Au domaine d'amour

méfiance (15)

Aujourd'hui c'est mercredi alors je suis en congé. Sauf qu'Armel travaille et je ne vais pas me taper quatre heures de route pour aller voir mes parents seulement une journée. Autrement dit, je dois rester au domaine. J'ai commencé la journée par un peu de renforcement musculaire. Vacance ne rime pas avec inactivité. Et puis Aymée m'a réveillée en se levant à 7h alors j'ai une grande journée devant moi. Le pire dans tout ça, c'est que je dois passer voir Loïs. Enfin, hier elle n'est pas revenue effeuiller avec moi – d'après sa mère, elle a une amie qui a eu un accident de scooter. Donc, elle a laissé son téléphone et son enceinte dehors puisqu'elle est partie sans réfléchir pour l'hôpital. Franchement, j'aurai pu ne pas les mettre à l'abri... Mais avec la rosée du matin et ma gentillesse qui me perdra, je les ai ramenés à ma chambre. Je les ai éteints, et mis dans un coin. Me voilà donc sortant de la douche, après une séance intense de sport. Je m'habille d'un simple short et d'un débardeur. Il est 9h, je serai donc seule à déjeuner dans le salon, tous les autres sont au travail.

Une fois mon petit ventre plein, je sors de la maison, les affaires de Loïs à la main. Je toque à la porte de la villa.

- Bonjour Maelle, vous êtes de congé et ne savez pas quoi faire ? m'accueille Vaneck avec un ton amusé.

- Oui c'est vrai, mais la raison de ma venue est pour rendre des affaires à Loïs. Elle les a oublié dehors, hier. je répond sur le même ton.

Le patron me fait entrer. Je monte les marches de marbre. J'espère que Loïs ne dort pas à cette heure là... Je toque à sa chambre.

- Entre, dit une petite voix derrière la porte.

Je l'ouvre doucement et découvre une Loïs dans son lit. Maintenant que j'y pense, j'aurais pu laisser son téléphone à Vaneck plutôt que de venir la déranger jusque là. Je rappelle que je dois garder une certaine méfiance et distance...

- Hier tu avais oublié ton téléphone dehors. expliqué-je brièvement.

- Ah oui, merci.

Loïs était à peine réveillée, et emmitouflée dans ses draps. Je pose le tout sur sa table de chevet puis m'apprête à sortir.

- C'est tout ? Tu repars comme ça...

Je me retourne et me penche vers elle. Je lui dépose un bisou sur la joue puis m'enfuie sans qu'elle ne puisse répliquer. En descendant les marches, je sens mon cœur battre très fort dans ma poitrine. Qu'est-ce que je viens de faire ? Entre filles, ce n'est pas dingue d'embrasser une autre fille sur la joue. Sauf si la relation est ambigüe... Qu'est-ce que je raconte ? Dans notre cas, l'ambiguïté n'est que dans un sens, elle, elle s'en fout de moi. Mais étant donné que l'espoir fait vivre, peut-être qu'elle se bougera les fesses comme dans les films d'amour pour faire avancer l'histoire. Pour ma part, j'ai déjà assez donné avec ce signe d'affection. D'ailleurs, en parlant de film d'amour. Comme j'ai du temps à perdre et une peine de cœur à cajoler, je vais aller regarder portrait de la jeune fille en feu sur mon ordi.

Toutes mes émotions sont à rude épreuve devant ce chef d'œuvre, et évidemment, un peu avant la fin, on vient me déranger en toquant à ma porte. Loïs entre avant que je n'ai pu lui en donner l'autorisation. (chose que je n'avais pas l'intention de faire).

- Viens dans ma chambre. dit-elle avec un sourire de défi.

- Euh non...

Elle lève les sourcils, très étonnée.

- Non, j'ai des choses importantes à faire là tout de suite. Je ne suis pas à ta disposition comme ça, quand tu veux.

Son regard trahie une déception, ou c'est mon cerveau qui l'interprète comme ça... Loïs s'avance vers moi et jette un coup d'œil à mon écran d'ordi.