces bouteilles se compte en centaine d'euros. On commence fort, j'ai un peu la pression je dois dire ! Surtout que je ne sais pas du tout ce que je dois faire.

- Vous, vous êtes chargés d'effeuiller les vignes. C'est à dire que tu dois enlever quelques feuilles autour des grappes de raisin mais que d'un seul côté d'une rangée de vigne. Si tu fais trop, les raisins vont cramer à cause du soleil de l'aprèm', si tu fais pas assez, ils seront pas assez mur au moment des vendanges.

J'essaie d'intégrer les infos que m'énumère Antoine, le fils du boss. Il nous a rejoint en voiture de sport.

- Le soleil du matin c'est lui qu'on veut, donc tu dois effeuiller du côté où il se lève.

C'est noté ! Les vignes doivent mesurer un mètre à tout casser, ce qui veut dire qu'on va devoir se plier toute la journée... Les grands crus sont des vignes en haut des collines, donc les rangées sont en pente. Quelque chose me dit que ça ne va pas être de tout repos. Seb nous explique de nous placer chacun devant une rangée. J'allais commencer mais j'entends une voiture freiner dans mon dos. C'est Loïs qui vient d'arriver dans une voiture, toutefois plus modeste que son frère. On va toujours être surveillés de la sorte ou c'est juste parce qu'on est dans les grands crus ?

- Un conseil, échauffez vous, sinon vous allez plus sentir vos jolies p'tites cuisses ni votre dos à la fin de la journée. lance Loïs en s'approchant de nous.

Génial, ça annonce la couleur. Antoine donne le top départ. Grâce aux gants qu'on nous a distribué, je ne sens pas les pics des chardons et mauvaises herbes qu'on doit également enlever. J'effeuille de mes deux mains les vignes. Entre les branches, j'aperçois le dos d'Aymée.

- Ça va ma belle, tu t'en sors ? demande t-elle au bout d'un quart d'heure.

- Pour le moment...

- Courage, tu vas t'habituer.

- Si tu le dis.

Oups. En parlant je me suis déconcentrée et j'ai arraché une grappe de raison, encore verts.Je regarde autour de moi pour voir si quelqu'un m'aurait vu. Loïs et Antoine discutent près de sa voiture, les autres sont têtes baissées dans leurs feuilles. Ouf. J'arrive à la fin d'une rangée,à peu près en même temps que Aymée. On souffle. Celle-ci vient près de moi. Elle enlève son gant et approche sa main de ma joue. Une brindille était coincée dans mes cheveux, elle la retire puis me caresse la joue en souriant.

- Mange pas les feuilles, t'es pas une limace. rit-elle.

Je rougis à ce contact et détourne les yeux. Je vois que Loïs m'observe de loin, le regard sévère.

- C'est reparti ! annonce Seb.

Tout le monde se plie et se remet à la tâche. Certains parlent entre eux, alors je fais de même avec Aymée.

- C'est ton boulot ici ? demandé-je.

- Heureusement que non. Cette année j'ai enchaîné les petits tafs, à droite à gauche, car je veux aller faire mes études en Espagne.

- Trop bien !

Quand j'arrive au bout de ma deuxième rangée, je vois qu'Antoine passe dans mon rang pour me rejoindre. Ça sent le roussi ! Il lève les yeux vers moi.

- Je t'ai expliqué comment faire et je t'ai montré. Alors ce qui ne doit pas se produire c'est que je retrouve des grappes au sol. dit-il durement. Donc tu vas t'appliquer, car c'est intolérable !

Je baisse la tête et constate qu'il est arrivé à quelques endroits des accidents.

- Doucement mon frère ! Il faut le temps qu'elle se fasse au geste ! C'est pas grave Maelle. intervient Loïs.

La prononciation de mon nom sonne étrangement dans sa bouche. Son regard électrique me fait encore plus rougir que n'avait fait celui dur de son frère. Je la remercie mentalement de m'avoir défendue.

- En revanche tu vas te mettre tout au fond, car en bavardant on n'est jamais très efficace. ordonne t-elle froidement.

Un coup elle prend  ma défense, un coup elle m'humilie devant tout le monde ! Je pars d'un pas décidé à côté de Seb, qui est assez éloigné du reste du groupe.

La pause du midi arrive. Je suis morte ! J'ai tellement mal partout que je peux à peine marcher. Les deux enfants du patron sont partis peu de temps après mes savons. On a une heure pour manger, après on reprend direct pour finir à 17h. C'était tellement humiliant la façon dont tout le monde m'a regardé après l'intervention de Loïs. Si je la croise,je la fusille du regard. Fille de vigneron ou pas ! La plus gentille avec moi c'est Aymée, alors je m'installe à côté d'elle pour manger. Et finir notre discussion qui avait été interrompue par Loïs.

Au domaine d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant