maladie (13)

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A chaque fois, c'est Diego qui arrive en premier au bout d'une rangée. Il va même plus vite que les employés ! Enfin, celle qui est imbattable c'est Aymée, seulement, elle ne va pas au max de sa vitesse pour qu'on puisse discuter.

- Ça va en ce moment ? demandé-je. Je te trouve moins joyeuse qu'au début...

- Mais oui ça va très bien, qu'est-ce tu racontes ! répond elle avec un rire qui sonne faux.

Je m'arrête et lui lance un regard qui signifie ''me la fais pas''.

- Enfin... ça va plus trop avec ma copine. finit-elle par avouer.

- Ah, tu veux m'en parler ? proposé-je.

- Eh bien il n'y a pas grand chose à dire. C'est de ma faute, je me sens plus trop à l'aise avec elle.

Je n'ai pas les mots. De toute façon, peu importe ce que je dise, ça ne va rien arranger à son problème. Sonnerie ! Seb éteint son réveil et on remonte dans le camion. Ce matin il nous a emmené dans des vignes à une vingtaine de minutes du domaine, ça nous a perdu du temps sur le terrain, c'était une bonne nouvelle !


Je fais chauffer une grande casserole de pâtes pour tout le monde. Une fois que c'est cuit, je l'amène sur la table et m'assoie entre Papat' et Aymée. Juste avant que l'on reparte travailler, Carole et Vaneck débarquent dans la salle commune du gîte.

- Antoine a découvert ce matin qu'une maladie revenait dans certaines vignes de la région. Comme on essaie de traiter le moins possible, il est impératif que si vous en voyez, vous nous le rapportiez.

Tout le monde hoche la tête et reprend ce qu'il est en train de faire.

- Excusez moi, dis-je en m'approchant des patrons. A quoi ressemble la maladie ?

- Eh bien ça fait de petits fils blancs sur les feuilles. Mais si tu as un doute, tu demandes à quelqu'un. m'explique Vaneck.

On sort les uns après les autres du camp. Carole m'appelle, je me tourne donc vers elle.

- Loïs t'attend à la parcelle privée.

- D'accord.

Aymée est tout près du camion, elle me regarde. Quand elle a vu Carole me parler, elle atout de suite compris. D'où ses trait qui viennent de se crisper Je cours dans sa direction et l'attrape dans mes bras. Je lui dépose un bisou sur la joue.

- Arrête de faire la tête. Ça va s'arranger avec ta copine, et puis si c'est pas le cas, c'est parce que la femme de ta vie t'attend ailleurs.

Un petit sourire apparaît sur ses lèvres roses. Elle monte dans l'engin et moi je rebrousse chemin. Arrivé au petit muret qui entoure la parcelle privée, j'attends que Loïs vienne vers moi. Elle est au bord de la piscine avec ses amis. Comme elle n'a pas l'air de m'avoir vu, j'enclenche la poignée métallique du portail et pénètre dans le petit champ. Petit champ qui fait un hectare il me semble ! Je reprends au milieu de la parcelle, il ne m'en reste plus que l'autre moitié à effeuiller ! Au fur et à mesure que l'heure tourne, je regrette de ne pas avoir emmener d'écouteurs. C'est d'un ennui de travailler seule. Surtout que j'entends les éclats de rire et les éclaboussures de Loïs et ses amis dans la piscine. Cette dernière s'approche de moi, une bouteille à la main. Elle me la tend.

- C'est du vrai jus de fruit. Ça va te donner des forces !

Ses amis s'étaient arrêtés de chahuter et regardaient la scène. Du coup, je me suis dit qu'elle me fait sûrement une blague et qu'un autre ingrédient se trouve dans le mélange.

- Si y'a autre chose que des fruits frais...

- Je te jure que non. répond t-elle avec un regard intense.

Bon, je la crois... J'en bois une gorgée, puis deux. C'est des fruits frais qui ont été rendus en jus, c'est super bon ! Je m'essuie le bord des lèvres du pousse. Je n'avais pas quitté Loïs des yeux, guettant une potentielle réaction s'il s'agit d'un piège. Mais tout ce que je vois, c'est qu'elle se mord les lèvres quand je passe mon pousse sur les miennes.

- Bon, tu vas pas aussi lui cirer les chaussures, reviens ! s'écrie une fille au bord de la piscine.

Loïs me lance un sourire bienveillant avant de s'en aller. Visiblement je n'ai été victime d'aucun prank. Je me remets au boulot. Je crois que cette fille va bouleverser ma période de job d'été. Pourtant j'ai tout fait pour que ça ne soit pas le cas. Enfin, comme d'hab, je me fais des films avant qu'il ne se passe réellement quelque chose. Si l'on regarde les choses avec une dose de rationalisme, le bouleversement il se passe juste dans ma tête... Loïs couche avec des gars ! Et peut-être une fille, le matin où je suis allée lui rendre son pull. Patronne junior n'est pas mon genre de fille, je ne suis pas son type non plus. Par ailleurs, je rentre à la fac, elle, a déjà un avenir tout tracé et tout brillant. Conclusion, ça arrive de rencontrer des gens très sympa et qu'on adore vraiment beaucoup,tout comme ça arrive de croiser des connards. Le résultat est le même, ils marquent plus ou moins notre vie, mais au final, on passe notre chemin et puis c'est terminé ! Je ferai mieux de me concentrer sur Aymée qui souffre. C'est une gentille fille qui ne mérite pas d'être mal. Et puis il faut que je fasse attention à ne pas arracher de grappes, même si j'ai pris le coup de main, on n'est pas dans n'importe qu'elle parcelle ! Je me redresse et contemple la feuille que j'ai dans les mains. Oh !

-  Loïs, tu peux venir, s'il te plaît. m'écrie-je.

Je vois que certains de ses amis se lancent des regards. Loïs accourt vers moi.

- Qu'est ce qu'il se passe ? demande t-elle.

- Je crois qu'il y a de la maladie.

Elle vient à côté de moi dans le rang. Elle est en maillot de bain et pied nu. Aïe, les cailloux et la terre sèche ! Je lui montre l'endroit où j'ai trouvé la feuille avec des fils blancs. Trois de ses amis s'étaient ramenés.

- Maelle, c'est une toile d'araignée ça ! pouffe Loïs.

Les nouveaux spectateurs éclatent de rire. Leur rire est méchant, mais pas celui de Loïs. Patronne junior se tourne vers eux et leur lance un regard noir. Elle arrache des mains d'un gars son téléphone et pianote quelque chose dessus. Puis elle se rapproche un peu plus de moi.

- Regarde, ça ressemble à ça la maladie. explique t-elle en me montrant une photo à l'écran.

- Aaaah ! D'acc, merci.

Elle me fait un clin d'œil avant de repartir avec ses moutons. Je retiens deux choses.Déjà, la tronche de l'apparence de la maladie sur les feuilles. Mais aussi le fait que Loïs n'ait pas si honte que ça de ses employés devant ses amis. Tant mieux, par que c'était vraiment bas, la scène de la plage où elle avait fait mine de ne pas nous connaître.

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