Au domaine d'amour

la fac (10)

Hier soir Loïs m'a accompagnée jusqu'à ma chambre. Je me suis affalée sur mon lit dans un soupir. Puis j'ai fait mine de dormir. Elle m'a dit qu'elle souhaitait me laisser tranquille puisque j'étais fatiguée. Elle aurait voulu rester, je l'ai vu à son regard déçu. Mais je ne l'ai pas retint pour autant... Il faut savoir ce qu'on veut dans la vie, et faire des sacrifices.

Armel nous conduit aux fac de la ville. J'ai hâte de voir la tête qu'elles ont en vrai ! (je ne les avais matées que sur un site internet). Le programme de la journée est le suivant, on commence par visiter l'espace extérieur réservé aux fac, puis on mange vite fait à o'tacos, et enfin on visite un second appartement en début d'après-midi.

Armel se gare sur une place. Après qu'il ait payé, on s'avance sur le petit chemin qui mène aux bâtiments de la fac de droit. L'allée est en graviers rouges, entre des parcelles de gazon fleuri. Les murs sont en pierre sculptée comme au temps des grecs et romains. Quand on arrive devant l'entrée, on admire les deux piliers qui soutiennent le toit. La classe ! Des tables en pierre et de grands bancs sont disposés par-ci par-là sur la pelouse. On se retrouvera sûrement ici avec Armel pour manger le midi. Je m'y imagine déjà ! On continue d'avancer tout en observant ce qui nous entoure. Plus loin, quelques grands arbres sont regroupés pour créer un espace d'ombre, tout près d'une petite mare. C'est magnifique toute cette végétation en pleine ville ! Non loin de notre bâtiment de droit se trouvent celui de science po, de médecine et de littérature. Mais le nôtre est le plus chouette ! Il ressemble à un palais de justice au temps de la Rome antique.

- J'ai trop hâte ! s'exclame Armel en faisant un tour sur lui-même.

- Moi aussi !

La montre d'Armel sonne alors on se dirige à pied dans le centre ville. La visite est à14h, on a pas envie de la louper. Arrivés au restaurant, on s'assoit sur la terrasse afin d'attendre nos tacos.

- Alors ces deux jours... ? commence Armel.

- Il ne s'est rien passé de fou. On est allé au lac avec la tribu et on y a croisé Loïs qui a fait mine de ne pas nous connaître. raconté-je.

- Prête pas attention à ce genre de personne.

- A part ça, elle est plutôt sympa.

Armel me regarde avec un sourcil levé. Mercredi, je lui avais décrit en détail chaque personne du domaine, alors il se fait son propre petit jugement. Le serveur arrive avec nos plats.

- Ils devraient mettre des potatoes dans les tacos ! s'indigne Armel.

- Mouais, j'suis pas trop sûre du mélange.

Il a des idées farfelues des fois... mais c'est pour ça que je l'aime !

- Et ton gaydar il te dit quoi par rapport à cette Aymée ? demande t-il la bouche pleine.

- J'avais rien cramé jusqu'à ce qu'elle dise qu'elle sort avec une fille. Donc te fais pas d'idée mon vieux, il n'y aura rien !

Nouveau levé de sourcil de sa part.

- Arrête ça tout de suite ! J'attends la fac pour espérer trouver... quelqu'un.

- Mm. dit-il septique.

- No way ! Personne m'intéresse au domaine, et puis je suis là bas pour transpirer entre les vignes sous 35 degrés, pas pour transpirer sous une couette !

Il éclate de rire, ce qui lui vaut de s'étrangler.

- T'es en train de mourir ou je peux rester le cul sur cette chaise ?

Il tousse beaucoup mais finit par reprendre son souffle.

- A penser des bêtises, le karma t'a puni ! le taquiné-je.

- Chut !

Après quelques frites savourées et un silence, son célibat me revient en mémoire.

- Et toi alors ?

- Moi quoi ? demande t-il.

- Tu n'as pas croisé de beau client au macdo ?

- Non... C'est plus concluant les plans d'un soir !

- C'est surtout plus triste ! mexclamé-je.

- Dit celle qui veut seulement ''bosser'' à son domaine ! s'écrie t-il en mimant les guillemets.

Il m'épuise cet enfant !

Pleins comme des baleines, on se dirige à notre visite. On peut y aller à pied puisque c'est pas loin des facs. (un peu beaucoup fait exprès qu'on cherche un appart' à proximité !) Une dame d'une cinquantaine d'année nous accueille. Elle a la peau toute fripée et la voix plus grave que les méchants dans les films. Ça doit être une prof de la fac. L'appartement est légèrement plus grand que celui de mercredi, mais il me plaît moins. Ça fait très vieux. Même si on pourrait refaire la déco, il y a quelque chose qui me chiffonne. Armel est du même avis que moi, il préfère l'autre. De toute façon, on en a encore deux autres à visiter.

23h11, samedi

On est à une soirée organisée par l'un des voisins d'Armel. Ça tombe bien, la majeure partie des invités sont des étudiants de cette ville, de quoi se faire des amis avant même la rentrée. Armel me présente à son voisin, Clément, qui m'annonce à ses potes. Trois mecs. Je regarde au milieu de la pièce (on est dans un salon aménagé pour maximiser de l'espace), des gens s'ambiancent. La musique n'est pas en s'en rompre les tympans, donc c'est plutôt agréable. Une jolie blonde danse en face d'un gars. Ce gars je le reconnais au moment où il croise mon regard. C'est Pierre, mon ex du collège. Le premier et dernier gars avec qui je suis sortie ! Il s'avance vers moi tout sourire.

- T'es ravissante Maelle ! Comment ça va ? Tu veux aller boire un verre ? demande t-il en essayant de marcher droit.

- C'est gentil Pierre, mais j'avais plutôt envie de me faire ta sœur...

Je le contourne et m'approche de la jolie blonde. Il est pas méchant Pierre, je voulais juste un moyen qu'il me lâche en vitesse. Je me mets en face de sa sœur, Marie, et commence à danser. J'essaie de me rappeler des mouvements de Loïs. Comme je doute fort que ce soit potable, je finis par faire tout et n'importe quoi.

- Je peux t'offrir un verre ? propose t-elle gentiment.

- M'offrir un verre de cette maison ? demandé-je, ne sachant pas trop de quoi elle parle.

- Oui. Techniquement c'est moi qui ait ramené les boissons, donc j'imagine que d'un côté je t'en offre.

Je lâche un rire amusé puis la suis.

- Tu rentres à la fac ? m'interroge t-elle.

- Yep, de droit. Et toi tu y es déjà ?

- Je suis en littérature, depuis 2 ans.

Elle me sourit. Je vois à peine ses yeux marrons à cause du peu d'éclairage. Soudain je sens qu'on tire le bras. C'est Armel.

- Faut qu'on se casse ! Y'a un de mes exs que j'ai trompé qui me cherche pour me buter.

- Euh... bah c'est que... balbutié-je.

Armel est sur ses gardes, il regarde partout autour de lui.

- Je suis désolée, à une prochaine. dis-je à l'intention de Marie.

On s'enfuit de la maison pour rentrer chez ses parents. Dans sa chambre, je m'affale sur son lit.

- Mec tu fais trop chier ! Je parlais à Marie !

- La sœur de Pierre ?

- Oui !

Il pouffe de rire.

Elle est cheum ! s'écrie t-il.

- C'est toi qui es moche ouais ! Tu ferais pas un bon hétéro !

Je lui frappe le visage avec son oreiller, ce qui le fait rire. Il a aucun goût c'est pas possible !

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